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La gloire des jardins : Du café "riche" au jardin de l'esplanade

[article]

Année 1992 57-58 pp. 165-173
Fait partie d'un numéro thématique : Espaces publics en villes
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La gloire des jardins

DU CAFÉ «RICHE» AU JARDIN DE L'ESPLANADE

Pierre Sansot

j

e voudrais évoquer l'existence d'un café de Montpellier (le Café «Riche»). Si je tente d'en décrire la singularité ce sera pour mieux appréhen¬ der ce qu'un jardin public peut ou non offrir. Il nous semble nécessaire de procéder parfois par de pareils détours.

Dans un café, les tables sont rapprochées les unes des autres. De là un bénéfice certain. Les consommateurs ont ainsi le sentiment de constituer un groupement distinct des autres mouvances de la ville. Ils sont en état d'entendre les conversations auxquelles, en principe, ils ne participent pas. S 'ils se veulent observateurs, ils jouis¬ sent d'un regard acéré à l'égard de leurs voisins. Les usagers d'un jardin éprouvent, eux aussi, la conscience de constituer un public rassemblé en un cer¬ tain lieu mais c'est sur un mode fugace. Leurs oreilles exercées captent les paroles de ceux qui occupent le même banc ou les chaises voisines mais cette prise de son demeure limitée. La diversité des jardins nous incite à nuancer cette remarque. Au Luxembourg, les usagers se tiennent les uns à côté des autres, chaise contre chaise, dans certains coins et, autour du Bassin, ils forment un véritable amphithéâtre.

Le café joue le rôle d'un port d'attache, du moins pour les habitués. Il est plus plaisant de s'y donner rendez-vous que dans un jardin. Davantage, le garçon vous fait signe parce qu'un ami, un parent vous appelle au télé¬ phone. On imagine un être qui nomadise dans la ville ou qui croit avoir à régler différentes affaires. Il demeure possible de le «toucher» par le biais du café. Cette possibilité n'est pas sans importance quand on prend en considération la mouvance de nos déplace¬ ments.

Les garçons vont et viennent. Dans leur mobilité agile, ils animent le lieu et en réaniment l'identité. Car ils savent vite reconnaître l'habitué : les jeunes filles font le premier pas vers lui. Nous voulons dire qu'elles lui sou¬ rient alors qu'il ne les a pas encore aperçues. Il vous montre une place libre et s'inscrit alors dans un proces¬ sus d'accueil. Il n'y a rien de tel dans le jardin public -sauf lorsqu'il existe un gardien familier ou un jardinier qui s'affaire dans son travail et qui incite à la contempla¬ tion des soins qu'il prodigue.

Peut-être devons-nous déléguer cet office aux enfants qui s'observent, se poursuivent, se chamaillent, commu¬

niquent leur ardeur au jardin et permettent aux éléments qui le composent de vivre véritablement ensemble. Aux beaux jours, le café se divise en un dedans et un dehors (par mauvais temps, il perd ce bénéfice). Le dedans est de plus en plus sombre avant de s'éclairer autour du bar. Le dehors se mêle de plus en plus aux tur-

bulences du dehors. De là une certaine liberté de choix : l'on peut refuser le dehors, tout en demeurant dans un espace public. Telle jeune fille s'isole dans un intérieur déserté pour lire, pour écrire ou pour rêver. Une pareille dualité est pressentie (le dedans à titre de fond que l'on peut parcourir pour se rendre aux toilettes), même lorsque le client demeure assis à sa place.

Le jardin connaît -sur un autre mode -une telle dualité ou pluralité. Essentiellement celle de l'ombre et de la lumière, de la fraîcheur et de la chaleur. L'usager jouit de plus de liberté car il peut déplacer sa chaise, choisir l'arbre avec lequel il se sent plus en complicité (s'il n'existe que des bancs, le jardin se rigidifie) et il arrive que nous repartions, soit qu'aucune place ne soit dispo¬ nible, soit qu'aucun banc, par suite du voisinage qu'il impliquera, ne nous convienne. Puisqu'il a été question

Les Annales de la Recherche Urbaine n°57-58, 0180-930-92-93/57-58/165/9 ©METT

ESPACES PUBLICS EN VILLES

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