Published October 18, 2015 | Version v1
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Sur les pas des chasseurs de mirages. Voyages romantiques en Andalousie

Creators

  • 1. Université de Haute-Alsace

Contributors

  • 1. Université de Haute-Alsace

Description

Le récit de voyage en Andalousie est un sous-genre mouvant, dont certains textes, du fait de leur influence ou au contraire de leur exemplarité hypertextuelle, contribuent à dessiner les contours. Le voyage aux confins de l’Europe est l’occasion pour le voyageur de repenser à la fois l’ailleurs (car il voyage pourvu de souvenirs de lectures et de tropismes orientalistes, exotiques, pittoresques, romantiques, qu’il sera obligé de réviser) et le familier. Les souvenirs et les légendes de l’invasion maure, de la Reconquista et du départ de Colomb sont très présents aussi bien dans les archives écrites (partiales) que dans la tradition orale (authentique). L’Andalousie apparaît à la fois comme un mirage et comme une utopie, et invite le voyageur à remonter dans le temps : l’imaginaire œcuménique et nostalgique de l’âge d’or, lié aux souvenirs de l’Al-Andalus, permet de reconsidérer l’histoire, l’actualité et l’avenir non seulement de l’Europe, mais aussi des États-Unis (Irving). Par ailleurs, l’Andalousie est une région encore protégée de l’uniformisation. Les écrivains-voyageurs (Gautier notamment) y voient le lieu par excellence où élaborer une poétique excentrique fondée sur une confusion volontaire entre réalité et fiction, mais aussi où réfléchir sur la situation mimétique de la littérature, qui d’une part tente de s’approprier les moyens de la peinture, et qui d’autre part est confrontée à l’exactitude évocatrice de l’image photographique naissante – sans compter que l’hybridité de l’architecture hispano-mauresque et la sinuosité des arabesques semblent presque indescriptibles. Mais le voyage prend aussi une dimension politique, soit que le voyageur soit investi d’une mission aux colonies (Dumas), soit au contraire qu’il se veuille le zélateur d’une sorte de cosmopolitisme des marges (Andersen) ou de l’union des peuples méditerranéens (De Amicis). Dans cette perspective, l’étude de la réception des récits de voyage permet de cerner non seulement les attentes des lecteurs et les stratégies éditoriales, mais aussi les contradictions d’une époque déchirée entre les ambitions impérialistes, les revendications nationales et les rêves de cosmopolitisme.

 

 

 

 The travelogue in Andalusia is a moving sub-genre, of which certain texts, because of their influence or, on the contrary, because of their hypertextual exemplarity, contribute to drawing the contours. The journey to the borders of Europe is an opportunity for the traveler to rethink both the elsewhere (because he travels equipped with memories of readings and orientalist, exotic, picturesque, romantic tropisms, which he will be obliged to revise) and the familiar. The memories and legends of the Moorish invasion, the Reconquista and the departure of Columbus are very present both in the written archives (partial) and in the oral tradition (authentic). Andalusia appears as both a mirage and a utopia, and invites the traveler to go back in time: the ecumenical and nostalgic imaginary of the Golden Age, linked to the memories of Al-Andalus, allows one to reconsider the history, the actuality and the future not only of Europe, but also of the United States (Irving). Moreover, Andalusia is a region still protected from standardization. Traveling writers (Gautier in particular) saw it as the perfect place to develop an eccentric poetics based on a voluntary confusion between reality and fiction, but also to reflect on the mimetic situation of literature, which on the one hand tries to appropriate the means of painting, and on the other hand is confronted with the evocative accuracy of the emerging photographic image - not to mention that the hybridity of the Hispano-Moorish architecture and the sinuosity of the arabesques seem almost indescribable. But the journey also takes on a political dimension, whether the traveler is invested with a mission to the colonies (Dumas), or on the contrary, he wants to be the zealot of a kind of cosmopolitanism of the margins (Andersen) or of the union of the Mediterranean peoples (De Amicis). In this perspective, the study of the reception of travelogues allows us to identify not only the expectations of readers and editorial strategies, but also the contradictions of an era torn between imperialist ambitions, national claims and dreams of cosmopolitanism.

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