DE LA
SIGNIFICATION DU MOT « FORÊT »
A L'ÉPOQUE FRANQUE
EXAMEN CRITIQUE D'UNE THÉORIE ALLEMANDE
SUR LA
TRANSITION DE LA PROPRIÉTÉ COLLECTIVE A LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE.
I. La "Forêt" opposée à la "Marche". Critique générale de cette théorie
Forestis est un mot du bas-latin1, qui apparaît à l'époque mérovingienne, dans les chartes. Selon Du Gange et ses continuateurs, il signifie un saltus, une silva, un lieu où vivent les bêtes sauvages; plus spécialement une silva royale, où le roi seul a le droit de chasser et d'autoriser la chasse ; ou encore un vivier à poisson ; et le forestier est simplement un garde et doit s'identifier avec l'oificier appelé par Grégoire de Tours custos silvarum. Les érudits français de l'ancien régime et de notre temps, qui ont étudié la portée de ce terme, ont vu dans la « Forêt » de l'époque franque une réserve de chasse ou de pêche : tels du Tillet2, Pasquier3, Pastoret4, Maury5, Quicherat6,
1. Sur son étymologie, qui est douteuse, voir plus loin, p. 141.
2. Recueil des roys de France, éd. de 1580, p. 144.
3. Recherches de la France, l. II, ch. xiv, éd. de 1643, p. 119-120.
4. Préface au t. XVIII des Ordonnances des rois de France, 1828, p. xxiv, note d.
5. Les Forêts de la Gaule, 1867, p. 97-98.
6. Critique des deux plus anciennes chartes de Saint- Germain-des- Prés, dans Bibl. de l'École des chartes, 6° série, t. I, p. 527.
1915 7