Les viandes assainies par la chaleur

Enseignement de dix ans de pratique

par M. P. Roux

1939. — Le blé qu’on dénature. — Les bovins qu'on abat pour l’équarrissage dans le but d’assainir le troupeau, mais en réalité pour assainir le marché !

Paisible au sein de l’abondance, la France pouvait se permettre le choix du riche.

La Guerre. — En quelques mois les conditions économiques sont bouleversées, les populations déplacées, et chacun de nous connaît, dans sa vie domestique, des difficultés telles que les esprits, bousculant les anciens préjugés, se montrent prêts à accueillir les nouvelles disciplines qui s’imposent.

Le but de cette courte note est de montrer quels avantages on peut retirer de la récupération de certaines viandes saisies comme impropres à la consommation, et de donner les résultats obtenus à Rennes, ville de 120.000 habitants, d’une expérience de bientôt dix années.

Déjà, l’arrêté municipal du 7 avril 1927, prévoyait la mise à la disposition du public, dans des étaux spéciaux et sous une estampille spéciale très visible, des viandes de trop basse qualité pour figurer dans les étaux normaux de la ville.

Cet arrêté permettait de maintenir un' niveau élevé dans les boucheries normales et rendait des services énormes, maintes fois contrôlés, à toute une partie de la population.

Ces étaux spéciaux vendaient à très bas prix et au grand jour des viandes maigres et, dans le public qui faisait queue,, tous les vendredi et samedi particulièrement, on remarquait bien des misères méconnues dont la présence, à elle seule, aurait suffi à justifier la mesure.

De plus, l’article 45 du Règlement de l’Abattoir tranche la question des viandes à saucisse et autorise la récupération, pour l’assainissement, des viandes autres que celles qui proviennent d’animaux tuberculeux, celles-ci faisant l’objet de l’article 2. du Décret du 24 janvier 1934.