G. PICARD-C. BOURGEOIS. -LE FANTJM DE POUILLE 143

Séance du 2 novembre.

MM. Gilbert Picard, m. r., et Claude Bourgeois, a. c. n., présentent une communication sur le fanum de Pouillé (Loir-et-Cher) et sa dédicace.

La commune de Thésée, dans le Loir-et-Cher, est depuis long¬ temps célèbre grâce au grand monument gallo-romain dénommé les Mazelles. Il a été, ces dernières années, fouillé — sans malheu¬ reusement que l'on puisse percer le mystère de son identification — et restauré, grâce à la générosité de M. Maurice Druon, qui l'avait acquis et qui l'a, après la fin des travaux, remis à la commune. Thésée est certainement le site de Tasciaca de la Table de Peu-tinger ; en face, sur la rive sud du fleuve, M. G. Gaume a découvert une autre agglomération antique, composée de plusieurs maisons rectangulaires avec caves sanctuaires, analogues à celles d'Alésia, et de nombreux fours de potiers ; ce village, désigné aujourd'hui du nom de Pouillé, possédait un petit sanctuaire, qui fut découvert par M. Gaume et qui est aujourd'hui fouillé par C. Bourgeois et une équipe de chercheurs et d'étudiants de l'Université Paris-Sorbonne (pl. YI, 1).

Ce sanctuaire, situé sur le côté est d'une voie de direction générale nord-sud, qui franchissait le Cher probablement par un gué, et qui préexistait à la construction du temple, comme l'ont montré les fouilles de 1977, se compose : d'une enceinte en forme de trapèze irrégulier ; d'une cella carrée ; à l'intérieur de celle-ci, et à un niveau inférieur, d'une cella plus petite, exactement con¬ centrique, construite en pierres sèches avec un poteau de bois à chaque angle ; sur le côté nord-est de la cella qui est orientée par ses angles, d'une base carrée de 2m10 de côté. Une seconde base se trouve au sud. Des dépôts votifs ont été retrouvés à divers niveaux ; ils se composent de cailloux bruts, de tessons de céra¬ mique, les uns informes les autres découpés en forme de disque, qui pourraient être des substituts de monnaies, de deux fibules et d'un bracelet de bronze, de monnaies (monnaie gauloise en argent, as de Nîmes coupé en deux, semis à l'autel de Lyon), de plaques de métal, l'une représentant des yeux, l'autre ayant la forme d'un poisson, d'un hameçon. Ces derniers ex-votos montrent que le sanctuaire était dédié à une divinité de l'eau ayant des pro¬ priétés guérisseuses, sans doute au dieu du Cher.

La chronologie est bien établie. La petite cella représente l'état