LE GOUVERNEMENT DE LOUIS XVI OFFRE A LA RÉPUBLIQUE DE GÊNES LA RÉTROCESSION DE LA CORSE (1790)

On connaît généralement le décret rendu le 30 novembre 1789 par l’Assemblée nationale, consécutif à une pétition des trois capitaines de la garde nationale de Bastia, qui porte «que la Corse fait partie de l’Empire français et que les habitants doivent être régis par la même constitution que les autres Français ». On sait aussi que la République de Gênes protesta contre ce texte et que sa protestation fut écartée par l’Assemblée : les conditions et les incidences de cette démarche diplomatique, pratiquement ignorées au contraire, présentent des singularités qui valent qu’on s’y arrête.

L’ambassadeur génois à Paris était alors, depuis 1772, Christophe Vincent Spinola, qui avait épousé en secondes noces, au cours de l’année 1780, Gabrielle, fille du marquis de Lévis. Grâce aux relations que lui procurait cette alliance, grâce aussi à des libéralités judicieusement dispensées dans les bureaux ministériels, il s’était assuré des sources d’infor¬ mation de premier ordre, et ses dépêches au gouvernement génois, dont les principales ont été publiées en 1935 (1), revêtent un intérêt considérable.

Le 23 novembre 1789, Spinola écrivait donc : «On m’assure que, parmi les demandes formées par les Corses dans leur dernière assemblée, se trouve celle que leur île doive être incorporée à la France, administrée comme toutes les autres