Plan

Chargement...

Figures

Chargement...
Couverture fascicule

Clivage régional et métissage culturel : à propos d'une tombe des Qi septentrionaux

[article]

Année 2006 61 pp. 98-111
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 98

DANIELLE ELISSEEFF

«Les processus d'évolution endogène impliquent des contacts, aucune civilisation ne se développant en vase clos. L'histoire politique, mais aussi culturelle de la Chine est étroitement liée à celle des empires nomades qui se sont déployés sur sa périphérie nord et ouest1 ...»

La découverte de belles tombes peintes, issues de lieux parfois fort éloignés les uns des autres, enrichit lentement mais sûrement, depuis une vingtaine d'années, un fascinant corpus d'images. Celles-ci donnent à voir, serait-ce avec de grandes zones d'ombre, comment, entre Han et Tang et du nord au sud-est de la grande Plaine, des groupes ethniques et sociaux divers entrent en contact, s'entre-pénètrent puis se transforment2. Et pour énigmatiques qu'elles paraissent, ces représentations rebelles à toute interprétation incontestée confirment, au moins sur le plan du style, combien les artistes des générations suivantes empruntent aux petits États établis durant le vie siècle entre le Shaanxi et le Hebei.

Un phénomène comparable se produira beaucoup plus tard, dans les zones où cohabiteront Chinois et Qidan, sous les Song du Nord et les Liao (960-1127). L'intérêt que, depuis quelques années, les historiens portent aux régions septentrionales de l'Empire, met bien en lumière comment, aux environs de l'an Mil, le Nord ceinture le Centre sur les plans stratégique, politique, culturel, la zone d'échange se situant dans les provinces du Shanxi et du Hebei (sud du Hebei)3.

Or les peintures funéraires évoquées plus haut, dont l'authenticité et la chronologie se fondent sur des critères sûrs parce qu'archéologiques, laissent à penser que cette analyse vaut aussi pour d'autres temps, bien antérieurs aux Song et aux Liao: un demi-millénaire plus tôt. Il se pourrait bien, en effet, que des changements irréversibles et importants se produisent alors, non pas au fil d'une longue évolution, mais en un laps de temps très court, durant la brève dynastie des Qi septentrionaux. La durée (550-577) de cette dernière n'excède pas une génération humaine, mais c'est sous son règne, crucial de ce point de vue, qu'évolue le choix comme le traitement de certains thèmes iconographiques.

Les tombes abritant les élites des Qi septentrionaux offrent en effet, sur leurs murs couverts d'images, une forme de création qui semble se fixer à ce moment; elle emprunte aux lettrés chinois leur style, leur inimitable trait de pinceau, tout en proposant une vision spécifique de l'après-vie ou des cérémonies qui y conduisent le défunt. L'ensemble renvoie aux oubliettes la vision traditionnelle selon laquelle les artistes des Tang inventent un type de peinture que reprendront ou pérenniseront, après eux, les «barbares» Liao. Chaque découverte tend au contraire à suggérer l'inverse : les peintres à la mode sous les Tang - dont nul ne conteste la créativité - se sont d'abord faits, en la matière comme sur tant d'autres plans, les élèves inspirés des dynasties du Nord, à forte connotation «étrangère»4. Quelques éléments nouveaux éclairent aujourd'hui, d'une manière un peu plus précise d'année en année, la réalité d'une mutation. Celle-ci tient peut-être en partie à l'habileté des peintres, mais surtout elle rend compte du fait que, du sud au nord de la grande Plaine, les commanditaires ne demandent pas la même chose.

Depuis plus de cent ans, les artistes du Sud, entre fleuve Jaune et Yangzi, reçoivent commande de narrations illustrant des thèmes littéraires. Ils les placent donc dans un contexte, en travaillant avec soin l'arrière-plan; ils finissent par développer ainsi de fort beaux paysages dont les significations complexes, nourries d'allusions philosophiques, contribuent à enrichir le message global exprimé dans la tombe. Au Nord à l'inverse, les créatures animées, animaux réels ou fabuleux, mais surtout les hommes, grandissent jusqu'à emplir tout le support, ne laissant plus d'espace, sinon en des points très précis, à l'arrière-plan, quand le besoin d'une «explication» en images se fait véritablement sentir. Il en naît un monde où l'homme tend à affirmer, comme sous les Han, sa présence

98

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw