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179-180 | 2018
Poésie et langue : aspects théoriques et didactiques

Sous la direction de Michel Favriaud

Cette livraison renoue avec l’histoire un peu compliquée de la revue Pratiques et de la poésie, jadis au cœur de son projet politique et didactique de rénovation de l’enseignement du français. Mais au fil du temps, les numéros consacrés à la poésie, ou, mieux encore, l’intégrant dans ses problématiques (syntaxe, sémantique, lexicologie, genre, récit, écrit-oral, ponctuation entre autres) étaient devenus rares et de plus en plus pessimistes. Car la poésie, transgenre, trans-régime (linguistique) et peut-être transdisciplinaire, peut opérer, sur la langue et sur l’enseignement, un triple effet, de stimulation, de loupe et de questionnement. Les poètes et les linguistes renouent ici les fils qu’on avait laissés s’effilocher, malgré les travaux sur la poésie de Saussure, réintégrés dans une leçon moins structuraliste, et ceux mis au jour plus récemment de Benveniste, de Coseriu (sans oublier ceux de Jakobson et Meschonnic) qui nous montrent qu’il y a bien une tradition (indo)européenne et francophone de lien entre poésie et théories de la langue – largement réassurée par Humboldt et Mallarmé au XIXe siècle – qu’il faut faire fructifier, loin d’une théorie de l’écart poétique, qui exclut la poésie de la langue et de la didactique du français. Les didacticiens de FLM et de FLE (soutenus par les poètes), avec leurs manuels, leurs genres d’activités et leurs gestes professionnels, peuvent-ils rester à la traine, au moment où la psychologie cognitive, les théories de la réception littéraire subjective, de la communication empirique et consumériste et de l’ergonomie du travail semblent occuper tout l’espace scientifique et professionnel, et conduire la main des politiques ? C’est au contraire le bon moment où la poésie, la linguistique et l’écologie de l’apprentissage doivent s’inviter au débat public pour faire en sorte qu’imaginaires singuliers, imaginaires collectifs, configurations littéraires et textuelles d’un côté, et réflexivité raisonnée sur la langue et les œuvres de l’autre épaulent, complètent ou contredisent les précédentes dans « Le Grand Combat » de demain – celui de Michaux et de nous tous – de la lutte contre l’échec scolaire et la marginalisation sociale, et pour l’humanisation démocratique toujours à reconstruire. Demain, à nouveau, la poésie pourra répondre : présente !

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