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Le port, un seuil pour l'imaginaire : La perception des espaces portuaires

[article]

Année 1992 55-56 pp. 183-198
Fait partie d'un numéro thématique : Grandes villes et ports de mer
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Le port, un seuil

POUR L'IMAGINAIRE

LA PERCEPTION DES ESPACES PORTUAIRES

�luoi de commun, entre la petite plate-forme façonnée dans la roche d'une crique, ayant pour tout aménagement une jetée de quelques mètres et un anneau scellé, et les surfaces bordées de quais à perte de vue, hérissées de grues et de portiques, où la présence d'un piéton semble incongrue ? Le nom de port.

Un front de mer et un plan d'eau ne font pas un port. L'identité du port et sa richesse spatiale proviennent moins de l'état passif des choses que de la rencontre de forces concurrentes. Une pièce de théâtre ne se réduit pas à son décor. Le port naît de confrontations de tous ordres, il est fait d'alternances, de jeux contradictoires, d'ambi¬ guïtés. Il est le lieu de l'entre-deux, il participe d'entités qui s'opposent, à commencer par l'élément le moins maîtrisé qui soit encore -quoi qu'on en dise -, la mer, et l'une des formes les plus abouties de la civilisation, la ville. Ces confrontations s'équilibrent et s'épanouissent dans des formes et des lignes, des rythmes, une dyna¬ mique, une vie, qui n'appartiennent qu'au port et lui don¬ nent son attrait spécifique.

Plutôt que des éléments isolés, ce sont donc des rapports, qu'entretiennent entre eux les hommes, les choses et l'espace, qui caractérisent l'identité du port, concrétisent la personnalité du lieu, font exister le paysage. Dès lors, les accessoires ponctuels, avec lesquels on cherche parfois à donner un air de maritimité à certains ports qui n'en sont pas, ou plus, sont des signaux bien dérisoires auxquels on a recours parce qu'il manque quelque chose de plus essen¬ tiel à l'identité du lieu. Les meilleurs décors n'ont d'intérêt que dans l'éphémère, et la légèreté de l'anecdote fait partie d'un charme ténu qui n'a pas la profondeur de la séduc¬ tion : Port-Grimaud ne sera jamais Venise.

Il n'est pas de chiffres ni de mesures pour exprimer la séduction d'un lieu. On parle de l'âme ou du génie d'un lieu : chacun y est sensible mais sans savoir précisément ce qui provoque l'émotion, qui est bien là, pourtant. Les ports font partie de ces lieux magnétiques qui attirent : ils parlent aux sens et à l'imagination, y font sonner mille échos, fascinent les regards et font vivre des mythes. C'est sur le mode du sensible qu'ils s'appréhendent le mieux. Rien d'étonnant, alors, à ce que l'imaginaire qui s'est développé autour du port ait trouvé un épanouisse¬ ment considérable dans les formes de son expression

Aude Mathé

artistique. Poèmes, romans, chansons, films, photogra¬ phies, peintures font parler, donnent à voir, et définissent un espace comme aucune considération objective ne sau¬ rait le faire. Par les correspondances qu'ils n'hésitent pas à établir entre l'espace vécu, l'espace organisé et l'espace rêvé, ces regards particuliers font apparaître de façon plus intense et plus explicite le jeu des confronta¬ tions inhérentes au port.

Il en est une qui retient l'attention, pour la force de son inscription et dans les lieux et dans les esprits, et parce que ses ramifications sont innombrables : dans le port se rassemblent tout à la fois l'idée de la clôture la plus étroite et celle de l'ouverture la plus vaste ; l'intimité de l'abri et l'infini de l'horizon, l'enfermement et la liberté, le lien et la rupture. Ce lieu puissamment métaphorique, qui conjugue, sur place, les données du dedans et du dehors est une porte étonnante entre la mer et la ville.

La porte, ouverte

Le seuil occupe, dans la réflexion sur l'espace architectu¬ ral, une place prépondérante. Compromis entre l'ouvert et le fermé, passage entre l'intérieur et l'extérieur, lieu qui rassemble les départs et les arrivées, point de jonction entre deux mondes, le port a tout lieu d'être pour sa ville un espace de référence en tant que porte. A tel point que la ville reprend pour elle-même cette image. Dans La forme d'une ville, Julien Gracq dit de Saint-Nazaire qu'elle est «porte océane». C'est une dénomination que se partagent d'autres villes littorales.

On retrouve dans la composition générale d'un port, dont la conception est plutôt une affaire d'ingénieurs, des pré¬ occupations qui répondent aux mêmes besoins fonda¬ mentaux auxquels les architectes s'efforcent de trouver des solutions : protection, orientation et repères, passage (Norberg-Schulz, Genius loci1). Il ne serait donc pas vain de parler d'architecture à propos des ports. Et si l'arrivée dans une ville par son port, depuis le large, peut souvent

1 . Christian Norberg-Schulz, Genius loci, Pierre Mardaga éd., 1 981 .

Les Annales de la Recherche Urbaine n°55-56, 0180-930-IX-92/56/182/17 ©MELAIT

GRANDES VILLES ET PORTS DE MER

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