LA FEMME, OBJET DE LA RÉVOLUTION

Commençons par quelques images. Et par cete page de Jaurès, sur les journées des 5-6 octobre 1789 (1) :

«Ainsi, comme si le droit du peuple souffrant devait être inscrit dans les titres les plus solennels de la Révolution bourgeoise, c’est sous la pression des pauvres femmes de Paris demandant du pain que la Déclaration des Droits de l'Homme est sanctionnée. Ce sont des mains ouvrières qui remettent à l’humanité nouvelle son titre glorieux. Durant l’absence du président Mounier, la foule avait peu à peu envahi l’Assemblée. (...) L'Assemblée, comme submergée par ce flot populaire, s'était dispersée : la séance était levée de fait ; et comme par un effort encore bien enfantin de la souveraineté populaire, une femme dont on ne dit pas le nom avait pris possession du fauteuil présidentiel. Il y eut ainsi une minute où, le roi assiégé dans le château, l’Assemblée dispersée, la force populaire semblait demeurer seule. Mais à quoi servirait d'occuper le pouvoir, si on n'y portait une idée ? De bonne grâce, la femme qui s'y était assise au fauteuil le rendit à Mounier. (...) Ces femmes occupant un moment le fauteuil du président de l'Assemblée, puis causant avec lui d'un ton de familiarité hardie et cordiale et redescendant enfin dans le grand torrent de la foule pour laisser à l'Assemblée bourgeoise sa liberté d'action, c’est bien l’image du mouvement populaire sous la Révolution. »

Dans les mythologies modernes, le mouvement des peuples a figure de femme, il est à cela autant d’emblèmes que de raisons. Les raisons tiennent en une : la condition des femmes a réellement été, est encore, un enjeu signifiant des combats de libération menés par des opprimés contre des oppresseurs. Toute remise en cause de l'ordre établi passe de fait par un bouleversement de la cellule sociale fami-