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A propos des nouvelles temporalités urbaines

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Fait partie d'un numéro thématique : Emplois du temps
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A PROPOS DES NOUVELLES TEMPORALITÉS URBAINES

0 epuis le XIXe siècle et la mise en

place des systèmes de transports modernes tels que le che¬ min de fer, jusqu'à nos jours avec l'envoi de satellites dans l'espace, l'invention de nouveaux moyens de déplacement rapides a eu pour effet une régulation des temps locaux1. Ainsi le 11 mai 1911 la France adopte le méridien de Greenwich comme référence nationale unique. Le 1er mai 1882, la Belgique avait adopté une heure légale unique sur proposition du ministre des Chemins de Fer (Stengers, 1995). Actuellement, les débats très complexes qui au sein de l'Union Européenne portent sur la définition de régimes d'heures fixes (annulant les systèmes d'alternance de l'heure d'hiver et de l'heure d'été) compte tenu des contraintes des transporteurs et des travailleurs frontaliers2, montrent que le problème a changé d'échelle.

Cependant, bien au-delà des dimensions techniques de définition des horaires au niveau international et des demandes d'harmonisation des sociétés de transports, la question du temps a de fortes implications économiques, politiques et culturelles du fait des décrochages entre logiques temporelles et logiques territoriales.

Une séparation de plus en plus forte s'instaure entre, d'une part, le temps des flux financiers qui circulent en temps réel et qui nient l'espace et, d'autre part, l'organi¬ sation matérielle des firmes et des processus de produc¬ tion et de gestion. Certains annoncent la fin prochaine des États du fait de leur incapacité à contrôler la recette fiscale, conséquence des mouvements rapides de capi¬ taux. Des juges alertent l'opinion publique sur l'ineffi¬ cacité de l'appareil juridique trop lent dans ses réactions (car tributaire des relations diplomatiques entre États) face à la vitesse de réactions de la délinquance financière (Robert, 1996). D'autres auteurs (Badie, 1995) mettent en évidence la manière dont les territoires construits par le politique sont malmenés et dévalorisés dans leurs rôles traditionnels : «... circuits financiers, échanges commerciaux, diffusions d'ondes et d'images, migra¬ tions des personnes, solidarités religieuses, culturelles ou linguistiques, diasporas de toute nature l'emportent, en puissance et en efficacité, sur les pesanteurs territo¬ riales. ». D'autres encore mettent en évidence la perte de sens du progrès et du nationalisme comme les deux formes centrales de construction de l'espace et du temps et en tant que mythes fondateurs dans la constitution de notre modernité (Friedland et Boden, 1994).

Francis Godard

L'avènement d'un espace public mondial commun, vivant dans un temps unique, organisé suivant une logique de réseaux, et l'accélération des flux financiers, concomi¬ tant de l'affaiblissement des territoires, sont donc annon¬ cés. Des contre-tendances sont également à l'œuvre. On peut évoquer la résurgence de nombreux nationalismes et le renouveau de certaines formes de communautarismes ; on peut aussi mentionner l'inertie qu'opposent souvent les organisations territoriales à ces mouvements et le rôle irremplaçable de l'organisation territorialisée des firmes, ou encore le fait que les modes de réception des flux de communications rapides resteront toujours divers et locaux.

Le statut du présent varie selon la conjoncture historique

Au cours du XVIIIe siècle avec la philosophie des Lumières se transforme notre rapport au temps. Le pré¬ sent se trouve alors tiré vers l'avenir par les anticipations rationnelles. La prévision fondée sur la raison (on construit le futur) se développe en opposition à la pro¬ phétie qui était le mode dominant de rapport au futur jus¬ qu'à cette époque.

La fin des temps était la raison d'être de la prophétie au cœur de la notion religieuse du temps et les événements n'y étaient perçus que comme des signes d'un destin déjà tracé. Jusqu'alors, comme l'analyse R. Koselleck (1979-1990), l'Église exerçait son pouvoir sur le futur : «un des principes de souveraineté de l'Église romaine était de gar¬ der le contrôle sur tous les visionnaires ». La trame de l'histoire étant l'éternité, les individus étaient indifférents au temps. Au Moyen Age «une confusion temporelle

1 . Les horloges atomiques permettent l'adoption du temps atomique interna¬ tional depuis 1 9 55 du fait de la nécessité de synchronisation des systèmes de télécommunication et elles fournissent l'unité de temps de la physique locale.

2. Retour à un système d'heures fixes ne signifie pas retour à l'heure unique dans la mesure où l'Europe s'étend déjà sur trois fuseaux horaires. Le choix de la nouvelle heure est en France l'objet de nombreux débats où, tour à tour, le monde paysan proche des rythmes naturels, le monde des travailleurs postés, le monde financier (la Bourse de Paris ne peut se permettre d'ouvrir deux heures plus tard que celle de Londres), présentent leurs arguments en faveur de telle ou telle solution (Rapport Gonnot, 1 996).

Les Annales de La Recherche Urbaine n° 77, 0I80-930-XII-97/77/7/8 © MELT

EMPLOIS DU TEMPS 7

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