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Compte rendus

David Harvey, (2001), Géographie de la domination

Paris, Les Prairies ordinaires, préface de N. Vieillescazes, 118 p.
Guilhem Boulay and Assaf Dahdah
p. 148
Bibliographical reference

David Harvey, (2001), Géographie de la domination, Paris, Les Prairies ordinaires, préface de N. Vieillescazes, 118 p.

Full text

  • 1 Le plus cité de ses collègues dans les années 1980 (A. Bodman, in Transactions of the Institue of B (...)
  • 2 http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?storycode=405925&encCode=184949851BC54459875JTBS737 (...)
  • 3 In Espaces et sociétés communication de P. Petsimeris]; in Géographies Anglo-saxonnes, Staszak (éd (...)

1On a enfin traduit David Harvey ! Sous le titre accrocheur de Géographie de la domination, ce sont deux passages de Spaces of Capital : Towards a Geography of Domination (2001) qui nous sont proposés. Évènement en soi que cette traduction : seuls quatre articles de ce géographe majeur1, unique représentant de sa discipline dans le top 20 des social theorists les plus cités dans le monde2, avaient jusqu’ici été traduits en français3.

2Mieux vaut tard que jamais pour ce chercheur qui s’est consacré dès le début des années 1970 à une réflexion fondamentale et originale en géographie radicale, fondée sur une fine connaissance des travaux de Marx et qui l’amènera à présenter ainsi son travail : « La géographie historique doit (…) être notre objet, et le matérialisme historico-géographique notre méthode » (p. 85). Une préface ouvre ce petit livre, exposant « un certain nombre de points irréductibles concernant la nature du procès capitaliste [chez Marx] » (p. 11) repris par Harvey (la valeur-travail notamment). Utile mise au point sur l’économie politique marxienne pour saisir l’origine des points développés par Harvey dans les deux extraits qui suivent : « L’art de la rente, mondialisation et marchandisation de la culture » et « Géopolitique du capitalisme ».

3« L’art de la rente » traite de la rente de monopole, « l’un des traits embarrassants de la dynamique capitaliste » (p. 29) et du pouvoir qu’elle confère. La mondialisation tend à saper les monopoles naturels (emplacement et cloisonnement des marchés) en détruisant les barrières à la circulation des biens et des capitaux. Activer ou réactiver des particularismes culturels, même disneyfiés, est alors un moyen de reconstruire des monopoles exploitables. En se fondant sur l’analyse de l’entrepreneurialisme urbain de Barcelone, il met au jour la contradiction insurmontable entre promotion des particularités et tradeability, condamnant à terme les rentes de monopole : l’appropriation capitaliste des singularités les détruit (elles et les rentes qu’elles génèrent) en les uniformisant.

  • 4 « Solution spatiale », concept central bien expliqué dans la préface.

4« Géopolitique du capitalisme » revient sur les éléments fondamentaux du maître ouvrage de Harvey, The Limits to Capital, démontrant que le rôle de l’espace est si négligé chez Marx qu’il ne permet pas de comprendre en totalité le procès capitaliste. En se concentrant uniquement sur « l’annihilation de l’espace par le temps », Marx ne note pas que « la capacité à s’affranchir de l’espace dépend de la production de l’espace » (p. 94). Ce paradoxe est à l’origine de la question fondamentale de Harvey, cherchant à « déterminer si le capitalisme peut résoudre ses dilemmes internes grâce à l’expansion ou à la restructuration géographique. En un mot, les contradictions internes du capitalisme ont-elles un spatial fix4 ? » (p. 79). Il y répond (positivement) par une analyse de la circulation du capital à travers un espace géographique nécessairement inégal (uneven devlopment), ce qui revient à dire que le capitalisme est en soi une logique spatiale.

5Certains déploreront « l’apparent réductionnisme économique de [s]a thèse » (p. 52) mais si le discours est parfois désincarné, on notera la capacité de Harvey à intégrer les jeux d’acteurs et l’analyse de discours à sa méthode. On saluera donc bien entendu ce geste éditorial tout en émettant le souhait qu’il ne soit qu’un préalable à la traduction d’œuvres plus complètes.

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Notes

1 Le plus cité de ses collègues dans les années 1980 (A. Bodman, in Transactions of the Institue of British Geographers, 1992, vol. 17-1).

2 http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?storycode=405925&encCode=184949851BC54459875JTBS737226611

3 In Espaces et sociétés communication de P. Petsimeris]; in Géographies Anglo-saxonnes, Staszak (éd.), 2001; in Actuel Marx.

4 « Solution spatiale », concept central bien expliqué dans la préface.

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References

Bibliographical reference

Guilhem Boulay and Assaf Dahdah, “David Harvey, (2001), Géographie de la dominationMéditerranée, 114 | 2010, 148.

Electronic reference

Guilhem Boulay and Assaf Dahdah, “David Harvey, (2001), Géographie de la dominationMéditerranée [Online], 114 | 2010, Online since 30 September 2010, connection on 28 March 2024. URL: http://journals.openedition.org/mediterranee/4563; DOI: https://doi.org/10.4000/mediterranee.4563

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About the authors

Guilhem Boulay

Doctorant en géographie, UMR Telemme/MMSH, université Aix-Marseille

Assaf Dahdah

Étudiant en Master 2 de géographie, Université Aix-Marseille

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