LÉON MAITRE

L'INSOLENCE DES GENS DE GUERRE

SOUS LOUIS XIV

Épisode de l'histoire de Glisson

L'Histoire est comme un grand-livre de comptes, en face de l'actif, ses pages nous présentent le passif, à côté des éclatants services des hautes classes, il y a les souffrances des humbles et des petits; au-dessous de ceux qui soutiennent les luttes glorieuses, il y a la foule des travailleurs qui fournissent le contingent de leur industrie et dont on ne parle pas assez. Nos chroniqueurs n'ont d'enthousiasme que pour les récits de chevauchées brillantes, des expéditions aventureuses, des rencontres provocantes ; nous ne voyons à chaque page que duels et coups d'épée, conflits de provinces, différends internationaux qui ramènent sans cesse les armées sur les champs de bataille, et, à la faveur de cet état violent, l'hoimme de guerre devient l'homme important, le personnage indispensable. Son orgueil s'accroît à proportion des services qu'il rend à la société en même temps que son mépris se développe à l'égard de ceux qui ne portent pas une épée, un mousquet ou un .sabre. Une distance considérable se creuse entre le soldat, le bourgeois ou vilain et le campagnard ; il faudra toute une révolution pour les réconcilier et faire régner la Justice et l'Egalité entre les uns et les autres.

En parcourant le Code militaire de l'Ancien Régime, on