EXPOSÉ
La relation texte-image Essai de grammaire générale1
par Jean-Marie Klinkenberg Membre de la Classe
0. Introduction
0.1. Un champ vierge
Que l'image et le texte entretiennent une relation privilégiée, c'est l'évidence même: titres de tableaux, bande dessinée, publicité, journaux, livres pour enfants, pièces de monnaie, monuments, recettes de cuisine, plans de montage, cartes de géographie, articles scientifiques, monuments aux morts, rébus, écrans de téléphone portable, pages Web, sont là pour le prouver. Depuis l'invention de l'écriture, il est rare que l'image aille sans le texte et, aujourd'hui, de plus en plus rare que le texte aille sans l'image. Sans compter que l'écriture -base du texte -provient elle-même historiquement de l'image, et que l'on voit de plus en plus souvent des «mots dans la peinture», selon l'expression de Michel Butor.
Pourtant, il est étonnant de constater que ce problème sémio-tique de la relation texte-image n'a jamais été pris à bras le corps. Du moins en tant que problème de portée générale.
Car bien sûr, les études de cas abondent. Il me semble avoir entendu, dans les congrès de sémiotique visuelle (et il doit en aller de même dans les colloques d'histoire de l'art...), des dizaines,
1 Le présent texte fait usage des rectifications de l'orthographe de 1990, proposées par tous les organismes francophones compétents, dont l'Académie française. Une version résumée de ce travail a fait l'objet d'une publication en langue slo¬ vaque (Klinkenberg 2008).
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