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La Cimade, 80 ans de solidarité active avec les personnes réfugiées et migrantes

Geneviève Jacques et Christophe Deltombe
p. 184-190

Résumé

La Cimade célèbre en 2019-2020 ses 80 ans. Une histoire singulière inscrite dans les bouleversements de l’histoire du monde contemporain, ses barbaries et ses espérances. Depuis l’action courageuse de quelques dizaines de jeunes engagées pendant la Seconde Guerre mondiale pour sauver des vies dans les camps d’internement et dans la clandestinité jusqu’aux actions multiples entreprises aujourd’hui par un mouvement composé de plus de 2 500 bénévoles actifs et une centaine de salariés, la Cimade a apporté sa contribution originale aux combats pour la dignité et l’égalité des droits en se situant résolument aux côtés des personnes exilées, réfugiées et immigrées que les drames et les injustices du monde ont conduites en France.

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Texte intégral

1La Cimade est une histoire d’engagements personnels et collectifs. Celles et ceux qui l’ont écrite jusqu’à présent ont porté et défendu des valeurs fortes et des principes d’humanité qui n’ont cessé de guider ses actions. Ses valeurs fondatrices, enracinées dans le terreau du protestantisme, de l’œcuménisme, et de la défense et de la promotion des droits humains, ont inspiré une résistance à l’intolérable et une solidarité avec les plus menacés.

2Les formes et les modalités des actions menées par la Cimade depuis sa création se sont constamment transformées pour répondre aux enjeux du moment. Mais la même priorité cardinale se retrouve au cœur de ses différents engagements : défendre la dignité humaine et les droits que détient chaque personne, quelles que soient ses origines, ses opinions ses convictions ou son statut administratif. Et cette défense implique à la fois une exigence éthique de vigilance constante sur l’effectivité du respect des personnes étrangères et de leur accès aux droits, et une exigence de qualité du travail sur le terrain qui fonde et légitime le sens des actions et des prises de position publiques.

3La Cimade s’est toujours efforcée d’assumer ce positionnement exigeant, en tension permanente. Vis-à-vis des pouvoirs publics, en exerçant à la fois un rôle de vigie dénonçant l’inacceptable, mais aussi de dialogue et de propositions constructives. Vis-à-vis de l’opinion publique, en recherchant un langage ayant du sens, ni racoleur ni moralisateur, pour informer sur les réalités, déconstruire les préjugés et promouvoir une autre compréhension des enjeux et des valeurs de solidarité et d’hospitalité.

4Enfin, face à l’importance des enjeux, la Cimade a toujours cherché à coopérer, aux niveaux local, national ou international, avec d’autres organisations et partenaires qui s’inscrivent dans le combat pour un monde plus juste, pour une société dont le ciment ne saurait être la négation et l’exclusion de « l’autre » mais, au contraire, les valeurs de solidarité, de fraternité, de justice sociale qui seules peuvent assurer sa cohésion.

5Quelques périodes clés illustrent des orientations d’actions que la Cimade a été amenée à prendre en fonction de l’impact du contexte national et international sur le sort des personnes réfugiées et migrantes.

Le temps de la guerre, un engagement fondateur de son identité

6La Cimade est née au début de la Seconde Guerre mondiale. Sans aucun doute, ce sont les convictions et l’engagement des premiers équipiers pendant la guerre qui ont imprimé leur marque fondatrice sur l’identité de la Cimade. Les jeunes hommes et femmes, membres de mouvement de jeunesse protestants, qui s’engagèrent dans la Cimade étaient nourris par la pensée exigeante de grands théologiens français et allemands qui dénonçaient l’idéologie du nazisme, l’antisémitisme et la collaboration, et qui incitaient à l’action aux côtés des souffrants, des menacés et des méprisés. « Cela reste une expérience d’une incomparable valeur que nous ayons appris à voir les grands événements de l’histoire du monde à partir d’en bas, de la perspective des exclus, des suspects, des maltraités, des sans pouvoirs, des opprimés, des bafoués » écrivait Dietrich Bonhoeffer dans ses écrits de prison, Résistance et soumission, fin 1942.

7Tout commence avec « la drôle de guerre en 1939 » : les Alsaciens-Lorrains proches de la frontière sont évacués en quelques jours vers le Sud-Ouest de la France. Dans le climat d’insécurité et de désarroi de l’époque, ces personnes déplacées de force se retrouvent dans des situations souvent très difficiles à vivre. Le Comité de coordination des mouvements de jeunesse protestants (CIM) décide d’envoyer des équipes sur place pour leur apporter une entraide fraternelle et les sortir de leur isolement. Il crée alors une nouvelle organisation : le Comité inter-mouvements auprès des évacués (C.I.M.A.D.E) qui sera toujours connu comme la Cimade ! Après l’occupation d’une partie de la France par les troupes allemandes en mai 1940, la plupart de ces « évacués » vont rentrer chez eux, mais la Cimade continue d’agir car les besoins d’entraide sont considérables.

8Pendant la période 1940-1942, le gouvernement de Vichy, collaborateur zélé de l’occupant nazi, met en place une logique d’exclusion à l’encontre de différentes catégories « d’indésirables » : les exilés antinazis allemands ou autrichiens, les Juifs étrangers qui avaient cru trouver refuge en France après l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Tous sont parqués dans des camps d’internement, essentiellement en zone sud, sous l’autorité du régime de Vichy. Alertée par les pasteurs de la région de Pau sur la situation dramatique dans le camp de Gurs, une équipe de la Cimade menée par sa secrétaire générale, Madeleine Barot, parvient à s’y installer en octobre 1940. Progressivement, des équipes se rendent dans une dizaine d’autres camps. Vivant dans les baraques des camps, les équipières et équipiers tentent autant que possible « d’humaniser » les conditions de vie des internés, en proposant en particulier des activités culturelles et cultuelles. Mais l’objectif principal est de tenter l’impossible pour faire sortir le plus grand nombre des camps, en facilitant des fuites et en se faisant les avocats des personnes pouvant être placées sur des listes d’exemption. Collectant les informations des équipes, Madeleine Barot informe et alerte à l’extérieur de la France à travers le réseau du Conseil œcuménique en formation, basé à Genève.

9De la fin de 1942 à 1945, toute la France est occupée, et c’est la logique de déportation des Juifs qui est imposée par l’occupant nazi et acceptée par le gouvernement de Vichy. Les camps d’internement se transforment en lieux de transit et de sélection pour la déportation et l’extermination. Pour les équipes de la Cimade, c’est le cauchemar. Consciente des pièges de l’action dans les camps, la Cimade décide d’ouvrir de nouveaux champs d’action, hors des camps, dans la clandestinité, pour tenter de sauver des vies. La Cimade s’intègre à ce que Denis Peschanski appelle la « résistance de sauvegarde » de la société civile. Pour sauver la vie d’enfants, de femmes et d’hommes juifs menacés, les équipes de la Cimade vont organiser des filières d’évasion vers la Suisse, chercher des caches, fabriquer des faux papiers, etc., en étroite coopération avec d’autres organismes chrétiens, juifs ou laïcs, et avec le soutien du mouvement œcuménique international. La Cimade peut s’honorer de compter une vingtaine de ses membres (dont sa secrétaire générale de l’époque, Madeleine Barot) reconnus « Justes parmi les nations » par le mémorial de Yad Vashem.

Le temps de la reconstruction, de la réconciliation et de l’accueil des premiers réfugiés

101945. La guerre finie, la Cimade aurait pu s’arrêter. Mais le dynamisme, l’efficacité et le courage de ses équipes font qu’elle va être très sollicitée pour développer son action sur de nouveaux terrains : visiter les prisonniers de guerre allemands ou français accusés de collaboration (ce sera le début du service prison de la Cimade) ; participer à la reconstruction dans des régions du nord de la France dévastées par la guerre avec le soutien de « fraternal workers » internationaux envoyés par leurs Églises ; envoyer des équipes en Allemagne pour travailler à la réconciliation en renouant des échanges et des dialogues intellectuels et spirituels ; et enfin, créer un service « réfugiés » pour les exilés fuyant les pays de l’Est de l’Europe qui s’élargira progressivement à l’accueil et à l’accompagnement des exilés de toutes provenances. La Cimade se définit alors comme un « service œcuménique », indépendant des institutions ecclésiastiques, avec un engagement laïc auprès des personnes étrangères, réfugiées et immigrées.

Le temps de la guerre d’Algérie : solidarité des deux côtés de la Méditerranée

11La Cimade choisit de s’engager des deux côtés de la Méditerranée avec un esprit de « résistance renouvelée » dans le sillage de ses origines et des prises de position d’une partie du protestantisme se revendiquant de l’anticolonialisme.

12En France, les travailleurs algériens et leurs familles, recrutés pour la reconstruction après la guerre, subissaient déjà des conditions de travail et de vie déplorables (bidonvilles). Dès le déclenchement de la guerre, ils vont être l’objet d’un racisme exacerbé. Soupçonnés de soutenir le mouvement de libération national, ils sont stigmatisés comme « indésirables », soumis à des humiliations et à une répression policière qui ne fera que s’aggraver au cours des années de guerre. La Cimade ouvre des « postes » dans des quartiers populaires à Marseille en 1956, à Paris en 1959 et à Lyon en 1962, où elle assure des tâches d’alphabétisation, de lien social, de vigilance par rapport au respect des droits des personnes. Un service « Nord-Africain » engage des actions de soutien auprès des militants « suspectés » emprisonnés ou internés dans des camps d’assignation à résidence dans différentes régions de France. Elle coopère avec d’autres pour dénoncer les violences policières et racistes et la pratique de la torture en Algérie. Elle reçoit des menaces de l’OAS et le domicile de son président, le pasteur Marc Boegner, fait l’objet d’un attentat à la bombe en 1961.

13En Algérie, alertée dès 1956 sur le sort déplorable réservé aux populations déplacées de force dans des centres de regroupement contrôlés par l’armée française, la Cimade décide d’envoyer des équipes sur place. Entre 1957 et 1962, une vingtaine d’équipières et d’équipiers vont travailler en Algérie à Sidi Nahame, à Médea, à Constantine, à Belkitane et à Alger. Au-delà de l’aide humanitaire indispensable, les équipes développent des actions sociales, éducatives ou médicales, et font remonter des informations sur les exactions dont sont victimes les populations. Les risques encourus dans ces zones de guerre sont réels, mais cet engagement sur le terrain et les positions de l’association sur la décolonisation rapprochent la Cimade du FLN avec qui son secrétaire général entretient des contacts réguliers dans la plus grande discrétion. Cette solidarité avec le peuple algérien se poursuit après l’indépendance de l’Algérie sous la forme de soutien à des projets de développement (de reboisement en particulier) pris en charge par une nouvelle organisation, le Comité chrétien de service en Algérie (CCSA) créé en 1962 avec la participation de la Cimade.

14Après la fin de la guerre, la Cimade dénonce les conditions d’accueil indignes des harkis en France et installe des équipes, entre 1966 et 1970, dans les camps de Saint-Maurice-l’Ardoise et de Saint-Laurent-des-Arbres pour aider à l’insertion des familles.

15Dans l’histoire de la Cimade, cette période algérienne constitue un tournant avec l’ouverture d’un nouveau champ d’action international qui va avoir un impact sur son mode de fonctionnement et ses positions sur les rapports Nord-Sud.

Le temps des indépendances : solidarité, développement, libération

16L’émergence du « tiers-monde » sur la scène internationale et les espoirs d’émancipation des pays nouvellement indépendants vont susciter un fort mouvement de solidarité internationale. La Cimade, qui agit sur le terrain français auprès de réfugiés provenant de plus en plus du Sud, et auprès de migrants contraints de fuir la misère de leurs pays, entreprend de poser ouvertement la question des causes de ces déracinements et d’envisager des actions en dehors des frontières nationales.

17Le service « développement » est créé en 1971 autour du triptyque solidarité, développement, libération. Le choix n’est pas d’envoyer des équipiers à l’extérieur, mais de soutenir et d’accompagner des partenaires engagés pour le développement et la justice chez eux. Commence alors à se développer un vaste réseau de partenaires sur tous les continents. À la fin des années 1990, la Cimade comptera une centaine de partenaires dans 35 pays intervenant dans les domaines de la santé, du développement rural ou de l’éducation.

18Mais la lourdeur budgétaire et la dépendance financière vis-à-vis d’organismes publics pour financer les projets de ses partenaires, tout comme le risque de perte de cohérence du projet associatif, conduisent la Cimade à recentrer son action internationale sur des problématiques liées aux migrations internationales au début des années 2000. C’est ainsi qu’elle soutient aujourd’hui des partenaires en Afrique du Nord et de l’Ouest engagés dans la défense des migrants dans les pays de départ et de transit, et développe des actions de plaidoyer avec ses partenaires africains et européens pour une transformation radicale des politiques migratoires européennes.

Le temps des dictatures : accueil des réfugiés et défense du droit d’asile

19Des milliers d’exilés politiques, fuyant les dictatures qui sévissent en Europe (Espagne, Portugal, Grèce), dans les Caraïbes (Haïti, République dominicaine) et en Amérique latine, arrivent en France à la fin des années 1960 jusqu’au milieu des années 1980. À cela s’ajoutent l’arrivée massive, à la fin des années 1970, des réfugiés du Sud-Est asiatique et les arrivées de plus en plus nombreuses de réfugiés en provenance d’Afrique (Zaïre, Angola) ou du Liban déchiré par la guerre civile. Rappelons que la France ratifie en 1971 le protocole de Bellagio élargissant aux non-Européens la reconnaissance du statut de réfugié de la convention de Genève de 1951.

20La Cimade se mobilise fortement pour l’accueil et l’accompagnement de ces exilés. En coopération avec d’autres associations – France terre d’asile, le SSAÉ (Service social d’aide aux émigrants), le Secours catholique –, elle joue un rôle pionnier pour obtenir des pouvoirs publics l’établissement d’un dispositif officiel d’accueil des réfugiés (hébergement, aide financière, accès à la santé, formation linguistique). Elle multiplie aussi des initiatives pour élargir les soutiens en matière de bourses d’études ou de formation professionnelle, de recherche de logement, d’assistance médicales aux personnes traumatisées. Son objectif est de favoriser et d’accompagner les conditions d’un exil « reconstructeur ». De plus, en étroite coopération avec les réfugiés en France, elle crée un service « défense des droits de l’homme » pour le soutien aux associations de familles de prisonniers, de disparus et aux organisations de droits de l’homme en Amérique latine qui luttent dans leurs pays d’origine. Pour les réfugiés du Sud-Est asiatique, un dispositif d’accueil très important est mis en place par le gouvernement. La Cimade est chargée de l’organisation et de la coordination des cours de français dans les différents centres d’accueil.

21C’était une époque où la figure du réfugié était valorisée et où la politique d’asile de la France était généreuse avec le soutien d’une opinion publique favorable.

22Malheureusement, cela ne va pas durer ; à partir de la décision de fermeture des frontières à l’immigration de travailleurs en 1974 et du durcissement des politiques migratoires, les demandeurs d’asile vont eux aussi être de plus en plus confrontés à des mesures restrictives. Les attitudes de sympathie et de compréhension vont laisser la place à des attitudes de méfiance, de soupçon, de rejet. Le taux de reconnaissance du statut de réfugié va chuter et le nombre des déboutés du droit d’asile va exploser.

23La Cimade s’engage avec d’autres dans des actions collectives alertant sur la détérioration du respect du droit d’asile et dans une campagne pour la régularisation des déboutés au début des années 1980. Les choses n’ont fait qu’empirer depuis, avec des politiques qui cherchent à réguler la demande d’asile comme une variable des flux migratoires, des dispositifs d’accueil insuffisants et incapables de respecter les droits fondamentaux des demandeurs.

Le temps des combats contre l’exclusion et la xénophobie

24La crise économique, qui commence à partir du choc pétrolier de 1974 et conduit à la fermeture des frontières, ainsi que la montée en puissance de l’extrême droite xénophobe provoquent une politisation très forte des questions liées à l’immigration.

25La Cimade soutient les luttes des travailleurs immigrés pour leurs droits dans les foyers et milite contre les violences faites aux jeunes dans les « quartiers ». Elle contribue activement à « la Marche pour l’égalité » de 1983 et se félicite de l’accès de plein droit à la carte de résident de dix ans accordée par le gouvernement socialiste à la suite de cette mobilisation.

26En 1984, le gouvernement sollicite la Cimade pour intervenir en tant qu’association de la société civile dans les centres de rétention administrative (CRA) nouvellement créés. Après de vifs débats internes, elle décide d’accepter cette mission d’accompagnement des personnes retenues, dans la fidélité à ses origines, tout en contestant le principe de l’enfermement administratif des personnes étrangères. Elle restera la seule association habilitée dans les CRA, dont le nombre ne cesse d’augmenter, jusqu’en 2010. Mais, à la suite du placement de cette mission financée par l’État sur les marchés publics et, surtout, en raison de la volonté du gouvernement de l’époque de faire taire sa parole dérangeante sur la réalité de situations humaines insupportables, elle sera écartée de 13 centres sur 23. Après une confrontation très éprouvante avec le ministère de l’Intérieur qui va durer deux ans avec de nombreux contentieux, la Cimade devra finalement procéder à un licenciement collectif de 25 personnes. Elle reste présente dans 8 centres, en métropole et en outre-mer. À noter que les six associations habilitées aujourd’hui dans les CRA publient chaque année un rapport commun très critique sur ce qu’elles constatent.

Le temps de la résistance contre les logiques de fermeture des politiques et des esprits

27Depuis la chute du mur de Berlin et les bouleversements géostratégiques et économiques qui s’ensuivent, des transformations considérables dans le monde vont tout particulièrement affecter les migrations internationales.

28Les politiques migratoires deviennent de plus en plus répressives pour tenter de freiner et de dissuader les arrivées. Les conséquences sur le terrain sont désastreuses : un empilement de lois, décrets et autres directives qui « fabriquent » des illégaux, insécurisent les détenteurs de titres de séjour de moins en moins stables et durables, précarisent les conditions de vie des personnes migrantes, généralisent le soupçon ; une logique sécuritaire qui provoque le recul du respect et de l’accès aux droits ; la montée en puissance d’une droite extrême nationaliste, xénophobe et raciste, qui fait prendre conscience du fait que les questions liées à l’immigration soulèvent des problèmes de société, éthiques et politiques.

29La nécessité de mobiliser et d’engager un plus grand nombre de militants bénévoles à travers la France devient une nouvelle priorité pour la Cimade. C’est le début de la structuration du mouvement Cimade, avec la constitution progressive de groupes locaux (90 aujourd’hui). Afin de permettre aux personnes étrangères d’avoir accès à leurs droits et de les accompagner efficacement dans leurs démarches, la Cimade se dote des compétences indispensables pour recourir de plus en plus aux outils juridiques.

30Le sérieux et l’authenticité des engagements sur le terrain des membres, salariés ou bénévoles, et le soutien de ses donateurs lui ont permis de conserver sa liberté de parole, même quand elle était critique, quels que soient les gouvernements.

31Face aux impacts des politiques migratoires répressives et sécuritaires en Europe et en France, au cours de la dernière décennie, la Cimade a renforcé son rôle de « lanceur d’alerte » pour dénoncer les conséquences humaines, morales et politiques de la « crise des politiques migratoires », et a accentué ses actions de plaidoyer, seule et avec d’autres acteurs associatifs, pour promouvoir un changement en profondeur des politiques d’asile et d’immigration (par exemple dans le cadre de la mobilisation des états généraux des migrations).

32Dans un contexte de fermeture très dangereux des frontières et des esprits, elle cherche plus que jamais à faire progresser une prise de conscience sur l’importance des enjeux que soulèvent les questions migratoires pour le devenir de nos sociétés.

33À l’occasion de ses 80 ans, la Cimade a fait le choix d’organiser différents événements dans le pays pour inviter le plus largement possible à la réflexion et à la mobilisation ; questionner les logiques politiques et sociétales qui conduisent à produire « des indésirables » ; et discerner les réponses de résistance d’hier et d’aujourd’hui et ouvrir les imaginaires pour inventer celles de demain.

34Dans ce cadre, deux moments particuliers sont organisés : un colloque historique à Villeurbanne, le 25 janvier 2020, qui rassemble des historiens et des acteurs de la société civile pour évoquer les enjeux essentiels posés par les questions migratoires à quelques époques clés de la période, allant de la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui, et les réponses apportées. La journée de clôture aura lieu le 13 juin 2020 au Théâtre national de Chaillot (Paris) et sera centrée sur le thème de l’hospitalité, comme une pratique des relations à « l’Autre », comme une boussole pour des politiques publiques, comme un droit à construire, comme une ouverture vers un autre avenir vivable pour toutes et tous.

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Pour citer cet article

Référence papier

Geneviève Jacques et Christophe Deltombe, « La Cimade, 80 ans de solidarité active avec les personnes réfugiées et migrantes »Hommes & migrations, 1328 | 2020, 184-190.

Référence électronique

Geneviève Jacques et Christophe Deltombe, « La Cimade, 80 ans de solidarité active avec les personnes réfugiées et migrantes »Hommes & migrations [En ligne], 1328 | 2020, mis en ligne le 01 janvier 2020, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/hommesmigrations/10915 ; DOI : https://doi.org/10.4000/hommesmigrations.10915

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Auteurs

Geneviève Jacques

Ancienne présidente (2013-2018) et secrétaire générale (1988-1996).

Christophe Deltombe

Président de la Cimade depuis 2018.

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Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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