©
Jacques DE CALUWÉ*
TROUBADOURS
ET AMOUR COURTOIS
DANS MIRÈIO
DE FRÉDÉRIC MISTRAL
On sait l'intérêt que Mistral a porté, tout au long de sa carrière littéraire et militante, à la littérature occitane médiévale1. Cette littérature, ou seulement les faits psychologiques et l'ordre social dont elle témoigne, apparaît comme un élément essentiel dans Calendau*, dans Nerto*, dans certains poèmes des Isclo d'Or ou des Oulivado*, et elle tient une place appréciable dans Pceuvre savante" du félibre. Une lecture attentive permet de la retrouver aussi dans Mirèio, mais de manière beaucoup plus sporadique, ce qui suggère de prime abord qu'elle occupe dans cette oeuvre une place beaucoup moins remarquable. Il n'en demeure pas moins que l'importance même de Mirèio dans l'histoire du félibrige et dans l'œuvre mistralienne confère un intérêt certain à toute étude d'un élément, si mince soit-il, de la composition de l'œuvre. De nombreux exégètes l'ont fait remarquer, et il ressort de leurs travaux que la place de la littérature médiévale et des troubadours dans Mirèio est peut-être plus importante qu'on ne l'a cru. C'est à cette étude du Moyen âge dans Mirèio que nous voudrions apporter ici une modeste contribution, tout en rappelant et commentant les opinions que les critiques ont formulées à ce sujet.
* 68 B, rue des Buissons, Liège (Université de Liège).
1. Voir notamment Adolf Wuttkb, Die Beziehungen des Félibrige zu den Trobadors, Halle, 192 ? (Romanistische Arbeiten), pp. 68-84.
2. Voir Charles Rostaino, L'élément historique dans < Calendau », in Annales de la Faculté des Lettres d»Aix, XXX, 1956, pp. 23-52 ; et Jacques db Calttwb, L'utilisation esthétique des vies de troubadours dans six strophes de « in Actes du V* Congrès de Langue et de Littérature d'Oc et d'études franco-provençales (à paraître).
3. Voir Dimitri Schkludko, Mistrals « Nerto », literarhistorische Btudie, Halle, 1922 {Romanistische Arbeiten).
4. Voir Jean Bouhbrb, L'influence des troubadours sur la versification de la lyrique de Mistral, in Actes et Mémoires du II* Congrès de langue et littérature du Midi de la France, Aix, 1958, pp. 311-322 ; et Jacques db Caluwé, La richesse des formes strophiques dans la poésie lyrique de Frédéric Mistral (à paraître).
5. Voir mon article : La place de la littérature occitane médiévale dans Lou Trésor d&u Félibrige, in Mélanges offerts à Rita Le jeune, Gembloux, 1969, pp. 85-106.
