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Le travail du contrôleur : Les activités langagières des agents

[article]

Année 1992 57-58 pp. 110-114
Fait partie d'un numéro thématique : Espaces publics en villes
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Le travail du contrôleur

LES ACTIVITÉS LANGAGIÈRES DES AGENTS

Michel Dartevelle

0 epuis une quinzaine d'années, les grands réseaux de transports urbains et les usages qu'en ont les citadins ont connu de profonds changements. A partir du début des années soixante-dix, les entreprises de transport public ont développé un système de produc¬ tion de service fondé sur quatre grands principes: la cen¬ tralisation, avec la gestion du trafic par un poste de com¬ mande centralisé et la suppression de toute responsabilité ferroviaire des agents de station; les automatisations (compostage, lecture magnétique, distributeur automa¬ tique de titres de transport); l'uniformité architecturale et sensible des espaces-transport; le retrait des agents des espaces de la station et leur affectation à des postes déli¬ mitant davantage des activités techniques et spécialisées («receveur», «contrôleur de ligne», «vérificateur», «contrôleur» des titres de transport, agent de mainte¬ nance...) que des activités commerciales ou orientées sur une présence dans les espaces de transport.

Au même moment, le trafic grossissait, les usages et les pratiques se différenciaient. En imposant au voyage d'autres scènes et d'autres expériences, trois phénomènes transformèrent peu à peu la culture du voyageur urbain :

-le passage d'une monofonctionalité à une polyfonctio-nalité: l'installation d'un commerce sauvage (ventes à la sauvette) et illicite (trafic de drogues) résultant du retrait des agents de station et de l'importance des flux d'ache¬ teurs potentiels, les politiques commerciales d'ouverture à la ville et d'offre de produits associés au déplacement (installation de commerces) transformèrent certains points des réseaux en lieux de vie et de rencontre.

-le passage d'un réseau de ville à un réseau d'agglomé¬ ration: en devenant pour les jeunes générations issues des banlieues populaires des vecteurs d'accessibilité aux centres-villes -et généralement les seuls -, les réseaux sont devenus le théâtre de pratiques d'affirmation de soi et d'ostentation. Pratiques dérivant d'autant plus facile¬ ment vers des pratiques violentes et des dégradations du matériel qu'elles sont parfois la réponse au «laissez aller» architectural et sensible des espaces-transport, au repli des agents sur les seules fonctions de vente, de contrôle ou de conduite (dans le cas des bus), la réponse à la médiocrité de l'offre de transport (notamment en matière de desserte des cités de banlieue) ou encore, dans le cas par exemple des tags, la réplique aux défis publici¬ taires lancés par les entreprises.

-l'extension à la quasi-totalité des voyageurs d'une cul¬ ture de la mobilité, engageant chacun à circuler à tout prix, à se dégager le plus vite possible d'un bouchon ou d'un ralentissement, quitte à «sauter» un tripode ou à reporter à une prochaine fois la validation du titre de transport. A ces phénomènes, liés pour partie à l'organi¬ sation de l'accès au réseau et de l'offre de «contractuali-sation» (degré d'adaptation des titres de transport à la diversité des types de déplacement), s'ajoutent des mécanismes d' auto-correction du prix d'un déplacement (frauder lorsqu'on fait trois stations mais payer pour un trajet plus long), de compensation (compenser les effets d'une grève ou la médiocrité de l'offre de transport par un non paiement) et de report (fraude des jeunes qui dis¬ paraît à l'âge adulte, fraude conjoncturelle liée au chô¬ mage ou à des situations précaires).

Conséquence de l'inadaptation du système de production de service face à l'ouverture à la ville, tous les réseaux ont connu, certes à des degrés divers, un développement important de la fraude, des infractions et des délits, ainsi que d'un sentiment d'insécurité diffus.

Pour y faire face, les entreprises, selon une logique cohé¬ rente avec les principes de déterritorialisation et de spé¬ cialisation, ont développé des équipes volantes de contrôle et de sécurité intervenant prioritairement sur les points noirs du réseau.

Une fonction solitaire

Du point de vue du métier de contrôleur, force est de constater qu'il a hérité du plus mauvais rôle dans la «scé¬ nographie» des transports urbains1. Seul à assurer une mission proactive («interpeller» l'usager) alors que tous les services, publics ou non, sont essentiellement de nature réactive, c'est-à-dire répondent à une demande de la part d'usagers, y compris les services de Sécurité Publique (police), le contrôleur est en outre la figure la plus exposée à toutes les expressions de mécontentement des voyageurs. Parce qu'il incarne une autorité d'autant

1 . Michel Darlevelle, Le travail du contrôleur, ARIESE-RATP 1 989 ; Mar-wan Abi-Samra et François Jérôme Finas, Aménagement et régulation de l'espace transport-Lyon, 1 989, ARIESE.

Les Annales de la Recherche Urbaine n°57-58, 0180-930-92-93/57-58/1 1015 ©METT

LES ANNALES DE LA RECHERCHE URBAINE N° 57-58

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