DEUX ÉCRITS ENCORE,,,

Notre amie Élisabeth Guibert-Sledziewski nous autorise à reproduire deux petits articles qu’elle a publiés, l’un dans le «Bulletin de la Société d’ Études du XVIIIe siècle », l’autre dans la «Pensée » (1).

1) Pour mémoire : Albert Soboul et le pluralisme scientifique

Les affrontements idéologiques dont l’histoire de la Révolution française est le lieu immanquable, et historique lui aussi, sont cause qu’on y règle des comptes qui n’ont pas tout à voir avec des questions de méthode ou d’érudition. Albert Soboul en a douloureusement souffert. Il convient de rappeler que ses ennemis lui ont forgé une réputation d’intransigeance, n’ont jamais hésité à traiter de stalinien celui qui refusait même l’étiquette d’historien marxiste, et ont réduit son œuvre à une lecture communiste de la Révolution. Souffrira-t-on, à présent qu’il est mort, qu’un sort soit enfin fait à ces ragots ? Tous ceux qui ont connu Albert Soboul, travaillé auprès de lui, et tout simplement pris la peine de lire ce qu’il écrivait, seraient en peine de déceler chez lui la moindre trace de sectarisme. A moins de faillir à l’honnêteté. Son séminaire était ouvert à des historiens de toutes tendances, sa seule ligne était celle d’une «histoire historique », qui se défiait avant tout des interprétations oublieuses de la chronologie et des faits, et qui rappelait sans cesse le chercheur à l’ordre de l’érudition. Ce séminaire était également ouvert à des non-historiens, dans un esprit d’interdisciplinarité que tant invoquent mais se gardent bien de pratiquer. Les Annales Historiques de la Révolution Française, qu’il dirigeait, adoptaient la même politique. Albert Soboul poussait loin cette «abnégation de l’historien » qu’il se