MARIE DE MÉDICIS ET LES ARTS
(deuxième et dernier article1)
ans les relations de Marie de Médicis
avec les peintres, l’idée d'art pour elle-
même, telle que nous la concevons
aujourd’hui, fait un peu défaut. Ce
que la princesse désire, c’est un ta-
bleau qu’elle puisse décemment don-
ner : si c’est un portrait, il faut qu’il
soit ressemblant; si c’est une scène
de genre, sujet religieux, en général,
pour les couvents et les chapelles,
qu’il soit convenable. Parfois, rarement, s’avise-t-elle de vouloir que
le tableau soit « très beau et bien fait », d’ailleurs d’une façon vague.
Elle s’est cependant piquée de s’adresser aux meilleurs artistes du
temps.
Jacob Bunel, le « peintre valet de chambre » du roi déjà du
temps où Henri IV n’était que roi de Navarre, qui a travaillé à
la Petite Galerie — notre Galerie d’Apollon — et qui compte parmi
les plus en vogue du moment, lui peint en 1611, d’après sa com-
mande, « un grand tableau sur toile » représentant LAnnon-
ciation, « aussi grand que le naturel, contenant huit pieds de haut
sur six pieds de large, avec un ciel ouvert d’où sort le Saint-Esprit
en forme de colombe et de nuages, sur lesquels il y a quantité de
petits anges ». M. Donon, contrôleur général des Bâtiments du Roi,
estime 900 livres ce tableau, qui est donné au couvent des Capu-
cins de Paris. Bunel travaille encore pour les entours de la reine,
les Concini, par exemple, auxquels il livre une réplique de son por-
trait d’Henri IV, celui de la Petite Galerie, contre la somme de deux
1. V. Gazette des Beaux-Arts, 1905, t. Il, p. 441.
(deuxième et dernier article1)
ans les relations de Marie de Médicis
avec les peintres, l’idée d'art pour elle-
même, telle que nous la concevons
aujourd’hui, fait un peu défaut. Ce
que la princesse désire, c’est un ta-
bleau qu’elle puisse décemment don-
ner : si c’est un portrait, il faut qu’il
soit ressemblant; si c’est une scène
de genre, sujet religieux, en général,
pour les couvents et les chapelles,
qu’il soit convenable. Parfois, rarement, s’avise-t-elle de vouloir que
le tableau soit « très beau et bien fait », d’ailleurs d’une façon vague.
Elle s’est cependant piquée de s’adresser aux meilleurs artistes du
temps.
Jacob Bunel, le « peintre valet de chambre » du roi déjà du
temps où Henri IV n’était que roi de Navarre, qui a travaillé à
la Petite Galerie — notre Galerie d’Apollon — et qui compte parmi
les plus en vogue du moment, lui peint en 1611, d’après sa com-
mande, « un grand tableau sur toile » représentant LAnnon-
ciation, « aussi grand que le naturel, contenant huit pieds de haut
sur six pieds de large, avec un ciel ouvert d’où sort le Saint-Esprit
en forme de colombe et de nuages, sur lesquels il y a quantité de
petits anges ». M. Donon, contrôleur général des Bâtiments du Roi,
estime 900 livres ce tableau, qui est donné au couvent des Capu-
cins de Paris. Bunel travaille encore pour les entours de la reine,
les Concini, par exemple, auxquels il livre une réplique de son por-
trait d’Henri IV, celui de la Petite Galerie, contre la somme de deux
1. V. Gazette des Beaux-Arts, 1905, t. Il, p. 441.