LA CERAMIQUE PEINTE DECOUVERTE A

DU MOYEN AGE BEAUVAIS

Propositions de chronologie et de répartition

Depuis 1966, quatre campagnes de fouilles ont permis une exploration systé¬ matique du sous-sol du quartier médiéval situé au chevet de la cathédrale Saint-Pierre de Reauvais. Cet ensemble de maisons a été construit dans l'angle nord-est de la muraille d'enceinte romaine du Ras-Empire (1) (Fig. 1 et pl. I, 1). Dans ce secteur, la muraille d'enceinte est relativement bien conservée et a échappé à la destruction complète — ce qui n'a pas été le cas pour les maisons du quartier médiéval, construites contre ce rempart, intra muros. Après plusieurs incendies au moyen âge, le quartier a été complètement détruit au cours des bombardements de l'été 1940 qui ravagèrent Reauvais. Seuls subsistent quelques pans de murs de la maison dite de la «Relie Image ». A part quelques construc¬ tions provisoires, le terrain ne fut pas reconstruit après la guerre. Mais une idée restait chère aux habitants de Reauvais : celle de revoir la Manufacture de la Tapisserie. Depuis 1955, plusieurs projets ont été soumis aux commissions compétentes et, après plusieurs avatars, le projet se précisait en 1966. M. le professeur Ernest Will, directeur de la Circonscription des Antiquités Nord-Picardie, demandait une prospection systématique de tout le sol avant la mise en chantier d'une Galerie Nationale de la Tapisserie. La modification projetée en 1968 entraînait l'ouverture de nouveaux secteurs de fouilles, d'autant plus que les promoteurs du nouveau projet souhaitaient vivement voir conserver les vestiges mis au jour dans le sous-sol du nouveau bâtiment. Il est inutile d'insister sur l'importance du coût financier d'une telle opération où le terrassement a consisté pour une large part à ouvrir le sol à travers des vestiges modernes : caves cimentées, fosses septiques, conduites de gaz et d'électricité.

Il nous plaît ici de noter l'aide bienveillante de la Mairie de Reauvais, du Conseil général et de l'Oise-Tourisme.

Les résultats des campagnes successives n'ont pas encore été publiés. Des repérages de dépotoirs ont lieu en ce moment même (21). Plusieurs découvertes mériteraient à elles seules une étude détaillée : le rempart dont la technique de construction est fort lisible, l'urbanisme romain, le plan d'un bâtiment semi-circulaire, au demeurant encore énigmatique, le matériel lapidaire, monétaire, céramologique. Diverses raisons ont prévalu en faveur d'une publication prio¬ ritaire de la céramique du haut moyen âge : en premier lieu, le développement récent des études consacrées à la céramique médiévale ; en second lieu, l'abou¬ tissement d'une étroite collaboration avec l'équipe chargée des fouilles de la Rasse-Œuvre, dirigée par M. Chami et ses collaborateurs, MM. Lemaire, Cartier et Morisson. Leur sens rigoureux de la fouille a permis de relever une série de coupes stratigraphiques, capitales pour notre chronologie. En effet, depuis 1965, le chantier de la Rasse-CEuvre a été le siège d'une série de sondages tant à l'intérieur de l'église que devant la façade (2). A chaque fois, fut recueilli un