Un monument : « Les médecins de l'Ouest au XIX4 siècle ».

Université de Paris I, 1976, 7 vol. dactyl., 1.570 p. et annexes.

Sept tomes dans la version dactylographiée, dont 1.570 pages de texte et 248 d'annexés ; six départements, situés dans l'Ouest armoricain ; près de 4.000 médecins ; tout un siècle. Un sujet énorme et foisonnant, car, comme l'écrivait déjà Montaigne, « la médecine est le carrefour de tout » . Quelle rude santé fallait-il donc avoir pour mener cette tâche à bien.

Au point de départ, en 1957, un mémoire de D.E.S., comme l'on disait alors, mais surtout une « idée fixe » selon le mot de Jacques Léonard durant son exposé de soutenance : le conflit entre la foi et la science au xix9 siècle. Puis, en 1967, la pose d'une première pierre, sous la forme d'une thèse de 3 e cycle consacrée aux « officiers de santé de la Marine française de 1814 à 1835 ». Enfin, entre 1976 et 1978, s'imposent non seulement le chef-d'œuvre universitaire, mais deux ouvrages attachants qui en dérivent, telle la partie superficielle de l'iceberg: une Vie quotidienne et un «petit Archives».

La relation entre l'idée de départ et l'œuvre accomplie? Peut-être une « tentation » : celle de vérifier, documents en main, l'image d'Epinal du médecin républicain et anticlérical, personnifié par le Tigre ou bien par le petit père Combes. En d'autres termes, l'étude des médecins devient un point d'application pour l'analyse du conflit qui oppose science et foi, cléricalisme et anticléricalisme. Et, selon Jacques Léonard, elle s'inscrirait dans le courant de laïcisation de la culture où le thème de la santé se substituerait à celui du salut. Pour cette étude, ainsi définie sur le plan de la méthodologie générale, un champ géographique déjà large et cependant — il le fallait — restreint : ni toute la France — bien sûr — , ni le « rituel » département, mais une région — les cinq départements bretons et la Mayenne — , dont la délimitation repose sur des impératifs techniques. En second lieu, la constitution d'un gros fichier, non pas donné mais lentement confectionné, qui porte sur 3.755 médecins de l'Ouest armoricain pour la période 1803-1892 ; un fichier remarquablement traité, trié et compté avec l'aide du Centre de Calcul de l'Université de Rennes I.

Afin de constituer ce fichier et pour étudier de près les divers aspects du problème, Jacques Léonard a fait appel à quantité de sources diversifiées, dont en particulier : les archives de l'Enregistrement, les livres de comptes, les agendas professionnels, les papiers