f rancois bonvin
l'école catholique
La question de la perte de la spécificité religieuse de l'école catholique fait l'objet de multiples débats fournissant des arguments tant dans le débat sur la nationalisation de l'école privée que dans les discussions internes à l'école catholique sur la conception et l'évaluation des tâches qu'elle se fixe. Tout un ensemble de constats, à l'intérieur et à l'extérieur de l'école catholique, s'accordent sur la baisse, voire la disparition de la religion dans les établissements privés. Des données chiffrées permettent de montrer que la part des familles qui, s'adressant à l'école catholique, recherchent d'abord l'éducation religieuse est minoritaire ; qu'une partie des écoles confessionnelles n'assure plus l'éducation religieuse de ses élèves. Les commentaires qui en sont faits contribuent à accentuer l'impression de disparition (1) ; les entretiens réalisés dans les écoles montrent que, même dans les établissements où il subsiste relativement beaucoup d'activités religieuses, l'expérience des chefs d'établissement, des enseignants et des parents est d'abord celle de la diminution. Les indices
1 -Ainsi selon un sondage IFOP - La Vie 1978, souvent cité, 21 % des personnes interrogées pensent que les parents qui choisissent l'enseignement privé recherchent d'abord l'éducation religieuse. Selon Robert Ballion, 38 % des établissements confessionnels parisiens n'assurent pas la formation religieuse de leurs élèves ; 14 % s'en remettent aux paroisses et 24 % estiment que le climat de l'école tient lieu de formation humaine (R. Ballion, L'enseignement privé, une école sur mesure ?, Revue française de sociologie, XXI, 1 980, pc 217). Parmi les innombrables études ou commentaires, on retiendra seulement deux exemples : «Comme le montre aussi l'enquête du Monde de l'éducation, la religion, si elle motive encore le choix de certaines familles, ne compte plus guère dans les établissements laïcisés dans leur personnel et dans leurs programmes (l'enseignement religieux est souvent abandonné à des institutions extérieures ou à des groupes bénévoles)» (G. Herzlich, Le monde de l'éducation, 70, mars 1981). «Aujourd'hui, plus que des références aux valeurs évangé- liques dont 80 % des parents et des maîtres se préoccupent peu, c'est un fonctionnement administratif autonome qui caractérise cette spécificité» (Eo Vandermeersch, Des contrats d'association à un contrat d'intégration, Cahiers d'actualité religieuse et sociale, 241-242 15 fév.-ler mars 1982, p. 185).
est-elle encore religieuse?
ne manquent pas pour montrer qu'il y a moins d'offices religieux que par le passé, que, n'étant plus obligatoires, ces offices sont moins fréquentés, que la majorité des élèves ne demande plus ni ne reçoit plus un enseignement structuré de la doctrine catholique, l'approfondissement religieux demeurant réservé de fait à une minorité.
Mais à ces constats, d'autres peuvent être opposés : la diminution des enseignements religieux n'est pas inéluctable, il se produit même peut-être une inversion de tendance. Mais surtout, et principalement dans le cadre du débat interne au monde catholique, c'est la question de la signification même des pratiques religieuses ou de l'enseignement religieux qui est posée : cherche-t-on à organiser des offices pour des gens qui y vont à contrecœur ? Va-t-on rendre obligatoire un enseignement religieux qui serait en contradiction avec la liberté qui caractérise l'adhésion de foi ? L'école doit-elle «annoncer l'Evangile» seulement par l'enseignement religieux et par les célébrations ou aussi par la qualité des relations interpersonnelles, des activités extra-scolaires, etc. qu'elle propose ? (2).
2 — Selon une enquête menée en 1981 par l'Institut supérieur de promotion de l'enseignement catholique (ISPEC) d'Angers auprès d'un «échantillon national représentatif d'établissements catholiques sous contrat» (et ayant obtenu 42 % de réponses des établissements du premier cycle et 48 % de ceux du second), 94 % des établissements du premier cycle et 87 % de ceux du second cycle organisent des activités de catéchèse dans leurs locaux ; la catéchèse est obligatoire dans 86 % des établissements pour les 6c-5e et. 72 % pour les 4e-3e ; dans les lycées elle est obligatoire dans 44 % des cas„ II existe une «équipe d'animation religieuse» dans 79 % des collèges et 83 % des lycées (Les jeunes et. la catéchèse, Enseignement catholique documents, 861 Juillet 1982). — -
