ASPECTS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX DE LA POLITIQUE DOMANIALE EN CORSE SOUS L’ANCIEN RÉGIME

Lorsqu’au lendemain du traité de Versailles, la France prit possession de la Corse manu militari, cette île si long¬ temps convoitée et qu’une diplomatie patiente et habile avait permis d’annexer, n’était point une inconnue pour le gouver¬ nement de Louis XV. Objet d’une curiosité teintée d’exotisme tout autant que de préoccupations stratégiques et politiques du fait de sa position au cœur du bassin occidental de la Médi¬ terranée, elle avait déjà donné lieu à la rédaction de nom¬ breux rapports, enquêtes et comptes rendus destinés à prépa¬ rer les campagnes militaires et à plus lointaine échéance l’administration de cette province qui devait être constituée en pays d’Etats. En 1769, le gouvernement de Versailles pou¬ vait ouvertement abattre ses cartes et passer à la phase des réalisations pratiques en vue de recueillir les fruits du coûteux investissement qu’il avait fait. Il n’est qu’à lire la correspon¬ dance officielle des premiers temps de l’annexion pour perce¬ voir combien est grand le souci de tirer enfin parti d’un pays qui n’avait jusque-là fait l’objet que de dépenses. Par ailleurs, L. Villat a montré dans une thèse quelque peu vieillie, mais toujours utile, où il est plus question de la politique de la monarchie française à l’égard de la Corse que de «la Corse de 1768 à 1789 », comment cette île servit de terrain d’expérience en un temps où un manifeste courant de réforme ainsi qu’une volonté de changement et de progrès animent les cabinets ministériels du régime (1). Dans quelle mesure l’idée de progrès