La montagne: milieux, aménagement, paysages
(MOUNTAIN: ENVIRONMENT, DEVELOPMENT, LANDSCAPES)
Henri ROUGIER*
En apparence isolées par rapport aux espaces qui les encadrent, souvent désertes en regard de leurs périphéries peuplées, les montagnes sont apparues très tôt comme des mondes à part. A tel point que les Grecs en ont fait le séjour des dieux au Mont Olympe et que les Alpes ont, des siècles durant, été assimilées à des «monts affreux». Ainsi la montagne a toujours inspiré autant la fascination que la crainte, et très certainement la crainte parce qu'elle fascinait, la fascination parce qu'on la craignait! L'image emblématique de la montagne est celle de reliefs vigoureux qui font aujourd'hui le bonheur des grimpeurs, la joie des contemplatifs et le gagne-pain des producteurs de cartes postales. La panoplie des sommets devenus des célébrités est énorme, du Fitz- Roy au Cervin en passant par le Kilimandjaro. Mais les grands sommets ne sont qu'une part minime par rapport aux volumes montagneux qu'ils couronnent. Ils ne doivent pas occulter les trois subdivisions classiques que les géographes opèrent à propos de l'étude des montagnes:
- les «basses montagnes» en dessous de 1000 mètres, parfois atteignant un peu plus, comme au Mont Snowdon au Pays de Galles où dès 600 mètres apparaissent autant de modelés glaciaires que de pâturages d'altitude. On a même dans cette catégorie le cas extrême des montagnes bretonnes, dont Pierre Flatrès a dit: «l'Arrée est la seule montagne atlantique française, montagne malgré les faibles altitudes et les dénivellations minimes, montagne de justesse peut-être, montagne tout de même au point de vue humain parce qu'elle s'élève au-dessus des cultures, au-dessus des habitats»;
- la montagne de moyenne altitude qui peut aussi bien constituer un massif en soi, comme le Harz ou les Appalaches, que le piédestal des hautes mon-
Professeur à l'Université Jean-Moulin, Lyon III, Vice-Président de l'AGF.
BAGF - GEOGRAPHIES - 2003-1
