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L'économie politique à la conquête d'une légitimité, 1896-1937

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Fait partie d'un numéro thématique : Éducation et philosophie
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LUCETTE LE VANLEMESLE

LECONOMIE POUTIQUE

façon discontinue de 1864 à 1877 (5). L'économie politique n'a véritablement été introduite dans toutes les facultés de droit françaises qu'après le décret du 26 mars 1 877. Elle est devenue alors matière d'examen obligatoire pour la deuxième année de la licence en droit.

A LA CONQUETE D'UNE LEGITIMITE 1896/1937

«Les facultés de droit ont procuré à l'économie politique l'audience d'un large public qu'elle n'eût pas trouvé ailleurs, public non seulement très important en quantité, mais d'une qualité intéressante puisque, de lui, sort une élite destinée à occuper les postes supérieurs dans les fonctions administratives et judiciaires». C'est ainsi qu'en 1937, les professeurs d'économie politique, représentés par Gaétan Pirou ( 1 )., commentent le bilan du «mariage» — c'est Pirou qui choisit cette image — de l'économie politique avec le droit. D'autres gains s'ajoutent à celui-là : la nécessité pour un économiste de connaître les cadres juridiques de la vie économique, un milieu «fort agréable que caractérise une haute tenue morale, une excellente éducation, une extrême courtoisie», la conquête à l'intérieur des facultés de droit à Paris d'une «certaine autonomie», et enfin une formation des enseignants convenable.

Pourtant, après cette enumeration bien hiérarchisée de gains appréciables, le bilan se poursuit par des griefs et s'achève en revendiquant la séparation des deux matières, la rupture du «mariage entre l'économie politique et les facultés de droit» (2). Pendant près de 50 ans, les enseignants d'économie politique s'étaient efforcés, avec des stratégies variées, de conquérir une légitimité scientifique pour leur discipline. L'ampleur des gains obtenus montre qu'ils n'ont pas échoué. La volonté de rupture montre qu'ils n'ont pas réussi. Ce sont ces stratégies que nous chercherons à décrire pour arriver à comprendre les aspects paradoxaux de la réussite. C'est cette lutte pour faire accepter l'importance de la nouvelle matière puis pour affirmer son droit à l'autonomie par rapport aux disciplines juridiques que nous voulons retracer.

Une discipline dominée

Les difficultés de l'introduction de l'économie politique dans les facultés de droit ont préoccupé les gouvernements libéraux (3) ou les ministres réformateurs comme Salvandy (4) ou Victor Duruy, depuis le début du 19e siècle. Le seul résultat a été la création en 1 864 d'une chaire-test à la Faculté de droit de Paris, chaire où l'économie politique a été enseignée de

Mais il n'existe aucune formation particulière pour enseigner la nouvelle matière. Tous les enseignants des facultés de droit sont recrutés par une seule agrégation. Tous subissent les mêmes épreuves de droit romain et de droit civil français. «Quels que soient nos goûts et nos aptitudes, nous avons dû, pour entrer dans les Facultés, passer par une seule et même porte, étroite et basse» nous dit le juriste Charles Turgeon (agrégation 1881) qui en a fait l'expérience lui-même (débutant à Rennes, il a dû enseigner l'histoire des doctrines économiques). De plus, l'attribution des cours et des chaires se fait au hasard des places libres : jusqu'à sa titularisation, plus ou moins tardive, un agrégé peut être appelé sans préparation à professer les cours les plus divers , «Celui qui refuserait, serait considéré comme manquant à l'un des devoirs essentiels que sa fonction lui impose» (6). «Ce régime s'applique à l'agrégé jusqu'au jour incertain où il est nommé à une chaire et ce jour dépend principalement du nombre des décès et des mises à la retraite. Dans certaines facultés, surtout à Paris, les agrégés les plus méritants même n'arrivent à une chaire qu'à 40 ans et plus, après un stage de 14 à 16 ans», confirme Charles Lyon-Caen , spécialiste de droit commercial comparé (7). Il va de soi que ce type de recrutement des enseignants ne peut que défavoriser la recherche, mais il nuit aussi à l'enseignement de base. Cette

1— G. Pirou, L'enseignement économique en France. Les facultés de droit, Revue d'économie politique, 1937, n. spécial.

2 -Ibid., p. 7.

3— L. Le Van-Lemesle, La promotion de l'économie politique en France jusqu'à son institutionnalisation dans les facultés 1815-1881, Revue d'histoire moderne et contemporaine, avril-juin 1980.

4— D. Damamme, L'histoire des sciences morales et politiques au 19e siècle, thèse d'état soutenue en 1982 sous la direction du professeur Duverger.

5— L. Le Van-Lemesle, La Faculté de droit de Paris et l'introduction de l'économie politique dans son enseignement, 1864-1878, Historical Reflections, t. 7, automne 1980.

6— C. Turgeon, L'enseignement des facultés de droit, 1879 à 1889, .Revue internationale de l'enseignement, 19, 1890.

7— C. Lyon-Caen, L'agrégation des facultés de droit, Revue internationale de l'enseignement, 14, 1887.

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