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Virûpâksa, le gardien au regard torve

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Année 1984 39 pp. 78-86
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Gilles Béguin et France Drilhon

Virûpâksa, le gardien au regard torve

Le fonds d'art chinois du musée Guimet, malgré sa richesse, présente encore des lacunes. Ainsi la série de bronzes bouddhiques, en partie due à la générosité d'Oswald Sirèn en 1927, offre un panorama très complet des iconographies et des styles aux époques anciennes. Elle s'achevait par un célèbre stûpa en argent repoussé daté 9861. Aucune pièce majeure n'illustrait les nouveaux courants du Bouddhisme aux époques Yuan (1279-1368) et Ming (1368-1644). La cour impériale favorise alors le Bouddhisme tibétain, forme particulière du Bouddhisme tantrique, promu au rang de religion officielle. En particulier, deux empereurs Ming, Yongle (1403-1424) et Xuande (1426-1435) commanditèrent l'exécution, dans les fabriques impériales, de statuettes illustrant les aspects variés et complexes de l'iconographie tibétaine. Seules jusqu'à présent deux figurines, hélas dépourvues de marque de règne, l'arhat Bhadra2 (fig. 1) et un génie musi-

Fig. 1. L'arhat Bhadra. Bronze doré, Chine, fin XIVe siècle, musée Guimet, Paris (cliché R.M.N.).

cien (kinnara)3 (fig. 2), évoquaient bien modestement au musée Guimet cet aspect somptueux de l'art bouddhique chinois. Malgré le grand soin apporté à leur exécution, elles ne peuvent donner une juste idée de l'aspect monumental de cette production. Il n'en est pas de même dans les grands musées étrangers. Il suffit à ce propos de citer le riche ensemble du British Muséum dont deux pièces ont été présentées à Paris en 19774.

L'achat sur le marché parisien d'une imposante statue de cuivre doré représentant le roi-gardien Virûpâksa3 (fig. 3,4 et 8 à 12) permet, sur ce point, de rattraper le retard des collections nationales. Avant d'examiner plus en détail cette œuvre, il convient de donner quelques renseignements succincts concernant Virûpâksa.

« Virûpâksa » est un terme sanskrit qui contient l'adjectif virûpâ, « déformé, laid, monstrueux, contre nature »6 et aksa, « œil ». Ces deux composantes :

Fig. 2. Kinnara. Laiton doré, Chine, XV siècle, musée Guimet, Paris (cliché Frandne Tissot - musée Guimet).

malformation et regard, amenèrent Marie-Thérèse de Mallmann à émettre l'hypothèse que notre personnage posséderait des yeux vairons. Il appartient à un groupe bien connu de quatre rois, « gardiens des portions de l'univers », les lokapâlà7, dénommés parfois « les quatre grands rois » catur maharaja8. Dans cette troupe, Virûpâksa est chargé de la protection de la direction ouest. Vaiçravawa, le gardien du nord, en assure le commandement. Des représentations de ces personnages apparaîtraient en Inde dès le IIe siècle avant J.-C.9.

Le culte des lokapâlà semble lié à celui de leur chef. Dans des textes bouddhiques tels le Kriyâsamgraha, Vaiçravana est une épithète qui désigne le dieu des richesses, Kubera. Cette divinité indienne va, en Asie centrale, se confondre avec un dieu armé, lié aux légendes de fondation de la ville de Khotan, au sud du bassin du Tarim, et protecteur de leurs souverains. L'iconographie de Vaiçravana prend définitivement forme en Asie centrale jusqu'à occulter le vieux fonds indien.

Kubera apparaît dans une autre liste de dieux gardiens propre au Brahmanisme aussi bien bouddhique qu'hindou. Il fait en effet partie du groupe des dikpâla, « protecteur des directions célestes », aussi bien cardinales que collatérales. Parmi ces huit ou dix divinités, il règne sur le nord. Cette assimilation entre le Kubera indien et le Vaiçravawa centra- siatique explique pourquoi Kubera-Vai- çravawa sera présent dans ces deux groupes de divinités protectrices : dikpâla et lokapâlà. Ces personnages ne peuvent cependant être confondus. Ils diffèrent par le nombre, les attributs et le costume. Les dikpâla sont drapés à l'indienne ; les lokapâlà sont toujours en armure10. L'iconographie khotanaise, reprise en Chine à date ancienne, représente Vaiçravawa

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Fig. 1. L'arhat Bhadra
Fig. 1. L'arhat Bhadramoremore
Fig. 2. Kinnara
Fig. 2. Kinnaramoremore
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