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La famille-souche pyrénéenne au XIXe siècle : Quelques réflexions de méthode

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Agnès Fine-Souriac*
Affiliation:
Université de Toulouse-Le Mirail

Extract

La méthode désormais classique de classification des ménages selon la complexité de leur structure a provoqué ces dernières années une série de recherches et de débats chez les historiens et les anthropologues. La synthèse que propose Jean-Louis Flandrin dans son récent ouvrage prouve que la direction de recherche ouverte par l'école de Cambridge s'est révélée féconde. Il semble bien établi après les recherches de Jean-Claude Peyronnet et de Nicole Lemaître sur le Limousin, celles d'Alain Collomp en Provence, celles encore inédites d'Antoinette Chamoux sur un village pyrénéen, qu'il faille opposer la France septentrionale où les ménages nucléaires seraient majoritaires, à la France méridionale où, au contraire, les ménages à structure complexe domineraient.

Summary

Summary

In the wake of research at the Cambridge school on the structure of the housechold in traditional communities, a debate arose among historians concerning one of Peter Laslett's principal conclusions: the predominance of the nuclear household in traditional European populations.

But is the debate well put? Would it not be better, rather than contrasting this or that local result with Laslett's conclusions, to question a method that consists in drawing conclusions concerning the dominant type of family organization in a community, based upon a classification of households made for the census.

The author is in agreement with the methodological criticisms that Lutz Berkner made of P. Laslett and tests them by tracing the evolution of eighty households of Bessède (Pays de Sault, Upper Valley of the Aude) using the nominal rolls of the census for the years 1846, 1851, 1856, 1861, and 1866. While each of these censuses comprises no more than 20 to 30% complex households, a diachronic study confirms that in this case, the stem-family is the dominant type of familial organization.

Moreover, the author analyzes the reasons for which, in upper Aude valley, there is no positive correlation between the size of the household and its complexity.

Type
Systèmes Familiaux
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1977

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References

Notes

1. Flandrin, J.-L., Familles-parenté, maison, sexualité dans l'ancienne société, Paris, Hachette, 1976 Google Scholar (cf. chapitre 11).

2. Peyronnet, J.-C., « Famille élargie ou famille nucléaire ? L'exemple du Limousin au début du XIXe siècle », Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. XXII, octobre-décembre 1975, pp. 568582 CrossRefGoogle Scholar.

3. Lemaître, N., « Familles complexes en Bas-Limousin. Ussel au début du XIXe siècle », Annales du Midi, n° 127, avril-juin 1976, pp. 219224 CrossRefGoogle Scholar.

4. Collomp, A., « Famille nucléaire et famille élargie en haute Provence au XIXe siècle (1703-1734) », Annales ESC, juillet-octobre 1972, pp. 969975 Google Scholar.

5. Cité par Flandrin, J.-L., op. cit., p. 242 Google Scholar.

6. Laslett, P., Household and family in past time, Cambridge, Cambridge University Press, 1972 ; « La famille et le ménage : approches historiques », Annales E.S.C., juillet-octobre 1972, pp. 847872 CrossRefGoogle Scholar.

7. Berkner, Lutz K., «The stem family and the developmental cycle of the peasant household : an eighteen-century Austrian exemple», The American Historical Review, 1972, pp. 398418 CrossRefGoogle Scholar.

8. Laslett, P., article cité, Annales E.S.C., p. 868 Google Scholar.

9. L. Berkner, article cité, p. 402.

10. Il n'est pas question de rappeler la bibliographie abondante qui se rapporte à la famille pyrénéenne. Rappelons seulement l'importance de Frédéric Le Play au XIXe siècle, et les études remarquables de Henri Lefebvre sur la vallée de Campan, et de P. Bourdieu sur la famille béarnaise.

11. Signalons que la collecte des données de l'état-civil des 4 villages définis comme isolats (Aunat, Bessède, Le Clat et Rodome) a été effectuée dans le cadre d'une R.C.P. du C.N.R.S. par plusieurs vacataires et moi-même de 1736 à nos jours. Jacqueline Vu-Thien a reconstitué l'ensemble des familles et établi un fichier utilisable par ordinateur pour sa thèse de génétique de population qu'elle a soutenue en octobre 1976. Nous remercions ici tous ceux qui ont travaillé et continuent de travailler en commun sur le pays de Sault, en particulier Daniel Fabre qui est responsable de l'équipe.

12. Nous remercions ici Jacques Dupâquier qui nous a fait passer un modèle de fiche de ménage qu'il avait mise au point.

13. J.-C. Peyronnet, article cité, p. 575.

14. Flandrin, J.-L., op. cit., p. 242 Google Scholar, tableau 7.

15. On parle abusivement d'égalité entre homme et femme dans la famille pyrénéenne. On prend pour exemple les droits de l'héritière dans la vallée de Barèges ou celle de Campan. Pour le pays de Sault, au XIXe siècle, dans 3 cas sur 4, c'est un fils qui hérite et qui cohabite avec les parents. S'il n'y a pas de fils, ou bien s'il est défaillant, alors ce sera la fille qui sera la solution de rechange. De plus ce n'est pas nécessairement l'aîné qui fera l'affaire. Aujourd'hui c'est un consensus entre parents et enfants qui fixe celui qui devra rester. La place de l'héritier ou de l'héritière n'est pas la plus enviée, et cela d'autant moins que le développement de l'école et de l'exode rural donne aux frères et sœurs d'autres possibilités d'avenir souvent plus enviables. Aujourd'hui, avec le nombre plus limité d'enfants par famille, le nombre des héritières est à peu près aussi élevé que celui des héritiers.

16. Nous avons noté l'âge déclaré au recensement à côté des triangles ou des cercles représentant les individus de sexe masculin et féminin. Ceci pour permettre au lecteur de suivre plus facilement l'histoire de chaque individu à l'intérieur du ménage. Nous avons noirci l'intérieur des triangles et des cercles lorsqu'ils représentent des individus qualifiés de chefs de ménage. D'après nos exemple, c'est approximativement entre 60 et 65 ans que le chef de ménage « passe la main » à son fils ou sa fille, sans que cela soit une règle.

17. Nous en avions confirmation par ailleurs, par les témoignages oraux des informateurs âgés, encore aujourd'hui. La pratique de la cohabitation de l'héritier marié (ou héritière) avec ses parents est un thème mille fois évoqué dans les entretiens. De même au XIXe siècle dans les contrats de mariage, nous trouvons nous aussi, comme A. Collomp en Provence, de nombreuses clauses prévoyant la séparation des deux ménages en cas de mésentente. L. Berkner cite des contrats en bonne et due forme de vente de la propriété des parents aux enfants, les parents se réservant une pièce de la maison en contrebas dans laquelle ils se retirent, et l'exploitation d'un potager. Dans le pays de Sault au xixê on cohabite en principe dans les mêmes lieux. Cependant, on trouve aussi quelquefois un lieu prévu assurant la séparation des vieux parents et de leurs enfants. Ainsi le contrat de mariage, en 1850, de Pierre Arnaud et Julie Glorioux prévoit : « Dans le cas où par incompatibilité d'humeur, les futurs époux ne pourraient point vivre en commun avec le dit Antoine (le père) celui-ci donne entre vifs à partir du jour de la séparation et jusqu'à la mort du donateur : 1) la somme de 500 F en numéraire une fois payée ; 2) l'usufruit d'un appartement appelé la chambre dépendant de la maison d'habitation du donateur ; 3) l'usufruit de la moitié haut et bas à prendre du côté du midi d'une grange à foin sise à Munes au ‘Porge'. - Le quart des biens présents évalués à 300 F. - La chambre et la grange, à 100 F. »

Les contrats prévoient très, souvent l'incompatibilité d'humeur (ce qui prouve que le droit avait codifié un risque considéré comme parfaitement possible même si on ne passait pas nécessairement de l'incompatibilité d'humeur à la séparation de fait !). On est surpris de certains détails prévus. Ainsi Joseph Salvat père fait marquer : « Dans le cas où les futurs époux cesseraient de vivre en commun avec le dit Joseph Salvat avant la perception de la récolte qui se trouve actuellement pendante sur la pièce de terre, Joseph Salvat se réserve le droit de la prélever à son profit ! » (A.D. de l'Aude, 3 E 6658).

18. Bourdieu, P. cite un de ses informateurs dans « Les stratégies matrimoniales dans le systéme de reproduction », Annales E.S.C., juillet-octobre 1972, p. 1117 Google Scholar (note 22): « Il avait une sœur et une mère qui savaient tout ce qui se passait dans le village, à tort ou à raison sans jamais sortir. Elles dominaient la maison. Quand il parla de se marier, elles se liguèrent avec le père ‘à quoi bon une femme ? Il y en a déjà deux à la maison’. »

19. Le Roy Ladurie, E., Montaillou, village occitan, de 1294 à 1324, Paris, Gallimard, 1975 Google Scholar. Cf. chap. il : La maison-famille : domus, ostal.