LE TANTRA DES VINGT-DEUX PERLES DE L'ESPRIT DE PARFAITE PURETÉ
Un exemple d'intertextualité entre les traditions Bon po et rNying ma pa
Jean-Luc ACHARD
Introduction
Le phénomène de l'intertextualité ou partage de textes communs entre les traditions Bon po et rNying ma pa n'est plus une hypothèse ni une nouveauté dans les études tibétologiques. Toutefois, même s'il est connu, relativement peu d'exemples en ont été donnés jusqu'à présent1. Dans L'Essence Perlée du Secret, j'ai montré plusieurs cas de « plagiats » (brkus bshus) qui peuvent être considérés comme des phénomènes d'intertextualité. Je pense que les exemples cités dans cet ouvrage sont effectivement des emprunts issus d'un plagiat, car il y a déguisement de l'emprunt et volonté de le cacher2.
Dans le contexte qui nous occupe - celui de l'histoire de la littérature rDzogs chen -, les perspectives intertextuelles prennent place au sein d'une même école et au travers d'emprunts ou d'adaptations directes d'une école à l'autre, en
1 Voir Blondeau 1971, passim ; Karmay 1988, p. 220-223.
2 Voir Achard 1999, p. 215-239.
Cahiers d'Extrême-Asie 15 (2005) : 59-106