Un Intendant éclairé de la fin de l'ancien régime Claude-François Bertrand de Bouclieporn

L'importance du rôle joué par les intendants dans b'administration monarchique des xvrT et xviiT siècles est bien connue. On peut d'ailleurs ranger les intendances parmi les institutions les plus neuves de l'Ancien régime finissant; les administrations centrales héritèrent bien souvent de leurs méthodes et de leurs hommes et les préfets du Consulat et de l'Empire furent, à bien des égards, des intendants, débarrassés par la Révolution des obstacles que les € corps intermédiaires » et les opposaient à leur action.

On discute sur l'intendance et les intendants. Y a-t-il eu évolution ou les intendants du règne de Louis XVT sont-ils, point par point, des répliques de ceux de Colbert ou de Richelieu? En 1909 l'historien russe Ardascheff1 avait brillamment pris parti pour l'évolution et prétendu que les intendants du règne de Louis XVT paraissaient plus les hommes de la province que ceux du roi; on a fait justement remarquer depuis que, jusqu'à la fin de l'Ancien régime, l'intendant était resté l'homme du pouvoir et les lettres de commission remises aux intendants de la première moitié du xvn* siècle leur commandaient déjà des gestes et des attitudes attribués plus tard à l'influence des < lumières » sur les commissaires départis ? éclairés »2.

? n'en est pas moins vrai que les intendants ont dû affronter des difficultés différentes au cours de ces deux siècles. Administrateurs de combat au temps de Richelieu, ils n'ont cessé, sous Louis XIV, de grignoter les pouvoirs des Etats, des villes, des parlements. Ceux de Louis XV furent, en général, moins puissants qu'on ne l'a dit; Etats provinciaux, parlements, gouverneurs tendaient bien souvent à limiter leur compétence ou à diminuer leur autorité et l'évolution du xvnT siècle leur a été, en général, défavorable. Marqués par le contexte de l'époque, ils ont vu leur liberté d'action progressivement restreinte par un central dont le soutien n'était pas à la mesure de la docilité qu'il en exigeait. En dépit d'une extension et d'une amélioration de ses ser-