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Encore les éléphants d'Annibal

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Année 1962 31-1-2 pp. 234-235
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MÉLANGES - VARIA

ENCORE LES ÉLÉPHANTS D'ANNIBAL

Deux petits éléphants de pierre, de facture très archaïque, découverts à Alba Fucens, ont été signalés par nous comme des vestiges possibles du passage d'Annibal à travers Vager Albensis, suivant l'itinéraire retenu aujourd'hui comme le plus vraisemblable de la fameuse «marche» sur Rome de l'an 211 avant notre ère (L'Antiquité Classique, 29 (1960), pp. 51-60). Cette hypothèse se basait avant tout sur le caractère typiquement africain des animaux représentés, dont les habitants d'Albe n'ont guère pu avoir connaissance avant cette date. Dans ses agréables notes de «Lectures» (Labeo, 1961, pp. 265-266) notre excellent Collègue de Naples A. Guarino conteste ce point de vue. Les éléphants que Pyrrhus débarqua dès l'an 281 avant notre ère en Italie auraient probablement appartenu à la race africaine et proviendraient de l'Egypte des Ptolémées, à la Cour desquels Pyrrhus avait jadis été retenu comme otage. Mais cette ingénieuse conjecture est dépourvue de toute base sérieuse. Au témoignage des plus éminents spécialistes, l'usage militaire des éléphants est d'origine orientale. D'autre part, ce n'est qu'en 280, soit un an après le débarquement des éléphants de Pyrrhus à Tárente, que s'organisa à Ptolémaïs Théron, sur la Mer Rouge, un centre pour le dressage des éléphants africains. Ce furent, nous apprend Richard Carrington {Eléphants, Penguin Books, 1962, pp. 180- 185), les premiers éléphants africains formés au service de l'homme. Et il est à noter au surplus que jamais les habitants d'Alba Fucens n'eurent de contact avec les armées du roi d'Épire.

Non moins sujettes à caution sont les appréciations portées sur nos documents. Le fameux plat de Capena (notre Étude, pi. IV, fig. 2), où Γ eminent archéologue Giglioli voyait une représentation « dal vero » d'un éléphant de Pyrrhus, ne correspondrait qu'à une composition hybride et imaginaire. Pourtant, les caractéristiques de V Elephas indicus sont frappantes, la petitesse des oreilles, la médiocrité des défenses (qualifiées à tort de « longues » par A. Guarino : elles atteignent à peine les 2/7 de la hauteur de l'animal prise au garrot), enfin l'échiné tombante. La présence d'une « tour » protégeant des guerriers sur le dos de l'animal serait également dépourvue de signification. Cependant un dispositif de ce genre est traditionnel en Orient. On s'imagine pas autrement le rôle du roi Hindou Pôros à la bataille de PHydaspes (326 av. notre ère. Arrien, Anab. V, 15 et ss.). Par contre, il n'existe aucun indice de son emploi chez les Carthaginois (Sir William Gowers et H. Scullard, Numismatic Chronicle, 8, 1948, pp. 161 et s.).

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