Bibliothèque de l'École des chartes, t. 155, 1997, p. 575-606.

TABLES ET « POINTES » DE LA CATHÉDRALE DE RODEZ

(XIVe-XVIe SIÈCLE)

par Matthieu DESACHY

La tâche essentielle d'un chanoine est le service de la prière publique, à tel point que Charles Dereine considérait qu'une histoire fidèle du monde canonial serait d'abord une histoire de la liturgie1. La règle de Chrodegang aussi bien que la règle d'Aix insistent déjà sur cette obligation communautaire. Il est cependant difficile d'apprécier la qualité du service liturgique dans les cathédrales. À en croire les ordonnances épiscopales ou les procès- verbaux des visites pastorales, les chanoines faisaient preuve d'une plus grande assiduité auprès de leur concubine que de leur bréviaire. Cependant, les expressions employées dans ces documents se retrouvent à l'identique au cours des siècles, jusqu'à devenir des stéréotypes. À l'inverse, les fondations pieuses dressent un tableau élogieux du service divin dans la cathédrale. Mais, là aussi, les termes, toujours semblables, sont directement remployés du formulaire notarial.

Le problème réside donc dans la pauvreté des sources objectives et directes, et non pas polémiques ou normatives, sur le fonctionnement du service liturgique dans le chœur de la cathédrale. En effet, les documents médiévaux d'organisation des offices, comme ceux du contrôle de la présence au chœur, sont aujourd'hui rares : exclus de tout système d'archivage dès le Moyen Age, ils ont rapidement disparu. Mal conservés, peu connus et par conséquent souvent confondus avec d'autres types de documents, ils restent peu étudiés, alors qu'ils constituent une source privilégiée pour toute étude de l'activité liturgique d'un chapitre.

La découverte récente, dans les reliures de registres notariaux du chapitre de Rodez, de quelques exemplaires de tables et de pointes médiévales

Matthieu Desachy, conservateur à la Bibliothèque universitaire de Paris XII- Val de Marne, 61 avenue du Général-de-Gaulle, F-94010 Créteil.