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Sur l'origine du peuplement de Saint-Malo

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Sur l'Origine du peuplement de Saint-Malo par P. Morin

Chacun connaît le « Rocher de Saint-Malo ». On croit communément que toutes les maisons de la ville, du moins celles de la partie haute, sont bâties sur le roc. Erreur. La majeure partie a été établie sur une dune, dont le sable, il est vrai, recouvre un roc.

Depuis deux ans, j'ai vu rebâtir de fort vieilles maisons de Saint-Malo, quelques-unes sans caves, d'autres avec caves. Toutes étaient fondées dans le sable. On a fait des caves dans toutes les nouvelles, et j'ai pu sonder dans certaines de ces caves, d'ailleurs sans traverser la masse sableuse. L'épaisseur de celle- ci doit dépasser 4 m. en général.

Cela peut expliquer certains faits de géographie humaine.

Lors de la conquête de la Gaule et au moins jusqu'au ve siècle de notre ère, la presqu'île de St-Servan portait une ville relativement importante, Aleth, chef-lieu de la tribu gauloise des Curiosolites.

Or, vers 1150, l'Evêque d'Aleth transporta son siège episcopal sur le roc d'Aron, qu'il consacra à un Saint-Mac-Low (Saint- Malo), et fit bâtir autour d'une ville déjà populeuse une enceinte de murailles dont il reste encore d'importants tronçons. Le roc était alors relié à la terre ferme, au Nord-Est, par un sillon de dunes qui, comme tous ses congénères, a été depiis fortement rongé par la mer.

Pourquoi le nouveau groupe humain s'est-il constitué sur le roc d'Aron, relié à la terre ferme d'une façon aussi précaire ? On a dit que c'était par raison de sécurité, Aron étant plus facile à défendre que Aleth. Je crois que c'est la question de l'eau qui a été décisive.

La presqu'île d'Aleth n'est, et ne devait être alors recouverte que d'une mince couche de terre végétale. Les quelques puits qu'on y a creusés, dans le roc, sont mal alimentés et les moins élevés ne donnent que de l'eau saumâtre quand on leur demande un débit quelque peu important : ils communiquent avec la mer quand celle-ci est haute. Au contraire, les dunes du cordon littoral d'Aron reposant sur l'argile, et celles qui recouvrent le roc lui-même, formaient un réservoir d'eau abondant.

Par la suite, la population de Saint-Malo s'accroissant, jusqu'à compter aujourd'hui 700 habitants environ par hectare, les constructions réduisirent la surface d'infiltration, par suite l'alimentation de la nappe phréatique, alors que les besoins d'eau augmentaient. On construisit alors des citernes, insuffisantes ; puis on alla capter des sources dans les banlieues. Enfin, on créa des étangs spéciaux pour recueillir l'eau ruisselante d'hiver et de printemps.