PIERRE LABROUSSE
Brau de Saint-Pol Lias à Sumatra (1876-1881). Utopies coloniales et figures de l’explorateur
L’attention portée par la France à l’Insulinde en matière de publications, a été à son apogée dans les années 1882-1886 1. Cet intérêt s’explique par une convergence de facteurs. Le premier étant l’ouverture du canal de Suez (1869) et ses corollaires : dans l’enthousiasme de la réalisation technique et politique de Ferdinand de Lesseps, qui fut prestigieuse, les spéculations se reportèrent sur le projet de Panama et celui de l’isthme de Kra. Attirés par le développement de la Cochinchine, les capitaux français furent sollicités à partir de Singapour par des projets coloniaux, vers l’Oostkust de Sumatra pour l’ouverture de plantations dont le centre était le sultanat de Deli, et au nord, vers la Malaisie, pour l’exploitation de l’étain. Les Français nouvellement installés en Indochine eurent recours à l’expérience hollandaise aux Indes, ce qui eut pour effet de multiplier les missions officielles entre les deux puissances coloniales. Le mouvement fut amplifié par l’apparition d’une nouvelle catégorie de voyageurs fortunés et qui entendaient le faire savoir. Périples en Extrême-Orient, croisières autour du monde, explorations sur tous les continents alimentèrent une presse nouvelle qui allait de
L’Illustration au Tour du monde, en passant par le Journal des Voyages, les
Annales de l’Extrême-Orient et les organes de toutes les sociétés de géographie provinciales. Ajoutons le développement de la photographie qui
Archipel 77, Paris, 2009, pp. 83-116
1. Ces cinq années représentent 571 références bibliographiques, soit le cinquième de celles de tout le XIXe siècle.