H. PERENNES

GUINNANÉE

ET

NOELS POPULAIRES BRETONS

La Guinnanée

« C'est une feste qu'on fait à Morlaix le dernier jour de l'an : et consiste en des présens de viande, que les Bourgeois font aux pauvres. L'ouverture en est-toujours faite par ceux de l'Hôtel Dieu, auxquels on donne des habits grotesques; et qui commancent à demander les guignannées dès le 27, ou 28, de Décembre. Ils ont un Capitaine, deux Tambours, avec Officiers et Soldats, tous ajustez de manière différente, et à chaque porte qu'on leur donne, ils font des cris qui sont entendus de toute la ville. Le dernier soir de l'année, la Bourgeoisie se rend à la Maison de ville, qui est la plus belle de toute la Province. Les Syndic Juges Conseils, et Jurats, s'y trouvent : et on délibère avec eux de la route qu'on tiendra. La délibération finie, on sort dans l'ordre qui suit : Quatre Trompettes, précédez de quantité de flambeaux, marchent à la teste, pour avertir les habitants d'ouvrir leurs portes, et d'apprester leurs presens. Ensuite vont les Tambours et Fifres : et derrière eux, dix ou douze Crocheteurs que l'on charge des présens rcçeus. Ces Crocheteurs sont couronnez de laurier, et de fleurs attachées avec des rubans de toutes couleurs. Les Syndic et Jurats les suivent, ayant devant eux les quiatre Hérauts de la ville, et quelques jeunes Bourgeois députez pour recevoir les présens. Chacun en fait selon son pouvoir, et il n'y a personne qui s'en puisse dispenser. Aussi, ce ne sont qu'acclamations continuelles, puisqu'on en fait à chaque présent, qui est élevé fort haut par ecluy qui le reçoit. Ces Messieurs sont suivis de violons, de hautbois, et de toute la jeunesse, à laquelle la plupart de la Noblesse ne dédaigne pas de se joindre : Ce qui fait un Cortège très nombreux. Tous ceux qui en sont