114 —

des graviers, a perdu trois doigts, et laissé échapper la palme qu’elle portait si
gracieusement. L’aile droite courbée, sur deux points, ne pourrait être rétablie dans
son état primitif sans danger de la briser. Malgré ces accidents qui ne détruisent
en rien la beauté de celte remarquable figure, notre Victoire, enseigne romaine,
n’en sera pas moins toujours regardée comme un des principaux bronzes du Musée
de Lyon, non-seulement par sa beauté artistique, mais aussi par les souvenirs
historiques qu’elle rappelle.

E.-C. MARTIN-D AU S SIGN Y.

LETTRE A M. FR. LENORMANT

SUR LES REPRÉSENTATIONS FIGURÉES DES StÈLES PUNIQUES DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE.

Monsieur,

Vous m’avez demandé, pour la Gazette archéologique, un aperçu des principaux
sujets qui sont figurés sur les ex-voto trouvés à Carthage par M. de Sainte-Marie.
J’ai soumis votre demande à M. Renan, qui a bien voulu me donner toute liberté
à cet égard. Beaucoup de ces représentations, en effet, souvent des plus curieuses,
ne sont accompagnées d’aucun texte, et resteront ainsi forcément en dehors du
Recueil des inscriptions sémitiques; d’autres, il est vrai, sont jointes à des inscrip-
tions, mais sans leur être unies en aucune façon par le sens, de telle sorte qu’on
peut les publier isolément; vous les étudierez, Monsieur, d’autres aussi ne manque-
ront pas de le faire. Pour moi, je ne puis guère que fournir des matériaux à des tra-
vaux plus savants, en les accompagnant de quelques explications indispensables.
Ces explications sont le développement de la première moitié d’un rapport que j’ai
adressé sur ce sujet à M. l’Administrateur général de la Bibliothèque Nationale;
i] n’y a été changé que très-peu de chose quant au fond; la manière seule de
présenter les faits diffère. J’ai rencontré en effet de divers côtés des objections
qui m’avaient inspiré des doutes sur la valeur de mes conclusions premières;
et, lorsqu’il m’a fallu reprendre ce mémoire pour votre Pievue, toute mon ar-
gumentation m’a paru chanceler. Mais un nouvel examen m’a conduit aux résul-
tats auxquels j’étais arrivé tout d’abord, et je crois pouvoir les donner aujourd’hui
comme certains.

I.

Les inscriptions puniques sont antérieures à la prise de Carthage par les Romains
en 146, voilà le fait que je crois établi d'une façon définitive par la comparaison de
ces inscriptions avec les monnaies de Carthage, d’une part, et les inscriptions néo-