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Arts Asiatiques Tome 73 – 2018 125 Corée

Dans le domaine des arts coréens,

l’année 2017 fut marquée par le don d’un exceptionnel ensemble de plaques

épitaphes de la période du Chosǒn (1392-

1910) (fig. 18). Celle-ci est caractérisée par l’essor concomitant d’une aristocratie lettrée, les yangban (兩 班 , 양반), et du néoconfucianisme,

qui justifie le pouvoir de

cette dernière et structure l’ensemble de la société coréenne. Les épitaphes écrites sur des plaques de porcelaine qui apparaissent dans les tombes des hauts dignitaires du royaume témoignent de ce double mouvement qui façonne en profondeur la culture matérielle de l’élite à partir du xve siècle.

D’une part, le modèle chinois d’une société

dominée par des administrateurs recrutés sur concours entre en tension avec l’importance accordée à la généalogie, l’accessibilité aux plus hauts postes étant conditionnée à l’appartenance à une certaine classe sociale, dotée d’un capital économique autant que culturel et mobilisée dans des luttes de faction. En découlent l’importance du lignage et d’ancêtres prestigieux ainsi que l’habitude de remanier ou de mettre en scène ces généalogies, par exemple par l’octroi ou la privation posthume de titres.

Dans ce cadre, les épitaphes sur porcelaine

remplissent à la fois une fonction de formalisation de cet héritage et de formulation d’une biographie idéalisée d’un défunt, que son décès intègre parmi les ancêtres

prestigieux du clan. D’autre part, ces

plaques de porcelaine sont considérées comme un exemple du goût des yangban

pour un art austère, imprégné de la retenue valorisée par le néo-confucianisme. Elles sont souvent mises en parallèle avec les autres productions céramiques du

Chosǒn marquées par une raréfaction des

couleurs et par le refus d’une perfection technique qui stériliserait la beauté de ces pièces en masquant leurs irrégularités. Ce goût pour l’épure est ici particulièrement prononcé car, comme dans de nombreuses céramiques réalisées après les invasions mandchoues de 1627 et de 1636, le brun de fer est employé en lieu et place du bleu une progression dans la découverte et la lecture de l’oeuvre semblable à celle qui rythme une partie de go.

Enfin, un paysage signé Zhou Gang

(周 剛 , né en 1958) et donné par Madame

Michèle Ledevin, fidèle de la Société des

amis du musée Cernuschi, vient rejoindre les trois oeuvres de l’artiste déjà conservées au musée et datées respectivement de 1981, 1992 et 2012 (fig. 17). Initié dès son plus jeune âge au maniement du

pinceau, Zhou Gang bénéficie en 1978

de l’ouverture au sein de l’École normale supérieure de Shanghai d’une section beaux-arts qui propose une spécialisation dans le domaine de la peinture à l’encre. Entre 1987 et 1989, Zhou Gang approfondit

ses études à Tōkyō, puis à Paris

où sa production change radicalement. Il évacue les personnages de ses peintures et cherche à élaborer, avec ses outils traditionnels, un style qui renouvelle la peinture à l’encre. Il établit ainsi une synthèse, qu’il approfondit toujours aujourd’hui, entre l’adoption de normes artistiques modernes et de principes théoriques issus

des plus anciennes réflexions chinoises

sur les enjeux de la peinture. Cette petite oeuvre permet au musée de présenter un jalon supplémentaire dans l’évolution de cet artiste. L’opacité des encrages et le peu de place laissée à l’expression des nuances des lavis, sont en effet caractéristiques des peintures réalisées par Zhou Gang dans la première moitié des années 2000. Mael Bellec, Hélène Chollet & Éric Lefebvre

Figure 18. — Vingt-et-une plaques épitaphes de Yi Kyǒngjik (1577-1640), 1640. M. C. 2017-35, porcelaine et brun de fer sous couverte, H. 25 cm ; l. 20,5 cm (la plaque). Don Carroll avec le concours de la French American

Cultural Exchange Foundation. © Stéphane Piera/ Musée Cernuschi/ Roger-Viollet.

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