Solidarité tribale et autogestion
Michel RAPTIS
Depuis un siècle déjà la pensée occidentale revient de temps à autre sur l’œuvre du dernier des grands Arabes, l'historien Ibn Khaldoun (Tunis, 1332 — Le Caire, 1406).
Cependant l’optique sous laquelle cette œuvre est vue n’est pas toujours la même.
Yves Lacoste, dans l’important ouvrage qu’il consacre au pen¬ seur Arabe, est surtout préoccupé par le problème actuel du sous-développement, «cette dramatique distorsion de notre temps ». Il considère, à notre avis à juste titre, que dans les Prolégomènes en particulier d’Ibn Khaldoun existe une riche matière éclairant «le passé du Tiers-Monde » et surtout la va¬ riante spécifique du «mode de production » qui caractérisait la dernière période du Moyen Age des pays du Maghreb et nombre d’autres pays de l’Afrique à la même époque.
A son tour, ce passé, aide à comprendre «l’état d’ankylose » spécifique à ces pays auquel est venu se greffer le colonialisme des puissances impérialistes européennes pour déterminer le phénomène contemporain du «sous-développement ».
(1) A propos du livre d’Yves Lacoste sur «Ibn Khaldoun ». Edi¬ tions Maspéro, 1966, Paris.