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Communication écrite de M. R. Musset

Les Marais du Pays Nantais

M. J.-M. Bourdeau a proposé, dans sa communication faite au cours de la séance du 7 mai 1936, de remplacer l'appellation de Marais breton par celle de Marais vendéen, ou mieux de Marais nantais. Que ce Marais soit peu en Bretagne, beaucoup en Poitou, c'est incontestable ; qu'on l'appelle traditionnellement Marais breton, ce ne l'est pas moins. Y a-t-il avantage à renoncer au nom qui a droit de possession, sous prétexte qu'il est impropre ? Le principe pourrait mener loin. Faudra-t-il renoncer au nom de Cotentin, parce qu'on ne l'explique plus au seul pays de Coutances ?

En tous cas, aucun des noms proposés ne convient et moins que tout autre celui de Marais nantais. Et cela nous donnera l'occasion de dire quelques mots des Marais du Pays Nantais, ce qui a plus d'intérêt peut-être qu'une question de nomenclature. •

Le nom de Marais vendéen doit être écarté. La rivière de Vendée aboutit au Marais poitevin ; un des « bots » qui conduisent les eaux des Marais de Champagne au canal de Luçon s'appelle le bot de Vendée. Le nom de Vendée est aussi un nom de département (particulièrement mal choisi) : pourquoi l'appliquer au Marais breton, qui est en partie hors du département de la Vendée ? Le nom de Marais breton-vendéen, adopté par divers auteurs (1), outre qu'il n'est pas en usage dans le pays, est mal formé, unissant un nom de province et un nom de département.

Marais nantais est impropre. Le marais n'est pas proche de Nantes et est, en majeure partie, hors du Pays Nantais. Surtout, le nom prête à confusion avec d'autres marais, beaucoup plus •proches de Nantes et situés entièrement au Pays Nantais (l'un d'eux même est géré par une association qui a son siège à Nantes, le Syndicat du canal de Buzay).

Un des traits essentiels de la région nantaise est l'importance des marais : 31.500 ha. environ (non compris les 5.490 ha. de la partie du Marais breton comprise dans la Bretagne) : près de 5 % de la superficie du département de la Loire-Inférieure, plus de 6 % de celle du Pays Nantais (évaluée à quefque 500.000 ha.).

L'épisode ancien qui creusa la vallée principale, celle de la Loire, à une vingtaine de mètres, a laissé des traces : de nombreuses dépressions, depuis plus ou moins bien comblées, après un relèvement relatif du niveau marin, grâce à un apport énorme de matériaux. Ce sont les marais (en réalité, pour la plupart, des « marais desséchés »). L'homme a conquis ces parties perdues du domaine marin, y exploitant des marais salants ou des tourbières, y établissant des prairies, y élevant