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Dossier

Le patrimoine thermal du premier XXe siècle dans les Pyrénées

The thermal heritage of the first 20th century in the Pyrenees
Alice de la Taille

Résumés

Si la majorité des stations thermales pyrénéennes sont antérieures au XXe siècle, elles sont bien peu à ne pas avoir été modifiées dans la première moitié du siècle, portées par les évolutions de leur cadre juridique, économique et social. Ce patrimoine thermal contemporain est dans l’ensemble peu connu et valorisé : l’étude thématique sur le versant français des Pyrénées conduite ces dernières années permet de le réévaluer.

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Texte intégral

1Les stations thermales des Pyrénées (fig. 1) sont l’objet d’un inventaire thématique depuis 2016, notamment grâce au projet de recherche TCVPYR (Tourisme Culture et Villégiature dans les Pyrénées) qui s’est déroulé entre 2017 et 2021 avec des fonds du FEDER. Les données récoltées, progressivement mises en ligne sur le portail de la région Occitanie et sur le site du ministère de la Culture, permettent d’élaborer des synthèses plus transversales. L’objet du présent article est ainsi d’évaluer la production architecturale liée au thermalisme dans la première moitié du XXe siècle, soit avant l’arrivée du thermoludisme qui se développe à partir des années 1960. L’analyse des types d’édifices élevés à cette époque, des partis pris constructifs des maîtres d’œuvre impliqués doit permettre d’apprécier l’intérêt patrimonial de cette production.

2Les sites thermaux des Pyrénées sont à peu près tous en activité autour de 1900 : certains sont des stations anciennes, tels Bagnères-de-Bigorre, Barèges (Hautes-Pyrénées) ou Ax-les-Thermes (Ariège), d’autres des fondations plus récentes. Alet-les-Bains, dans l’Aude, n’a obtenu qu’en 1886 une autorisation ministérielle d’exploitation et c’est à la même époque qu’à Argelès-Gazost (Hautes-Pyrénées), le quartier thermal est établi à l’initiative d’Hector Sassère. L’enjeu pour certains est de se moderniser tandis que d’autres sites ont encore tout à développer.

Fig. 1

Fig. 1

Cartographie des stations thermales pyrénéennes

A. de la Taille © Inventaire général Région Occitanie

L’évolution du cadre national et ses effets pyrénéens

3Le monde du thermalisme est marqué dans son ensemble par quelques grandes évolutions qui se répercutent plus ou moins dans la chaîne pyrénéenne. Un décret et une loi adoptés au tournant du siècle concernent directement les stations thermales et font évoluer le cadre de leur activité. Les évolutions socio-économiques, tout comme la modernisation des transports, sont également à prendre en compte.

La clientèle coloniale

  • 1 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1896, n° 3, rapport n° 70, 24 mars, p. 168.
    Bu (...)
  • 2 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1894, n° 10, rapport n° 210, 19 octobre, p. 77 (...)
  • 3 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1897, tome 8 bis, p. 900.
  • 4 - AD Haute-Garonne, 26 FI 66 788.
  • 5 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1911, tome 9, p. 1 212.
  • 6 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1921, n° 6 à 12, p. 1 671.
  • 7 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1922, n° 7, p. 1 028 et 1 320.
  • 8 - JENNINGS, 2011, p. 86-88. Encausse-les-Thermes est alors la 40e station homologuée au niveau nati (...)
  • 9 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1929, tome 43, 16 novembre, p. 1 894.
  • 10 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1933, tome 47, décret n° 49, p. 132.
  • 11 - JENNINGS, 2011, p. 82.

4Un décret du 27 janvier 1894 avait fixé le droit aux indemnités de séjour à allouer aux officiers, fonctionnaires, employés ou agents civils et militaires des services coloniaux ou locaux admis, sur avis du conseil supérieur de santé des colonies, à faire usage des eaux thermales ou minérales. Progressivement des stations sont habilitées à recevoir ce personnel colonial, qui venait déjà de façon informelle depuis le milieu du XIXe siècle : les deux premières sont Vals (Ardèche) et le Boulou (Pyrénées-Orientales)1, suivies la même année par Ax-les-Thermes2. Le ministre des Colonies qui présente ce rapport est Théophile Delcassé, également député ariégeois, ce qui explique sans doute le classement précoce de cette station. Sur les douze stations habilitées en 18973, quatre sont situées dans les Pyrénées : les deux premières ont été rejointes par La Preste (Pyrénées-Orientales) et Cauterets (Hautes-Pyrénées). À La Preste, un bâtiment spécifique est construit pour accueillir cette clientèle, la caserne des convalescents coloniaux4. Bagnères-de-Bigorre est inscrite sur la liste des stations habilitées en 1902, la station ariégeoise d’Audinac5 en 1911. Les classements reprennent dans les années 1920 : Alet-les-Bains6 en 1921, Ginoles-les Bains (Aude) et Bagnères-de-Luchon en 19227, Encausse-les-Thermes en 19268, Barbazan9 en 1929. En Haute-Garonne, outre ces trois stations, Salies-du-Salat10, après la reconstruction de son établissement thermal en 1922 obtient ce statut en 1933. Ginoles (Aude) est classée car la composition de ses eaux la rapproche de Vittel (Vosges) et que cette catégorie d’eau fait défaut dans la région. Pour Encausse11, ce sont les vertus antipaludéennes, connues depuis le milieu du XIXe siècle, qui sont mises en avant, tout comme à Barbazan. Par rapport à cette dernière station, le rapport souligne le climat modéré et la qualité de l’aménagement des hôtels et établissements. À Alet, afin d’obtenir le statut de station d’accueil des coloniaux, les établissements thermaux et hôtels s’étaient d’ailleurs engagés à consentir des facilités à cette clientèle spécifique. Les stations qui recherchent la fréquentation coloniale sont autant des stations importantes que des sites de tailles plus réduites, qui procurent néanmoins une offre satisfaisante en termes d’infrastructures d’accueil. Cette clientèle coloniale, subventionnée, assurait aux stations un public fidèle, la seule concurrence venant des hôpitaux militaires où la prise en charge des coloniaux était complète.

Le classement des stations

5La labellisation pour le personnel colonial s’est doublée, à partir de 1910, du nouveau statut de station hydrominérale, mais les deux ne sont pas liés. Ginoles obtient de pouvoir accueillir les coloniaux en 1922, année même où le statut de station hydrominérale lui est refusé, ce qui est aussi le cas à la Preste. Le Boulou, première station qui bénéficie de la loi de 1894 n’est classée qu’assez tardivement, en 1930.

  • 12 - CARIBON, 1994, p. 50-51.
  • 13 - Loi du 13 avril 1910, Journal officiel du 15 avril 1910, P. 3 429-3430.

6La création du statut de station hydrominérale est précédée d’une autre loi, le 15 juin 1907, qui prévoit d’accorder une autorisation temporaire, limitée à la saison des étrangers, aux cercles et casino des stations balnéaires, thermales ou climatiques. Elle met un terme à une succession de décisions pendant le XIXe siècle qui avaient installé une situation de tolérance illégale quant à l’exploitation publique des jeux12. La nouvelle loi prévoit qu’indépendamment du cahier des charges de l’exploitant, 15 % du produit brut des jeux doit être prélevé et employé pour les œuvres d’assistance et de bienfaisance. Plus que la loi de 1894 sur les coloniaux, celle de 1907 rend nécessaire la définition légale de ce qu’est une station thermale, ce à quoi répond la loi promulguée le 13 avril 1910. Elle prévoit que toute commune, fraction de commune ou groupe de communes qui possède sur son territoire soit une ou plusieurs sources d’eaux minérales, soit un établissement exploitant une ou plusieurs sources d’eaux minérales, peut être érigée en station hydrominérale. Cette création « a pour objet de faciliter le traitement des indigents et de favoriser la fréquentation de la station et son développement par des travaux d’assainissement ou d’embellissement »13. Les stations peuvent percevoir une taxe de séjour dont le montant est affecté à ces réalisations, après avis d’une chambre d’industrie thermale, également instaurée par la loi. La nouvelle loi offre une possibilité de ressources supplémentaires pour les stations avec pour contreparties des normes d’hygiène (alimentation en eau potable, évacuation des eaux usées) et d’accueil plus fortes qu’ailleurs.

  • 14 - Journal officiel, 5 janvier 1939, p. 339.
  • 15 - Eaux-Bonnes, Capvern en 1912, Lurbe, Bagnères-de-Luchon, Ax-les-Thermes, Luz-Saint-Sauveur, Bagnè (...)
  • 16 - AD Hautes-Pyrénées 8 M 31, extrait du registre des délibérations du conseil municipal de Ferrère, (...)

7Entre 1910 et 1919, 46 communes14, dont onze dans les Pyrénées15, obtiennent leur classement en station hydrominérale (et parfois climatique) soit un tiers du corpus global, mais seules neuf instaurent une taxe de séjour (dont aucune dans les Pyrénées hormis Dax) par crainte de la concurrence. La petite station de Saint-Nérée (Hautes-Pyrénées) sollicite le classement dès 1910 mais dix ans plus tard il n’est toujours pas effectif, le sous-préfet jugeant l’établissement de moindre importance16.

  • 17 - Dont 8 dans les Pyrénées : Amélie-les-Bains en 1921, Argelès-Gazost, Alet-les-Bains, Audinac-les- (...)

8Après la Grande Guerre, le congrès des stations thermales, réuni à Lyon en avril 1919, émet le vœu que la perception de la taxe de séjour soit rendue obligatoire dans toutes les stations hydrominérales ou climatiques. Cela se concrétise par la loi du 24 septembre 1919 qui instaure aussi une taxe additionnelle destinée à financer l’Institut d’Hydrologie de Climatologie de Paris (créé en 1913) et l’Office national du tourisme (1910), chargé de favoriser le développement et la publicité de toutes les formes d’activités touristiques dont le thermalisme, qui n’en est plus qu’une composante. La loi de 1919 prévoit que les stations doivent compter un minimum de 50 chambres pour être classées, tant pour alimenter un mouvement touristique convenable que pour permettre d’escompter un rendement appréciable de la taxe de séjour. Entre 1920 et 1939, 29 autres communes sont classées comme stations hydrominérales17.

  • 18 - IGN, CCF00G-451_1921_CAF_G-45_0001 à CCF00G-451_1921_CAF_G-45_0011.
  • 19 - TALAZAC, 1939, p. 747-748.
  • 20 - Approuvé en 1930, mais remanié. L’Architecture d’aujourd’hui, p. III-28-29.
  • 21 - Dans les années 1930, il est également président de la Société française des Urbanistes.
  • 22 - Urbanisme, mai 1932 n° 2, p. 70. Le plan est publié dans la même revue en 1934 p. 190.
  • 23 - TALAZAC, 1939, p. 750.
  • 24 - Urbanisme, juillet-août 1936, p. 302-303.
  • 25 - Indépendant des Hautes-Pyrénées, 11 décembre 1930, p. 3.
  • 26 - Dangey conçoit le PAEE de Nîmes, encore en cours d’étude en 1939, année de sa publication dans L’ (...)
  • 27 - L’Architecture d’aujourd’hui, 1939, p. III-59.
  • 28 - RENAUD, 2016, paragraphe 12.

9Depuis mars 1919, les stations thermales et climatiques étaient également soumises à la loi Cornudet qui les contraignait, comme d’autres catégories de villes, à se doter d’un plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension (PAEE). À Luchon, le plan commandé successivement aux architectes Antonin Esparbès et Léon Jaussely, auteur des PAEE de Toulouse et Pau notamment, n’aboutit pas après leurs décès et la volonté municipale s’essouffle sur le sujet. Une couverture photographique aérienne complète a néanmoins été réalisée par la Compagnie aérienne française en 192118 dans l’optique du PAEE. À Encausse-les-Thermes un PAEE est signé par Robert Armandary en 193019, juste un an après le décret érigeant la ville en station hydrominérale mais une dizaine d’années plus tard, il n’est toujours pas effectif. Auteur du PAEE de Perpignan (Pyrénées-Orientales)20, Adolphe Dervaux, architecte en chef de la Compagnie du Midi21, signe au début des années 1920 le plan d’extension d’Ax-les-Thermes (non réalisé), exposé parmi d’autres projets de PAEE lors du IIIe congrès international de technique sanitaire et d’hygiène qui se tient à Lyon en 193222, ainsi que celui de Barbazan, approuvé en 193523 mais non réalisé. Le parc thermal24 était destiné à être au centre de la nouvelle agglomération, au détriment du village. À distance raisonnable du cours de la Garonne pour en être protégé, une route promenade ponctuée de villas devait être aménagée autour du lac, situé à 1 km du parc. La construction d’un nouveau pont sur la Garonne devait permettre l’implantation d’une route plus directe entre la gare de Loures-Barousse et la station. Plus étonnant, un téléphérique était prévu pour atteindre un belvédère à 700 m d’altitude sur la montagne de la Mage. Bagnères-de-Bigorre confie la conception de son PAEE à l’architecte parisien Marcel Macary25. L’architecte Georges Wybo, plutôt à l’œuvre dans l’architecture commerciale, produit, associé à Fr. Dangey26 celui de Cauterets en 193727. Le plan prévoit d’améliorer l’accès à la station grâce à la construction d’un second pont et d’une route sur la rive droite du gave, pour doubler celle de la rive gauche. Des mesures sont édictées pour la protection du site et des règles nouvelles sont établies pour les constructions à venir. La majorité des stations thermales pyrénéennes n’a pas bénéficié de PAEE et quant à celles pour lesquelles un tel plan a été réalisé, il ne semble pas avoir été mis en œuvre. Ce n’est pas propre aux Pyrénées car au niveau national, à la veille de la seconde guerre mondiale, seuls 20 % des projets sont approuvés : en 1940, 273 PAEE avaient vu le jour et 158 étaient en préparation sur les 1 938 communes concernées par la loi Cornudet28.

La modification de la fréquentation

  • 29 - JAMOT, 1988, p. 20.

10L’évolution de la fréquentation pendant la première moitié du XXe siècle a été analysée par Christian Jamot29, notamment à partir des données des taxes de séjour. Elles prennent en compte tous les visiteurs et non les seuls curistes mais cela donne un ordre de grandeur de la fréquentation touristique.

  • 30 - JAMOT, 1988, p. 487.

11Le mouvement général est une progression rapide et régulière à partir de 1919, qui permet de dépasser de beaucoup les chiffres des baigneurs d’avant la première guerre mondiale, avec un élargissement du cercle des privilégiés qui fréquentent les stations. La crise économique des années 1930 n’a d’effet dans les stations qu’à partir de 1932, où l’on note une stagnation, surtout dans les petits centres comme Le Boulou, mais la reprise, doublée d’une hausse rapide est effective dès 1937-1938. Dans l’entre-deux-guerres, ce sont les activités polyvalentes de tourisme qui font les grandes stations. En 1938, environ 25 stations assurent entre 80 et 90 % de la fréquentation tandis qu’une dizaine, plus modestes, sont à des niveaux d’autres types de stations touristiques. Les régions où se concentrent les stations sont alors dotées d’une ou deux stations phares, Bagnères-de-Luchon et Cauterets dans les Pyrénées, dont les fréquentations respectives sont autour de 70 000 (pour 8 000 curistes) et de 25 000 personnes. Les centres secondaires se situent entre 5 000 et 10 000 baigneurs30, comme Capvern-les-Bains (Hautes-Pyrénées), Ax-les-Thermes, ou Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales). Bagnères-de-Bigorre, étoile pyrénéenne des siècles précédents n’est alors plus qu’à 2 400 curistes environ.

12Des palaces et grands hôtels sont encore construits au début du siècle, modernisés dans les années 1920 et 1930 mais en parallèle, une hôtellerie plus modeste se développe. Avant 1914, elle logeait le personnel nombreux de la clientèle aisée. Après 1918, la domesticité baisse et la petite hôtellerie se tourne alors vers les nouvelles couches sociales qui fréquentent les stations touristiques, avec des frais de fonctionnement bien moindre que ceux des palaces.

  • 31 - JAMOT, 1988, p. 52.

13En 193031, la loi sur les assurances sociales permet l’accès théorique des assurés au thermalisme médical. Elle fonctionne par incitation avec un remboursement partiel des frais thérapeutiques. Ces assurances sociales, non obligatoires pour tous, ont néanmoins un développement encore limité. Elles bénéficient surtout aux classes moyennes qui viennent en famille dans les stations et aux enfants.

Une architecture aux multiples influences au début du siècle

  • 32 Première partie de la ligne connue sous l’appellation Train jaune.

14À l’orée du XXe siècle, les stations thermales des Pyrénées bénéficient pour la plupart d’une bonne desserte, et les dernières ramifications du réseau se mettent en place. Ainsi entre 1911 et 1914, au sud de l’Ariège, à quelques kilomètres de la frontière espagnole, le site de Sentein est-il relié à Saint-Girons par une ligne de tramway dont c’est le terminus et une gare est construite. En Cerdagne, la mise en service en 1910 de la section Villefranche-Montlouis32 facilite l’accès aux petites stations voisines de Saint-Thomas-les-Bains, Thuès-les-Bains (Pyrénées-Orientales). La période est encore à la construction de quelques établissements thermaux et grands hôtels, mais c’est davantage la construction de villas individuelles, pouvant servir de pensions de famille, qui marque l’époque.

Barbazan : une station 1900

  • 33 - AM Barbazan, 1 G 10.
  • 34 Tous les dossiers d’inventaire [IA…] ont été consultés sur la plateforme POP le 18 juillet 2022.
  • 35 - Un dispositif voisin était en place dans la buvette d’Encausse-les-Thermes.

15La station de Barbazan [IA31005904], en Haute-Garonne, est largement remodelée après l’arrivée en 1901 d’un nouveau propriétaire, Louis Daumas33, qui entreprend une importante campagne de modernisation. Il fait édifier un nouvel établissement thermal [IA31005905] (fig. 2) en 1910 complété en 1911 par un pavillon de buvette [IA31005906] toujours en place aujourd’hui. Ces thermes se distinguent de l’établissement primitif par leur fonction, car ils n’abritent plus de logements. Ils sont constitués par une grande aile en V ouvert de part et d’autre d’un pavillon central. Une longue colonnade délimite la galerie-promenoir qui longe la façade, disposition qui confère sa monumentalité à l’édifice et renvoie aux modèles du siècle précédent, comme Bagnères-de-Luchon [IA31012354] ou Ussat-les-Bains [IA09004141] (Ariège)34. La décoration de la colonnade, chapiteaux à volutes rentrantes, guirlandes et mascaron, fait prédominer le vocabulaire classique. La buvette est pour sa part assez représentative de l’art 1900 avec son architecture articulant le métal et les vitraux. Les huit piliers du kiosque qui l’abritent portent alternativement des versants droits et curvilignes qui ponctuent les berceaux transversaux. Le dôme central qui surplombait initialement l’ensemble a depuis été remplacé par un lanterneau octogonal. La buvette bénéficie d’un dispositif recherché : l’eau thermale s’écoule depuis un globe en verre35 reposant sur un socle en marbre et est recueillie par une série de coupelles. Les verrières qui ornent la buvette représentent des nymphes parmi les roseaux.

Fig. 2

Fig. 2

Barbazan (Haute-Garonne), établissement thermal, détail du corps central

A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie

16Un grand hôtel est également construit en 1914 à Barbazan [IA31005911] (fig. 3), sous l’impulsion de Raymond Célestin Bergougnan, industriel de Clermont-Ferrand. C’est le premier véritable hôtel de la station, les curistes logeant jusqu’alors plutôt dans les hôtels de la commune voisine de Loures-Barousse où se trouvait la gare. Le soin apporté au traitement des façades, le parc arboré dans lequel il était implanté indiquent que l’hôtel visait une clientèle cossue.

Fig. 3

Fig. 3

Barbazan (Haute-Garonne), ancien grand hôtel

A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie

Les grands projets

17Le plan en V ouvert des thermes de Barbazan est adopté à la même époque par l’architecte Jules Antoine Noutary à l’établissement de Beaucens (Hautes-Pyrénées), inauguré en 1914. Le bâtiment conjugue fonctions thermales et hôtelières, qui se répartissent sur les deux niveaux des deux ailes tandis qu’un grand hall occupe le corps central et distribue l’ensemble. L’extérieur privilégie un aspect rustique, avec un appareil en pierre ponctué de briques et de nombreux aisseliers qui portent l’avant-toit. À l’intérieur au contraire, le décor mêle céramiques et stucs dans des décors végétaux et d’arabesques qui évoquent l’Art nouveau (fig. 4).

Fig. 4

Fig. 4

Beaucens (Haute-Pyrénées), établissement thermal, détail du décor intérieur d’esprit Art nouveau

J. Thuret © Inventaire général Région Occitanie © Université de Pau et des Pays de l’Adour

  • 36 - La Gazette des eaux, 7 mars 1914, p. 304.

18À l’orée du siècle, les Bains Mercader [IA66003318]de Vernet-les-Bains, rachetés en 1889 par le comte Henry de Burnay, avaient pour leur part été reconstruits selon les plans de l’architecte Viggo Dorph Petersen. L’édifice, connu seulement par des photographies anciennes, est de grandes dimensions et sans caractère architectural qui en signalerait la fonction thermale. La Gazette des eaux en vante en revanche l’aménagement intérieur : « la blancheur et l’aspect d’extrême propreté des salles entièrement revêtues de céramiques. Le coup d’œil dès l’entrée est très joli et donne au visiteur une certaine impression de gaîté36 ». La station est fréquentée alors pour une double raison : la partie basse du village pour ses eaux sulfureuses et la partie haute, à 700 m d’altitude, comme station climatique pour son air léger et pur. Un sanatorium a d’ailleurs été construit mais fut vite désaffecté, par crainte que l’afflux de tuberculeux fasse fuir la clientèle des baigneurs.

19Associé à Jules Charpeil, agent Hennebique, l’architecte Viggo Dorph Petersen rénove les thermes de Thuès-les-Bains [IA66006116] avant 1914, dans la foulée de l’arrivée du train en 1910. Deux galeries superposées sont alors aménagées et l’ensemble des installations est modernisé.

20Un autre projet d’envergure de ce début du siècle est la construction d’un hôtel de luxe à Bagnères-de-Luchon, le Pyrénées Palace [IA31012369], dont le projet est dû à l’architecte Édouard-Jean Niermans qui édifie à la même époque l’hôtel Négresco de Nice. Inauguré le 25 juin 1913, l’hôtel aux lignes architecturales épurées et modernes (fig. 5) comprenait 150 chambres et 60 salles de bain. L’aménagement intérieur était beaucoup plus classique, avec décors stuqués.

Fig. 5

Fig. 5

Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne), Pyrénées Palace, vue d’ensemble

A. Boyer P. Poitou © Inventaire général Région Occitanie

21La forte fréquentation des stations thermales à cette époque se manifeste jusque dans les petites stations : à Escouloubre [IA11000261] en 1910, un hôtel neuf, vient presque doubler la capacité hôtelière de la station. Construit le long de la route, dans le prolongement de l’hôtel vieux par le nouveau propriétaire, Sarda, il compte sept travées réparties sur quatre niveaux, soit une travée de moins que l’hôtel vieux. Ce nouvel hôtel, plus confortable, visait une nouvelle clientèle, plus aisée, et comportait un décor brique et pierre sur les chaînes d’angles et les encadrements des ouvertures.

22Deux projets d’architecture religieuse sont à signaler en ce début du XXe siècle et marquent un arrêt de ce type d’aménagements dans les stations thermales jusqu’aux années 1960. À Vernet-les-Bains, une église anglicane dédiée à Saint-Georges est financée par la communauté britannique en villégiature dans la station et consacrée en 1914. Le parti architectural adopté, tant dans le plan général que dans la mise en œuvre, évoque l’architecture catalane vernaculaire. La construction d’un temple [IA66006080] à Amélie-les-Bains (fig. 6) était en projet depuis les années 1890, pour satisfaire la clientèle protestante. Il est finalement construit en 1901 sur l’emplacement étroit d’un ancien édifice de la rue des thermes. Les travaux de construction du temple sont confiés à l’architecte danois Viggo Dorph Petersen, dont les réalisations en Roussillon sont nombreuses et remarquables. De confession protestante lui-même, il a également réalisé le temple de Collioure, dont on retrouve quelques lignes architecturales ici. La façade, dont les choix décoratifs évoquent l’architecture gothique, notamment par le motif récurrent du quadrilobe, masque un édifice plus complexe qui bénéficie de la déclivité de la parcelle et où était aménagé l’appartement du pasteur.

Fig. 6

Fig. 6

Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales), temple, façade

A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie

Les villas

23Les villas étaient pour l’essentiel vouées à la location même si les sources le confirmant ne sont pas légion. Leur construction se poursuit dans nombres de stations au début du XXe siècle, souvent dans un style éclectique comme cette villa [IA31005898] d’Encausse-les-Thermes datée de 1911 (fig. 7), qui conjugue éléments de l’architecture classique (décor de bossage, lucarne passante cintrée) et traits néogothiques (meneaux, quadrilobe). À Capvern-les-Bains, la villa Joliette [IA65007570], signée par l’architecte Gustave Labat en 1905, se signale par son décor de briques rouges et blanches, courant à cette époque, la présence d’un bow-window et le maintien d’éléments locaux en bois comme le balcon ou les aisseliers (fig. 8).

Fig. 7

Fig. 7

Encausse-les-Thermes (Haute-Garonne), villa, façade sud, 1911

A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie

Fig. 8

Fig. 8

Capvern-les-Bains (Hautes-Pyrénées), villa Joliette, vue d’ensemble

A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie

24Plusieurs villas de Salies-du-Salat présentent des caractéristiques voisines et l’une d’elles est datée de 1907, ce qui permet de proposer une datation voisine pour les autres. Parmi ces villas, deux sont des villas de médecin, les docteurs Cep et Camille Barbé, tous deux employés au sanatorium. Celle du docteur Cep [IA31012805] est située à proximité de la gare tandis que celle du docteur Barbé [IA31012804] est proche du sanatorium. Respectant l’alignement général de la rue, cette dernière est dominée néanmoins par des décrochements de volumes, tant en façade qu’au niveau des toitures. Un décor de brique rouge et jaune anime les murs comme sur la villa du docteur Cep. Celle-ci (fig. 9) comporte également de nombreux éléments en bois qui concourent à l’effet de pittoresque recherché. Il est accentué par la haute tourelle qui ponctue l’articulation du plan en L et est sommé d’une monumentale toiture à égouts retroussés. à Bagnères-de-Bigorre, la villa Castel-Mouly [IA65007094], attribuée également à Gustave Labat, décline des caractéristiques très similaires et conserve en outre son portail dont les ferronneries sont très marquées par l’Art nouveau. Elle a été construite pour un autre médecin thermal, Louis Lafforgue, également pyrénéiste et élu de la ville. Plus sobre est, dans la même station, la villa Marie Louise [IA65007087], dont les plans sont dressés en 1902 par l’architecte montpelliérain Léopold Carlier.

Fig. 9

Fig. 9

Salies-du-Salat (Haute-Garonne), carte postale (L. Cérès éditeur) villa du Dr. Cep

© Collection Claude Rigal

25Ces villas manifestent dans l’ensemble un refus de la symétrie, que ce soit en plan ou dans l’organisation des façades. Une tour, des bow-windows, loggias ou pergolas animent notamment les volumes. Les toitures complexes identifient les différentes parties de ces maisons et leur donnent un caractère affirmé. Enfin, les décors polychromes obtenus par la brique ou par des céramiques notamment sont nombreux.

26À Cadéac (Hautes-Pyrénées), les quelques villas construites au début du siècle sont plus sobres, marquées par le type du chalet avec un décor en bois découpé et ajouré. C’est le cas du chalet de la Tour [IA65000279], édifié en 1906 pour Louis Mancipis, propriétaire de l’établissement thermal de la rive droite de la Neste. La villa Graziella [IA65000358], pension de voyageurs, et la villa moderne [IA65007510], divisée dès l’origine en appartements pour la location, sont construites toutes deux en 1909 dans le même esprit.

27La villa Henry à Siradan [IA65007523] (Hautes-Pyrénées) se détache dans ce corpus par le soin apporté à sa construction et l’homogénéité de son style architectural marqué par l’Art nouveau. Son propriétaire dans les années 1900, Louis Adolphe Henry est peut-être son concepteur car ce nom apparaît parmi les élèves architectes de l’école des Beaux-Arts. Des ferronneries courbes en coup fouet ornent le portail d’entrée, la marquise et les garde-corps (fig. 10) qui surplombent l’oriel sud et la pièce hors-œuvre nord. Ce motif est cité plus discrètement dans les aménagements intérieurs.

Fig. 10

Fig. 10

Siradan (Hautes-Pyrénées), villa Henry, détail des ferronneries Art nouveau

G. Baglin © Inventaire général Région Occitanie ; © Université Toulouse – Jean Jaurès

L’entre-deux-guerres

28La première guerre mondiale constitue une parenthèse dans de nombreuses stations, comme Campagne-sur-Aude [IA11000798], qui ont accueilli les militaires blessés, d’abord en raison de leurs capacités d’accueil, puis souvent pour des soins thermaux, notamment pour les voies respiratoires. Certains établissements thermaux sont ensuite reconstruits ou agrandis pour s’adapter à l’évolution des soins et renouveler l’offre thermale.

Le patrimoine des bains

  • 37 - TOULIER, 2006.

29Un nouvel établissement thermal [IA31012810] monumental est ainsi construit en 1922-1923 à Salies-du-Salat, à 500 m des anciens bains salins. L’architecte, Joseph Thillet, choisit un parti néo-égyptisant pour la façade et le hall de l’édifice, desservant deux ailes latérales plus neutres qui encadrent un grand jardin intérieur (fig. 11). L’ensemble forme un grand quadrilatère de 110 m de long et 70 m de large. Une centaine de cabines de bains se répartissent sur deux niveaux dans les deux ailes latérales tandis qu’une piscine de 55 m² ferme le quadrilatère. Le hall était destiné à servir de salle des fêtes et le projet prévoyait également des salles de lecture, de réunion, de correspondance et de consommation. La partie égyptisante de l’édifice présente un décor exubérant de céramiques vernissées notamment des motifs de palmiers et un demi-soleil pharaonique au centre de la façade. Le décor se poursuivait dans le hall qui bénéficiait d’un éclairage zénithal. Ce décor égyptisant est appliqué aux colonnes doriques du portique et aux colonnes ioniques du hall. Ces références à l’architecture grecque habillées en style égyptisant manifestent une déclinaison éclectique originale. Ce choix orientalisant des thermes construits par Thillet offre une certaine continuité thématique avec les bains [IA31012809] qu’ils remplacent qui étaient de type mauresque. La vogue orientaliste était répandue depuis le XIXe siècle37, particulièrement dans les villes d’eaux, mais, avec les thermes mauresques de la Léchère (Savoie) en 1929, ceux de Salies font partie des dernières manifestations de ce style.

Fig. 11

Fig. 11

Salies-du-Salat (Haute-Garonne), établissement thermal, façades néo-égyptienne

A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie

  • 38 - AD Hautes-Pyrénées, 2 O 744, 1928.
  • 39 - L’édifice a été modifié et agrandi dans les années 1960 par l’architecte Paul de Noyers.
  • 40 - Indépendant des Basses-Pyrénées, 14 mai 1930.

30À Capvern-les-Bains, c’est dans un esprit fort différent qu’est reconstruit l’établissement thermal à la fin des années 1920. Les plans des thermes du Bouridé sont dressés en 1928 par l’architecte parisien Marcel Macary38 et les travaux achevés avant 1932. L’ossature est en béton armé avec remplissage en brique, le tout recouvert à l’intérieur comme à l’extérieur, d’un crépi. Les lignes horizontales et la géométrie prédominent dans le nouvel édifice, couvert de toits terrasses39. Macary intervient également dans les années 1930 à Bagnères-de-Bigorre, époque où il est désigné par la Ville pour dresser son PAEE. Il conçoit un nouveau pavillon de la source Salies en 193040, modernise les Néothermes et construit un nouvel hôtel des postes en 1936. Sa façade est précédée d’une rotonde en rez-de-chaussée et de deux galeries latérales aux lignes géométriques. Le garde-corps surmontant la rotonde était initialement formé par l’inscription « Poste télégraphe téléphone » à la typographie moderne. La façade, traitée en fronton à redents évoque pour sa part les granges traditionnelles à pas d’oiseaux de la vallée de Campan.

  • 41 - AD Haute-Garonne, 7689 W 19, 1931.

31Un incendie endommage fortement les bâtiments de la station de Siradan41 [IA65007526] en 1929 et l’établissement thermal [IA65007514] est presqu’entièrement rebâti tandis que l’hôtel primitif laisse place à une construction moderne. Les nouveaux thermes conservent l’avant-corps central de l’édifice précédent, surmonté d’un fronton triangulaire, mais les ailes latérales sont traitées de façon moderne, tout comme le nouveau pavillon pour la buvette de la source du Lac [IA65007528] qui se signale par ses colonnettes lisses et son fronton. Au début des années 1930 l’établissement accueille environ deux cents baigneurs et cent cinquante buveurs par an.

32L’établissement thermal du Couloubret [IA09005651] à Ax-les-Thermes est entièrement reconstruit au début des années 1930 par les architectes Barthélémy Guittard et Jean Valette (fig. 12). À l’opposé de la blancheur de nombres de constructions des années 1930, comme Siradan ou le Vaporarium contemporain de Luchon, le parti adopté en façade est la pierre de taille traitée en léger bossage rustique. La galerie qui longe la façade est ouverte de sept arcades qui reposent sur des colonnes lisses avec des oculi dans chaque écoinçon.

Fig. 12

Fig. 12

Ax-les-Thermes (Ariège), établissement thermal du Couloubret, façade sud

A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie

Les loisirs

33Les casinos constituent un lieu de loisirs à la vocation plus étendue qu’une seule salle de jeu et sont encore souvent incontournables dans les stations. De nouveaux travaux permettent à la fin des années 1920 d’achever le casino d’Ax-les-Thermes [IA09005654], qui avait ouvert en 1907 (fig. 13). À Bagnères-de-Luchon, l’architecte Henri Martin conçoit en 1929 une nouvelle façade, très géométrique, pour agrandir et mettre au goût du jour le casino [IA31011219] construit quarante ans plus tôt. Barbazan connaît également une période faste dans l’entre-deux-guerres, grâce en partie à sa renommée pour l’accueil des fonctionnaires coloniaux. C’est dans ce contexte qu’un casino est construit en 1933 au sud-ouest du parc thermal par la Société anonyme des eaux minérales de Barbazan, qui a racheté la station à Louis Daumas en 1930. Sa forme architecturale, à la géométrie moderne, tranche avec le style des autres édifices de la station. En 1939, à Argelès-Gazost, l’architecte Jean Escougnou réalise la transformation en casino [IA65000447] de l’institut de thérapeutique physique42. La façade sud, d’inspiration Art déco, présente des lignes horizontales dont l’effet est accentué par la blancheur de l’enduit. Dans la foulée de l’établissement thermal, une salle des fêtes est construite à Salies-du-Salat en 1934, selon les plans d’Edmond Pilette43 , qui présentait l’originalité d’être construite sur pilotis et dans le même esprit moderniste que les casinos contemporains (fig. 14). Au nombre de ces réalisations (fig. 15) on peut également compter celui [IA65007230] de Luz-Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées), construit après l’obtention du statut de station thermale à un emplacement stratégique reliant la station au bourg.

Fig. 13

Fig. 13

Ax-les-Thermes (Ariège), casino ; façade sud

A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie

Fig. 14

Fig. 14

Salies-du-Salat (Haute-Garonne), carte postale (APA) salle des fêtes sur pilotis

© Collection Claude Rigal

Fig.15

Fig.15

Luz-Saint-Sauveur (Haute-Pyrénées), casino ; photographie ancienne

V. Delpech (reproduction) © Inventaire général Région Occitanie © (c) Université de Pau et des Pays de l’Adour

  • 44 - AD Pyrénées-Atlantiques, fonds Noutary.

34Les architectes pères et fils Noutary44, respectivement Jules et Fernand, sont très actifs à Cauterets dans l’entre-deux-guerres. Ils modernisent de nombreux hôtels mais également des sites touristiques en plein essor, comme l’esplanade des Œufs en 1933 ou les différentes hôtelleries de montagne à la demande de leur concessionnaire A. Jorly fils : hôtellerie du Pont d’Espagne, du lac de Gaube, du lac d’Espingo et refuge Wallon Marcadau. L’ensemble de cette production privilégie l’insertion paysagère et est marquée par une esthétique vernaculaire où dominent les parements en pierre.

35À Aulus-les-Bains, les années 1930 correspondent également à une période d’aménagements : la salle de casino est reconstruite et un nouveau bureau de poste (fig. 16) est établi, plus près de la station de tramway et du cœur de la vie thermale. En 1937, la commune obtient même le changement officiel de son nom en « Aulus-les-Bains » mais malgré tous ces efforts, l’activité thermale et décline et cesse définitivement en 1938.

Fig. 16

Fig. 16

Aulus-les bains (Ariège), bureau de poste ; façade 1934

A. Comet © Inventaire général Région Occitanie ; © Université Toulouse – Jean Jaurès

36On peut englober dans ce patrimoine des loisirs le musée Salies de Bagnères-de-Bigorre [IA65000717], construit en 1931 selon les plans de l’architecte toulousain Léon Jaussely. C’est la seule œuvre du patrimoine thermal du XXe siècle des Pyrénées à bénéficier d’une inscription au titre des monuments historiques depuis 2014. Le plan général est simple mais bien articulé, chaque volume correspondant à une fonction, tel l’avant-corps à pans coupés de l’élévation ouest qui abrite la cage d’escalier. L’ensemble, d’une grande homogénéité, se caractérise par le soin apporté aux différents éléments décoratifs, par le recours à des matériaux et des techniques variés qui concourent à l’équilibre décoratif. Le musée avait été constitué en 1852, à l’initiative d’Achille Jubinal, député des Hautes-Pyrénées de 1852 à 1870. Il avait fait don d’une partie de sa collection, à laquelle était venu s’ajouter d’importants envois de l’État, notamment grâce à ses bonnes relations avec la Princesse Mathilde. Cela a permis un apport important de toiles issues des grands salons parisiens représentant tous les mouvements artistiques de la première moitié du XIXe siècle. La collection s’est accrue à la suite des legs de Justin Daléas, drapier toulousain, qui fait construire le nouveau musée auquel il donne le nom de la source voisine (Salies) qui l’aurait guéri.

  • 45 - La société de l’établissement du Modèle s’était engagée à fournir pendant dix ans le surplus d’ea (...)

37Les premiers aménagements sportifs datent également de cette époque : cinq courts de tennis et leur club-house sont ainsi prévus en 1930 dans les plans du lotissement du Parc d’Espagne [IA09005784] à Ax-les-Thermes. L’installation sportive est complétée en 1949 par une piscine alimentée en eau thermale45 et en 1953 par un mini-golf. Le golf de Bagnères-de-Luchon, qui existait depuis 1908, voit son parcours redessiné après les inondations de la Pique en 1925. Une nouvelle structure est créée en décembre 1930 : la société de golf et des tennis de Luchon, société anonyme au capital de 278 000 francs dont sont membres notamment le bey de Tunis, le Premier Ministre grec Venizelos, Sacha Guitry et Yvonne Printemps.

L’habitat

  • 46 - La commune d’Encausse a transformé son nom en Encausse-les-Thermes en 1921, preuve de l’essor du (...)

38La station d’Encausse-les-Thermes46 [IA31005902] connaît une nouvelle période d’épanouissement à partir de la seconde moitié des années 1920, suite à son classement parmi les stations pouvant accueillir les fonctionnaires coloniaux et à sa renommée pour le traitement du paludisme. Pendant cette période, la station expédie 100 000 bouteilles par an. Cet essor est de courte durée et l’activité thermale décline dès la fin des années 1930. La villa le Platane [IA31005897], construite en 1928, témoigne de ce dynamisme. Le décor de la façade, qui mêle éléments classiques (balustrade, fausse clé) et modernes (appui saillant à ressaut de l’étage), montre une certaine pérennité de l’éclectisme mais s’éloigne du pittoresque des maisons de la période précédente.

  • 47 - La villa est connue sous les deux noms.

39Si les exemples de villas individuelles se font plus rares dans l’entre-deux-guerres, l’architecte Louis Trénet en construit quelques-unes à Vernet-les-Bains qui combinent éléments régionalistes et partis pris plus modernes comme les jeux de volumes géométrisés ou les jardinières en béton armé. La villa (Marie)-Thérèse47 [IA65007086] à Bagnères-de-Bigorre (fig. 17), construite au XIXe siècle, fait l’objet d’un important remaniement en 1927 et 1928 à l’initiative de son propriétaire. Pierre Lamy de la Chapelle, ingénieur des mines et époux de Germaine Soulé, issue d’une grande famille industrielle de Bagnères, fut un membre actif de la vie locale. Pour sa villa, il fait appel à l’architecte Jules Noutary, qui recompose la façade et réaménage l’intérieur, et au célèbre peintre-verrier Carl Mauméjean. La façade mêle traits modernes (division des baies du rez-de-chaussée, jardinières en béton) et influences régionalistes combinant des traits bigourdans et anglo-normands. Ce dernier emprunt est rare dans les stations thermales pyrénéennes. Le traitement en baie thermale de l’entrée de la villa Thérèse avait déjà adopté à Ax-les-Thermes par l’architecte Édouard Bauhain qui avait construit en 1910 la villa Coecilia [IA09005669] pour le compte du cafetier Émile Champeu.

Fig. 17

Fig. 17

Bagnères-de-Bigorre (Haute-Pyrénées), villa Thérèse ; détail de baie thermale réinterprétée et des jardinières en béton

V. Delpech © Inventaire général Région Occitanie © (c) Université de Pau et des Pays de l’Adour

40À Capvern-les-Bains, les chantiers initiés par le concessionnaire, thermes du Bouridé et casino, insufflent une nouvelle dynamique au sein du quartier thermal. Elle se prolonge jusqu’au début des années 1940 et donne lieu à la construction de quelques villas, à l’instar des villas La Chevrette [IA65007577], Mary [IA65007573] et Les Mésanges [IA65007560] d’inspiration Art déco. C’est aussi pendant cette période que l’Hôtel Le Central [IA65007540] est aménagé et que certains hôtels déjà existants sont réhabilités tels que le Chalet Basque [IA65007561], l’Hôtel Le Pergola ou encore l’Hôtel du Parc [IA65007546], qui se parent d’un habillage soit de style Art déco soit de style néobasque. Ce rafraîchissement du parc hôtelier s’observe dans de nombreuses stations comme Bagnères-de-Luchon (hôtel Pardeillan [IA31012333], hôtel Bristol [IA31012350], et hôtel d’Angleterre [IA31012371], reconstruit en 1929 après un incendie), Bagnères-de-Bigorre (hôtel Lutetia [IA65007026] hôtel Regina [IA65007024], grand café de Bordeaux [IA65007025]) Luz-Saint-Sauveur (hôtel Chili [IA65007206], 1932 [fig. 18]).

Fig. 18

Fig. 18

Luz-Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées), hôtel Chili, vue d’ensemble depuis le nord

J. Thuret © Inventaire général Région Occitanie © Université de Pau et des Pays de l’Adour

  • 48 - On ignore si elle était louée également ou si elle constituait la résidence du propriétaire de l’ (...)

41Les constructions de nouveaux hôtels sont moins fréquentes que ces remises au goût du jour mais sont néanmoins encore d’actualité, que ce soit l’hôtel Le Grillon [IA09005756] d’Ax-les-Thermes en 1935 ou les hôtels Beausoleil [IA66003321] et Alexandra [IA66003338] à Vernet-les-Bains. Le premier date du début des années 1920 et combine l’inspiration de l’architecture vernaculaire et les éléments Art déco (forme des fenêtres de l’escalier, décor de mosaïque et ferronneries) où le motif du soleil est omniprésent. Le second, conçu par l’architecte Marcel Hérans dans les années 1930, présente l’originalité de conjuguer une villa48 et un hôtel de voyageurs. Excentré au sud du bourg et implanté sur les pentes de l’Alpina, l’hôtel offrait, grâce à ses deux galeries superposées, une vue dégagée sur la vallée du Cady. Trois travées aux arcades fermées de grandes baies correspondaient à un avant-corps où se trouvait le restaurant panoramique. Les arcades se poursuivaient sur la villa, qui bénéficiait également de grands balcons. Tous les garde-corps étaient constitués de balustres en pierre qui harmonisaient l’ensemble de la construction de type régionaliste.

  • 49 - AD Ariège, 7 M 58/1, Projet d’aménagement du lotissement du Parc d’Espagne, Compagnie immobilière (...)

42À Ax-les-Thermes, l’habitat est concerné par deux projets de lotissement transformant la station. Le premier, En Castel [IA09005671], est conçu en 1921 et adopté en 1928 selon des plans dressés par Jean Rasonglès, ingénieur à Marseille (fig. 19). Ce lotissement est situé aux abords du noyau de la station, sur la rive gauche de l’Ariège relié par deux ponts, l’un menant à la gare et à la route nationale, l’autre à la ville et aux établissements thermaux. Une dizaine de maisons sont construites dès 1932 et, à la veille de la guerre, elles sont une vingtaine. Un premier projet du second lotissement, le Parc d’Espagne [IA09005758], sur un emplacement très escarpé, avait vu le jour vers 1912 qui devait être ouvert sur la nature environnante, mais ne semble pas avoir abouti. Un second projet voit le jour en 1930, porté par la Compagnie Immobilière et Foncière « France-Indochine » (CIFFIC), manifestation du lien entre la station et l’univers colonial. Le cahier des charges du lotissement est élaboré en juin 1930 et finalement approuvé par le préfet en juin 1931, après quelques modifications. Il comporte plusieurs articles liés à la question de la construction des routes, à l’alimentation en eau et en électricité, au raccordement aux égouts, etc. L’article 7 donne quelques indications sur la construction des villas dont les plans doivent être approuvés par le service architecture et hygiène de la compagnie. Il est notamment précisé que « Les constructions à bon marché, dont les projets ne présenteraient ni l’importance ni la garantie d’esthétique en rapport avec les lots de terrain vendus seront rigoureusement écartés.49 » La construction de commerces ou d’industries est soumise à autorisation et celle d’hôpitaux ou sanatoria strictement interdite. L’article 8 précise que les lots en bordure de la route d’Espagne sont réservés à des édifices commerciaux avec boutiques en rez-de-chaussée et que la grande plateforme en avant des tennis, au centre du lotissement, est réservée à l’édification d’un grand hôtel. La plupart de ces dispositions ne semblent pas avoir été respectées, les villas en bordure de la route n’ont que rarement des boutiques et l’hôtel n’a jamais été construit. Seule la partie occidentale du lotissement est finalement divisée et vendue en lots à partir de 1931. Les premières villas sont édifiées au milieu des années 1930 et à la veille de la seconde guerre mondiale le lotissement en compte une vingtaine. Elles présentent pour l’essentiel un caractère néo-régionaliste. Deux hôtels sont aussi bâtis dans le même style au bord de la route d’Espagne. Près d’une quarantaine de villas et surtout de chalets est édifiée au cours des années 1940 et 1950.

Fig. 19

Fig. 19

Ax-les-Thermes (Ariège), lotissement d’En Castel, extrait de la plaquette de présentation du lotissement en 1924 (AD Ariège, 220 EDT T 2)

A. Comet (reproduction) © Inventaire général Région Occitanie ; © Université Toulouse – Jean Jaurès

Les projets à l’heure du thermalisme social

43Au sortir de la guerre, les réformes en germe depuis les années 1930 en faveur du thermalisme connaissent une avancée décisive. La circulaire ministérielle du 21 mars 1947 généralise la prise en charge des cures par l’assurance maladie. Une seconde circulaire, datée du 3 janvier 1950, précise les modalités pratiques des remboursements avec deux forfaits qui distinguent les soins du transport et de l’hébergement. Le nombre de cures pris en charge par la sécurité sociale est multiplié par quatre en dix ans ce qui modifie fortement la physionomie des stations et le pic de fréquentation est atteint dans les années 1970. Les stations doivent par ailleurs se spécialiser pour être habilitées à recevoir les assurés sociaux.

  • 50 - AM Bagnères-de-Luchon, 5 M 14 pavillon des buvettes 1950-1960.

44Pour améliorer les soins, la ville de Bagnères-de-Luchon décide en 195150 d’agrandir l’établissement thermal [IA31012356] par un pavillon qui doit respecter l’alignement de la façade et du couloir Bordeu dans le contexte du site classé des Quinconces. Le bâtiment, construit selon les plans de Georges Appia et de Bernard Artigala, concilie classicisme avec son portique en avant-corps, qui fait écho à celui des thermes Chambert, et modernité de la paroi en claustra et du traitement de la toiture. Salles de gargarisme dans les quatre angles du rez-de-chaussée autour d’une buvette centrale, insufflations et nébulisations à l’étage : le bâtiment se spécialise dans le soin des voies respiratoires.

  • 51 - AD Ariège, 443 W 262.

45Un projet original est élaboré en Ariège dans les années 1940, celui de la création d’une station thermale [IA09005872] à Saint-Girons, exploitant les sources de la station voisine d’Audinac-les-Bains dont l’activité est paralysée par l’occupation militaire du site (fig. 20). La Société d’études de l’exploitation de la station thermale de Saint-Girons entreprend à partir de l’automne 1947 la construction d’une canalisation entre les deux communes. Dès l’année suivante, les eaux thermales d’Audinac sont commercialisées sous l’appellation « Grande Source Aunac ». Les ventes, réalisées à l’échelle régionale, atteignent leur record en 1949, avec la commercialisation de 150 000 litres d’eau embouteillés. Le projet de construction du centre thermal rencontre en revanche des difficultés importantes. Dès l’été 1948, le programme d’aménagement est vivement critiqué par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Les critiques portent autant sur le tracé des voies de desserte à l’intérieur du parc et sur l’organisation architecturale des bâtiments thermaux, que sur l’intérêt d’édifier une fausse grotte qui « risquerait d’être connu[e] comme un exemple de mauvais goût »51. Toutefois, c’est surtout les dysfonctionnements internes à la Société, dirigée par l’architecte Michel Desbiaux jusqu’en 1950, qui mettent un terme au projet. Celle-ci dépose en effet le bilan à l’automne 1952. Seules la rotonde [IA09005873] et la grotte artificielle [IA09005874], toutes deux conçues par Desbiaux, témoignent aujourd’hui encore de ce projet. La grotte est parée de pierres et dotée de faux rochers tandis que la buvette circulaire est en béton avec toit plat.

Fig. 20

Fig. 20

Saint-Girons (Ariège), centre thermal de Saint-Girons-les-Eaux, projet général (AD Ariège 194 W 50)

G. Baglin (reproduction) © Inventaire général Région Occitanie ; © Université Toulouse – Jean Jaurès

  • 52 - DELOUSTAL, 2020, p. 47-60.

46Ces années correspondent aussi au début de l’épopée de la Chaîne thermale du soleil52 à Molitg-les-Bains [IA66006121] (Pyrénées-Orientales) où Adrien Barthélémy, actionnaire majoritaire depuis 1947 lance en 1952 des travaux de rénovation. Il fait appel à l’architecte régionaliste Édouard Mas Chancel pour rénover le grand hôtel, construit sur les fondations de l’ancien établissement thermal [IA66006122] (fig. 21). Les matériaux, où sont mis en avant le granit et le marbre rose, donnent sa tonalité régionaliste à l’édifice. La dimension paysagère de la station est privilégiée : un garage hélicoïdal vient masquer la présence des voitures au profit d’un cadre naturel reconstitué. Le parc est aménagé, le torrent transformé en lac propice au canotage et à la baignade tandis que le barrage est habillé d’une cascade artificielle. Des sentiers pittoresques sont tracés pour créer des points de vue faciles d’accès. La station conserve alors une dimension haut de gamme, à rebours des autres stations qui se tournent vers le thermalisme social.

Fig. 21

Fig. 21

Molitg-les-Bains (Pyrénées-Orientales), vue d’ensemble de la station

D. Maugendre © Inventaire général Région Occitanie

47Dans un esprit totalement opposé en effet, le paysage architectural de Capvern-les-Bains connaît à la même époque des transformations importantes. De nouveaux hôtels et de nouvelles résidences sont bâtis en remplacement d’édifices issus du dernier quart du XIXe siècle. Ce mouvement touche particulièrement les abords du nouveau casino et se traduit par la construction d’immeubles modernes en rupture avec les formes architecturales traditionnelles (Résidence hôtelière des Parcs [IA65007580], Hôtel du Square [IA65007581] (fig. 22) ou encore Résidence Termalia [IA65007579]). Ces immeubles sont de très grandes dimensions, tant en emprise que par leur hauteur. Ce renouvellement urbain intervenu entre le milieu des années 1950 et le début des années 1970 est accompagné par deux programmes architecturaux portés par la municipalité : l’église de la Sainte-Trinité [IA65006501], associée au bureau de poste [IA65006502], construits en 1968 d’après les plans de l’architecte toulousain Paul de Noyers, qui intervient à la même époque dans l’agrandissement et de la modernisation de l’établissement thermal du Bouridé [IA65010073]. Au cours des années 1970, de nouvelles résidences hôtelières sont bâties en périphérie de la station thermale, au sein du hameau du Laca situé à un kilomètre à l’ouest de l’établissement thermal Hount-Caoute. Moins enclavé que le quartier thermal, ce nouvel espace offre aux villégiatures un panorama sur le massif pyrénéen.

Fig. 22

Fig. 22

Capvern-les-Bains (Hautes-Pyrénées), hôtel du square, élévation ouest

A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie

Conclusion

48Ce parcours dans la production architecturale de la première partie du XXe siècle élargie a montré l’abondance et la variété des créations qui ont accompagné les modifications socio-historiques du thermalisme. Tous les types d’édifices du thermalisme, buvettes et lieux de soins, formes variées de l’habitat individuel et collectif, lieux de loisirs ou de cultes ont été réinterprétés au gré des mouvements stylistiques. Dans ce corpus, l’architecture des villas reflète largement l’influence de l’éclectisme entre motifs classiques, ornements Art nouveau puis Art déco et traits régionalistes. La recherche du pittoresque y est manifeste et semble être au final l’élément central des compositions. Les programmes de plus grande ampleur, établissements thermaux et casinos, ont davantage été marqués par un langage architectural moderne avec un goût prononcé pour l’horizontalité. Le tournant du thermo ludisme à partir des années 1980 a suscité des constructions bien différentes dans leur esprit et dans leur forme. Dans d’autres endroits s’est posée la question de la réutilisation des installations thermales ne fonctionnant plus. Toutes ces réalisations de la première moitié du siècle, dont beaucoup sont en piètre état ou très transformées, peinent à se faire reconnaître comme patrimoine. La variété des partis pris et la qualité architecturale de nombreux projets devraient amener à les réévaluer largement.

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Bibliographie

CARIBON, Carole, « Le classement des stations thermales françaises au début du XXe siècle : discours politiques et enjeux économiques ». In [colloque, Royat, 1994] 2000 ans de thermalisme, économie, patrimoine, rites et pratique, Clermont-Ferrand : Institut d’Études du Massif Central p. 49-57.

DELOUSTAL, Laetitia. « Une histoire particulière du thermalisme social : Adrien Barthélémy ». Cahier d’histoire immédiate, Dossier spécial Thermalisme, montagne et politique, éditions du Cairn, n° 54, automne 2020, p. 47-60.

JAMOT, Christian. Thermalisme et villes thermales en France. Clermont-Ferrand : Institut d’Études du Massif Central, 1988, 540 p.

JENNING, Éric. « Vals-les-Bains et Encausse-les-Thermes, stations thermales des coloniaux, 1850-1962 ». Annales du Midi, 2011, t. 123, n° 273, p. 79-101.

LA TAILLE, Alice (de). Luchon thermal, une histoire des bains. Toulouse : Région Occitanie, (Focus, n° 14), 2021, 120 p.

PAPILLAUT, Rémy (dir). Guide d’architecture du XXe siècle en midi toulousain. Toulouse : Presses universitaires du Midi, (Architectures), 2016, 248 p.

RENAUD Bénédicte, « Placer la première loi de planification urbaine (1919-1924) dans la réflexion actuelle : le cas de l’Auvergne », In Situ, 2016, 30.

TALAZAC, René. « L’urbanisme des stations thermo-climatiques ». Bulletin municipal de la ville de Toulouse, décembre 1939, p. 729-752.

TOULIER, Bernard. « Un parfum d’Orient au cœur des villes d’eaux », In Situ, 2006, 7.

VIGATO, Jean-Claude. L’architecture régionaliste, France 1890-1950. Institut français d’architecture, Norma éditions, 1994, 392 p.

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Notes

1 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1896, n° 3, rapport n° 70, 24 mars, p. 168.
Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1896, n° 6, circulaire du 23 juin 1896, p. 368. Elle précise les réductions accordées : tarif négocié au Boulou et réduction de 50 % du tarif de cure à Vals.

2 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1894, n° 10, rapport n° 210, 19 octobre, p. 772.

3 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1897, tome 8 bis, p. 900.

4 - AD Haute-Garonne, 26 FI 66 788.

5 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1911, tome 9, p. 1 212.

6 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1921, n° 6 à 12, p. 1 671.

7 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1922, n° 7, p. 1 028 et 1 320.

8 - JENNINGS, 2011, p. 86-88. Encausse-les-Thermes est alors la 40e station homologuée au niveau national.

9 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1929, tome 43, 16 novembre, p. 1 894.

10 - Bulletin officiel du ministère des colonies, année 1933, tome 47, décret n° 49, p. 132.

11 - JENNINGS, 2011, p. 82.

12 - CARIBON, 1994, p. 50-51.

13 - Loi du 13 avril 1910, Journal officiel du 15 avril 1910, P. 3 429-3430.

14 - Journal officiel, 5 janvier 1939, p. 339.

15 - Eaux-Bonnes, Capvern en 1912, Lurbe, Bagnères-de-Luchon, Ax-les-Thermes, Luz-Saint-Sauveur, Bagnères-de-Bigorre en 1913, Vernet-les-Bains et Ganties en 1914, Cauterets, Betpouey-Barèges en 1919.

16 - AD Hautes-Pyrénées 8 M 31, extrait du registre des délibérations du conseil municipal de Ferrère, séance du 20 juin 1910 et lettre du sous-préfet de Bagnères, 22 mai 1920.

17 - Dont 8 dans les Pyrénées : Amélie-les-Bains en 1921, Argelès-Gazost, Alet-les-Bains, Audinac-les-Bains-Montjoie, Salies-du-Salat en 1923, Aulus-les-Bains et Encausse-les-Thermes en 1929, Le Boulou en 1930. Demande rejetée en 1922 à Ginoles.

18 - IGN, CCF00G-451_1921_CAF_G-45_0001 à CCF00G-451_1921_CAF_G-45_0011.

19 - TALAZAC, 1939, p. 747-748.

20 - Approuvé en 1930, mais remanié. L’Architecture d’aujourd’hui, p. III-28-29.

21 - Dans les années 1930, il est également président de la Société française des Urbanistes.

22 - Urbanisme, mai 1932 n° 2, p. 70. Le plan est publié dans la même revue en 1934 p. 190.

23 - TALAZAC, 1939, p. 750.

24 - Urbanisme, juillet-août 1936, p. 302-303.

25 - Indépendant des Hautes-Pyrénées, 11 décembre 1930, p. 3.

26 - Dangey conçoit le PAEE de Nîmes, encore en cours d’étude en 1939, année de sa publication dans L’Architecture d’aujourd’hui, p. III-26.

27 - L’Architecture d’aujourd’hui, 1939, p. III-59.

28 - RENAUD, 2016, paragraphe 12.

29 - JAMOT, 1988, p. 20.

30 - JAMOT, 1988, p. 487.

31 - JAMOT, 1988, p. 52.

32 Première partie de la ligne connue sous l’appellation Train jaune.

33 - AM Barbazan, 1 G 10.

34 Tous les dossiers d’inventaire [IA…] ont été consultés sur la plateforme POP le 18 juillet 2022.

35 - Un dispositif voisin était en place dans la buvette d’Encausse-les-Thermes.

36 - La Gazette des eaux, 7 mars 1914, p. 304.

37 - TOULIER, 2006.

38 - AD Hautes-Pyrénées, 2 O 744, 1928.

39 - L’édifice a été modifié et agrandi dans les années 1960 par l’architecte Paul de Noyers.

40 - Indépendant des Basses-Pyrénées, 14 mai 1930.

41 - AD Haute-Garonne, 7689 W 19, 1931.

42 http://architecture65.net/volet-1-art-deco-hotellerie-tourisme-commerce.html

43 AM Salies-du-Salat, 1M1 Salle des fêtes, construction 1933-1936.

44 - AD Pyrénées-Atlantiques, fonds Noutary.

45 - La société de l’établissement du Modèle s’était engagée à fournir pendant dix ans le surplus d’eau thermale, notamment pendant la nuit. Cette eau à 50° était mélangée à de l’eau froide pour ne pas dépasser 25° dans la piscine.

46 - La commune d’Encausse a transformé son nom en Encausse-les-Thermes en 1921, preuve de l’essor du fait thermal.

47 - La villa est connue sous les deux noms.

48 - On ignore si elle était louée également ou si elle constituait la résidence du propriétaire de l’hôtel.

49 - AD Ariège, 7 M 58/1, Projet d’aménagement du lotissement du Parc d’Espagne, Compagnie immobilière France-Indochine, 1930-1931.

50 - AM Bagnères-de-Luchon, 5 M 14 pavillon des buvettes 1950-1960.

51 - AD Ariège, 443 W 262.

52 - DELOUSTAL, 2020, p. 47-60.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1
Légende Cartographie des stations thermales pyrénéennes
Crédits A. de la Taille © Inventaire général Région Occitanie
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 166k
Titre Fig. 2
Légende Barbazan (Haute-Garonne), établissement thermal, détail du corps central
Crédits A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 109k
Titre Fig. 3
Légende Barbazan (Haute-Garonne), ancien grand hôtel
Crédits A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 86k
Titre Fig. 4
Légende Beaucens (Haute-Pyrénées), établissement thermal, détail du décor intérieur d’esprit Art nouveau
Crédits J. Thuret © Inventaire général Région Occitanie © Université de Pau et des Pays de l’Adour
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 63k
Titre Fig. 5
Légende Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne), Pyrénées Palace, vue d’ensemble
Crédits A. Boyer P. Poitou © Inventaire général Région Occitanie
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 119k
Titre Fig. 6
Légende Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales), temple, façade
Crédits A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 126k
Titre Fig. 7
Légende Encausse-les-Thermes (Haute-Garonne), villa, façade sud, 1911
Crédits A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 71k
Titre Fig. 8
Légende Capvern-les-Bains (Hautes-Pyrénées), villa Joliette, vue d’ensemble
Crédits A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 110k
Titre Fig. 9
Légende Salies-du-Salat (Haute-Garonne), carte postale (L. Cérès éditeur) villa du Dr. Cep
Crédits © Collection Claude Rigal
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 90k
Titre Fig. 10
Légende Siradan (Hautes-Pyrénées), villa Henry, détail des ferronneries Art nouveau
Crédits G. Baglin © Inventaire général Région Occitanie ; © Université Toulouse – Jean Jaurès
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 110k
Titre Fig. 11
Légende Salies-du-Salat (Haute-Garonne), établissement thermal, façades néo-égyptienne
Crédits A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 97k
Titre Fig. 12
Légende Ax-les-Thermes (Ariège), établissement thermal du Couloubret, façade sud
Crédits A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 119k
Titre Fig. 13
Légende Ax-les-Thermes (Ariège), casino ; façade sud
Crédits A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 87k
Titre Fig. 14
Légende Salies-du-Salat (Haute-Garonne), carte postale (APA) salle des fêtes sur pilotis
Crédits © Collection Claude Rigal
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 103k
Titre Fig.15
Légende Luz-Saint-Sauveur (Haute-Pyrénées), casino ; photographie ancienne
Crédits V. Delpech (reproduction) © Inventaire général Région Occitanie © (c) Université de Pau et des Pays de l’Adour
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-15.jpg
Fichier image/jpeg, 61k
Titre Fig. 16
Légende Aulus-les bains (Ariège), bureau de poste ; façade 1934
Crédits A. Comet © Inventaire général Région Occitanie ; © Université Toulouse – Jean Jaurès
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 162k
Titre Fig. 17
Légende Bagnères-de-Bigorre (Haute-Pyrénées), villa Thérèse ; détail de baie thermale réinterprétée et des jardinières en béton
Crédits V. Delpech © Inventaire général Région Occitanie © (c) Université de Pau et des Pays de l’Adour
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-17.jpg
Fichier image/jpeg, 93k
Titre Fig. 18
Légende Luz-Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées), hôtel Chili, vue d’ensemble depuis le nord
Crédits J. Thuret © Inventaire général Région Occitanie © Université de Pau et des Pays de l’Adour
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-18.jpg
Fichier image/jpeg, 114k
Titre Fig. 19
Légende Ax-les-Thermes (Ariège), lotissement d’En Castel, extrait de la plaquette de présentation du lotissement en 1924 (AD Ariège, 220 EDT T 2)
Crédits A. Comet (reproduction) © Inventaire général Région Occitanie ; © Université Toulouse – Jean Jaurès
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Fichier image/jpeg, 142k
Titre Fig. 20
Légende Saint-Girons (Ariège), centre thermal de Saint-Girons-les-Eaux, projet général (AD Ariège 194 W 50)
Crédits G. Baglin (reproduction) © Inventaire général Région Occitanie ; © Université Toulouse – Jean Jaurès
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-20.jpg
Fichier image/jpeg, 97k
Titre Fig. 21
Légende Molitg-les-Bains (Pyrénées-Orientales), vue d’ensemble de la station
Crédits D. Maugendre © Inventaire général Région Occitanie
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-21.jpg
Fichier image/jpeg, 134k
Titre Fig. 22
Légende Capvern-les-Bains (Hautes-Pyrénées), hôtel du square, élévation ouest
Crédits A. Boyer © Inventaire général Région Occitanie
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10462/img-22.jpg
Fichier image/jpeg, 141k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Alice de la Taille, « Le patrimoine thermal du premier XXe siècle dans les Pyrénées »Patrimoines du Sud [En ligne], 16 | 2022, mis en ligne le 01 septembre 2022, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/pds/10462 ; DOI : https://doi.org/10.4000/pds.10462

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Auteur

Alice de la Taille

Conservateur du patrimoine, Inventaire général, Région Occitanie

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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