Il a retracé son parcours personnel et professionnel, en 1991, au cours d’un entretien filmé avec le journaliste Bertil Galland [
1]. Il raconte comment, jeune médecin, en fonction de rencontres personnelles essentielles, il fait le choix de travailler avec des enfants souffrants, et de s’intéresser à leur santé mentale. Il commence sa formation en psychiatrie adulte à une époque où la psychiatrie et le pouvoir politique vaudois veulent mettre en place une politique sociale et médicale en faveur de l’enfance. L’institution qu’il prend en charge est d’abord centrée sur la prévention de la délinquance juvénile, mais René Henny va rapidement élargir cette perspective au champ beaucoup plus vaste de la souffrance psychique de l’enfant et de l’adolescent, imposant une vision personnelle humaniste, spirituelle, autant que scientifique. Il s’intéresse à la compréhension de la signification des symptômes présentés par les enfants et aux interventions psychothérapeutiques qui peuvent être mises en place, en dialectique avec ce qui se réalise dans le monde à cette époque-là. Un projet ambitieux, qui participe d’un mouvement de transformation plus large, qu’il définit lui-même comme un tournant essentiel de modernisation de la psychiatrie asilaire vers des dispositifs ambulatoires ou institutionnels, tournés vers la santé mentale au un sens large.