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Les « grands territoires » au Moyen Âge, réalités et représentations
La construction matérielle des grands territoires politiques (études d’historiens)

Construction et administration territoriales d’une seigneurie en pays d’habitat dispersé

Sévérac-le-Château (Rouergue), XIe-XVe siècle
Juliette Dumasy
p. 61-72

Résumés

La baronnie de Sévérac-le-Château est une seigneurie de taille moyenne située sur la bordure sud-ouest du Massif Central ; ce genre de seigneurie peut être considéré comme le plus petit des grands territoires. Le seigneur de Sévérac mène, à partir du XIIIe siècle, une politique active en matière de gestion territoriale, qui vise à étendre et asseoir son pouvoir sur les terres de sa juridiction et à mettre en place une administration interne cohérente à travers la baronnie, pour mieux contrôler ses sujets, notamment ceux qui habitent dans des hameaux dispersés. Cette politique élaborée, maniant centralisation et intégration territoriales, fait preuve d’une certaine efficacité, et montre que les seigneurs d’importance locale, tout comme les princes et les rois à la même époque, s’efforçaient de faire de leur seigneurie une entité territoriale cohérente.

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Texte intégral

  • 1  Le terme de mas (mansus) désigne indifféremment le hameau lui-même ou l’ensemble formé par le hame (...)

1La baronnie de Sévérac-le-Château se situe sur la bordure sud-ouest du Massif Central, à quelques kilomètres au nord de Millau et à l’est de Rodez. Elle s’étend sur une quarantaine de kilomètres d’ouest en est et une quinzaine du nord au sud. La haute vallée de l’Aveyron forme l’épine dorsale de ce territoire, tandis que, de part et d’autre, se déploient des terres d’altitude : au sud, les contreforts du Lévézou, une montagne faite de lourdes croupes incisées de combes et de petites vallées, au sol acide, typique du Massif Central ; au nord et à l’est, les plateaux calcaires que l’on appelle les avant-causses (causse de Sévérac et causse de Sauveterre), qui précèdent les causses du Larzac et du Méjean (voir carte). L’altitude tourne autour de 600 à 800 m. pour la vallée, 900 m. pour le causse, plus de 1000 m. pour le Lévézou. Comme le reste du Rouergue, ce territoire est couvert d’un habitat dispersé caractérisé par des hameaux, appelés mas (mansus) dans les sources de l’époque, et comptant de un à une quinzaine de feux et entourés d’un ensemble de terres agricoles1. Il existe également un habitat groupé, qui se concentre dans la vallée de l’Aveyron, parsemée de villages et bourgs en assez grand nombre. C’est donc sur un territoire à la physionomie assez diverse que le baron de Sévérac étend son emprise.

2La baronnie n’est pas le plus grand des territoires identifiables en Rouergue à la fin du Moyen Âge – le comté de Rodez est bien plus vaste – mais elle figure dans la moyenne des seigneuries locales les plus importantes (comme celles des Estaing ou des Vezins). Elle est suffisamment étendue et pourvue de châteaux, villages et bourgs réputés, comme Sévérac et Laissac, qui disposent chacun d’une cour de juridiction, d’un marché hebdomadaire et d’une foire, pour faire du baron de Sévérac l’un des seigneurs rouergats les plus puissants. Elle est typique de ces seigneuries d’importance locale dont les titulaires ne jouent pas un rôle politique de premier plan dans le royaume, mais constituent, à l’échelle de la sénéchaussée, des entités territoriales de référence. Ce genre de seigneurie, d’une dimension ni trop grande ni trop petite, peut être regardé comme le plus petit des grands territoires, au sens où l’on entend cette expression dans le présent dossier de publication, à savoir un espace défini, qui dépasse l’échelle de l’inter-connaissance et qui est issu de la volonté politique d’une autorité supérieure. On se posera ici la question de la construction de ce territoire et de son organisation administrative, en gardant à l’esprit deux de ses caractéristiques essentielles : son caractère restreint, qui le tient enserré dans une trame de territoires concurrents de taille équivalente ou supérieure, et la dispersion de son habitat, qui peut introduire un risque d’incohérence, voire d’éclatement. Comment le seigneur de Sévérac a-t-il construit sa seigneurie et comment a-t-il réussi à en faire une baronnie ? Quelle administration territoriale a-t-il mise en place et quelle est l’efficacité de celle-ci, notamment en ce qui concerne l’intégration des mas à l’ensemble du domaine ?

La construction territoriale de la baronnie

  • 2  Société des Lettres de l’Aveyron (désormais SLA), fonds Sévérac, liasse 1, n° 10.
  • 3  Cartulaire de l’abbaye de Saint-Chaffre du Monastier, U. Chevalier éd., Paris, Picard, 1884, n° 39 (...)
  • 4 Pour Foulque : Cartulaires des abbayes d’Aniane et de Gellone. Cartulaire d’Aniane, L. Cassan, E. M (...)
  • 5  F. de Gournay, Le Rouergue au tournant de l’An Mil. De l’ordre carolingien à l’ordre féodal (IXe-X (...)
  • 6  J. Belmon, Les vicomtes de Rouergue-Millau, Xe-XIe siècle, thèse de l’École des Chartes, 1991.

3Par manque de sources continues, on ne connaît les étapes de la formation de la baronnie que par bribes. La famille de Sévérac apparaît dans les sources dans la première moitié du XIe siècle, en même temps que le castrum lui-même. À cette époque, Gui de Sévérac, qui se qualifie d’egregius vir, fonde, à proximité de son castrum de Sévérac, un monastère féminin, dont la première abbesse est Adalburge, sa propre fille2. Cet acte de fondation n’est pas précisément daté, mais un document de 1104, qui supprime le monastère féminin pour le transformer en prieuré masculin et le remettre à l’abbaye Saint-Chaffre du Monastier, précise que l’établissement a déjà eu cinq abbesses ; ce qui ferait remonter sa fondation à la première moitié du XIe siècle, sans que l’on puisse être plus précis3. À peu près au même moment, des actes citent comme témoins un certain Foulque de Sévérac, entre 1036 et 1061, puis Déodat en 10704. Mais la famille, de même que le château, est certainement plus ancienne que ces mentions ne le laissent supposer. Sévérac était le siège d’une viguerie carolingienne, et, selon Frédéric de Gournay, l’origine vicariale et carolingienne de la famille de Sévérac ne fait pas de doute5 ; selon Jérôme Belmon, elle serait apparentée aux vicomtes de Millau, l’un des lignages les plus puissants de la région depuis le Xe siècle6.

  • 7  Le terme est équivalent de châtellenie (expression que l’on ne trouve pas dans les sources rouerga (...)
  • 8  SLA, fonds Sévérac liasse 1 n° 17.
  • 9  Le hameau du Tantayrou (com. Lapanouse, cant. Sévérac-le-Château, arr. Millau, Aveyron), en faisai (...)
  • 10  Archives Départementales (désormais AD) des Bouches-du-Rhône, B 284, n° 1 ; SLA, fonds Sévérac, li (...)

4Au milieu du XIIe siècle, le castrum de Sévérac apparaît doté d’un vaste mandement (mandamentum), qui peut être défini comme la circonscription sur laquelle le seigneur exerce sa juridiction7. Ce territoire mord sur le Gévaudan voisin et ressemble à ce qu’il sera dans les siècles ultérieurs (voir carte)8. Formant le cœur de la région dominée par les Sévérac, il est probablement hérité de la viguerie carolingienne du Sévéraguès, même si celle-ci était plus étendue, notamment vers l’ouest et la vallée de l’Aveyron9. Autour de ce noyau, les droits des Sévérac s’étendent à l’est jusqu’au Tarn, via les châteaux de Peyrelade, la Britouyre et Dolan, cités dès cette époque comme leur appartenant en tout ou en partie10 ; à l’ouest, du côté du Laissaguès, leur prééminence semble moins marquée et plus éparse, mais la documentation reste trop lacunaire pour en avoir une idée précise.

  • 11  Le premier hommage attesté d’un Sévérac est celui de Bégon, rendu en 1150 à Raymond Béranger comte (...)
  • 12  Archives Nationales (désormais AN), J 589, n° 1. Éd. dom C. Devic, dom J. Vaissette, Histoire Géné (...)
  • 13  L. Albaret, « Le siège de Sévérac par Simon de Montfort en 1214 », Heresis, 24, 1995, p. 53-66.
  • 14  AD Lozère, G 730, fol. 80, 81, 174, 188.
  • 15  Peyrelade, com. Rivière-sur-Tarn, cant. Peyreleau, arr. Millau, Aveyron ; Ayssènes com., cant. Sai (...)

5La région de Sévérac se trouve au XIIe siècle sous la domination des vicomtes de Millau, puis, par le jeu des mariages et successions, des comtes de Barcelone et enfin des rois d’Aragon11. Elle n’entre dans l’orbite toulousaine qu’au début du XIIIe siècle, lorsque le roi d’Aragon engage le comté de Millau-Gévaudan au comte de Toulouse, pour ne plus le récupérer12. Après une période d’incertitude et de difficultés (mariages successifs de l’unique héritière Irdoine de Sévérac, siège de Sévérac par Simon de Montfort en 1214 contre le nouveau titulaire de la seigneurie, Déodat de Caylus, dernier mari d’Irdoine13), il semble qu’à partir des années 1225, sous la houlette de Déodat de Caylus, les Sévérac adoptent une politique de conquête territoriale offensive. Dans un premier temps, celle-ci se concentre classiquement sur les châteaux : le seigneur de Sévérac a un conflit armé avec l’évêque de Mende en 1226-1228, à propos de châteaux et terres situés en Gévaudan pour lesquels, finalement, il rendra hommage à l’évêque14 ; puis avec le comte de Rodez, au sujet de châteaux de la vallée du Tarn, Peyrelade en 1244 (que tous deux tiennent en co-seigneurie), Ayssènes et Dolan en 125115.

  • 16  Saint-Léons com., cant. Vezins-de-Lévézou, arr. Millau, Aveyron. SLA, fonds Sévérac, liasse 52, n° (...)
  • 17  AD Lozère, G 135 (1288) et G 136 (1316).
  • 18  Bautou, Huguiès, Blayac, com. et cant. Sévérac-le-Château, arr. Millau, Aveyron. BnF, coll. Doat, (...)
  • 19  Enfin, signalons que c’est par un achat que les Sévérac achèvent la construction de leur territoir (...)

6Dans un second temps, les Sévérac délaissent les batailles autour de châteaux pour adopter une tactique moins spectaculaire, mais peut-être plus efficace dans ce pays d’habitat dispersé : ils annexent des mas situés dans les zones limitrophes de leur seigneurie, soit en les arrachant de force à leur voisin, soit en profitant d’une incertitude sur leur appartenance à telle ou telle seigneurie. Il faut dire que les mas constituent la cellule de base de la seigneurie rouergate, tant pour les droits de juridiction que pour les droits fonciers ; qui s’en empare augmente donc d’autant sa seigneurie. À la frontière sud-ouest de la baronnie, dans les années 1260-1270, les Sévérac disputent au prieuré Saint-Léons un certain nombre de mas et de territoria – c’est-à-dire des terroirs identifiés par un toponyme, qui peuvent faire partie d’un mas ou non – situés aux confins des deux seigneuries16. Au sud-est, en 1288 puis en 1316, ils s’opposent à la famille de Mostuéjouls pour le contrôle de plusieurs hameaux sis sur les causses qui dominent le Tarn17. Au cœur même du Sévéraguès, c’est avec le prieuré de Sévérac que des tensions se manifestent à propos de mas que le prieuré possède en propre ou en co-seigneurie avec Gui de Sévérac (Bautou, Huguiès, Blayac…)18. Ces tentatives sont plus ou moins réussies, mais les Sévérac obtiennent toujours, par l’arbitrage qui met fin au conflit, quelques mas ou droits concédés par leurs voisins, sans que l’on sache précisément s’il s’agit de gains réels ou d’une clarification de droits antérieurs – ce qui montre à quel point, auparavant, les droits seigneuriaux n’étaient pas bien fixés sur le plan spatial19.

  • 20  Par exemple : procédure de délimitation des mas de Calviac (mas disparu de la paroisse de Lapanous (...)

7Les redistributions de mas apparaissent comme une étape capitale de la construction territoriale de la seigneurie, et particulièrement de sa délimitation. De fait, lors du règlement de ces conflits, les arbitres prennent le soin de définir les limites des terres des mas concernés, au cours d’une procédure publique qui commence par une perambulatio sur les lieux litigieux, se poursuit par la plantation de bornes le long des limites arrêtées et s’achève par la rédaction d’un acte notarié20. Ce sont donc les limites des mas qui fondent celles de la seigneurie, qui peut alors être définie, sur le plan spatial, comme l’agrégation d’un ensemble de villages et de mas entourés de leur terroir.

  • 21  Par exemple à Sévérac en 1269, 1270 et 1308. SLA, fonds Sévérac, liasse 1, n° 33 ; liasse 52, n° 4 (...)

8Il faut enfin noter que c’est à la même époque que les seigneurs de Sévérac font mettre par écrit leurs droits seigneuriaux dans des franchises concédées aux habitants de chaque mandement21. Celui-ci devient ainsi la circonscription administrative de référence – on y reviendra.

  • 22  La baronnie, à sa constitution, formait un espace continu. Au cours du XIVe siècle, le mandement d (...)

9Les Sévérac mènent donc, en cette seconde moitié du XIIIe siècle, une politique de définition (et, si possible, d’extension) de leur seigneurie, et ceci tant sur le plan institutionnel, par la rédaction de franchises, que sur le plan territorial, par la fixation de limites et l’organisation administrative sur la base du mandement. Leur effort est couronné par l’obtention du titre de baron, dont ils sont parés pour la première fois dans le fameux acte de 1288 sur les limites entre diocèses de Rodez et de Mende. Cette nouveauté manifeste le rang supérieur que les Sévérac ont acquis en Rouergue après des décennies de conquêtes et de luttes, face aux plus grands (l’évêque de Mende, le comte de Rodez) et alors que les anciennes autorités ont disparu ou se sont effacées (le roi d’Aragon, le comte de Toulouse). Le terme de baronnie devient quant à lui courant à partir des années 130022.

  • 23  Correspondance administrative d’Alphonse de Poitiers, A. Molinier éd., Paris, Imprimerie nationale (...)
  • 24  Ibid., n° 1710.
  • 25  Mostuéjouls commune, cant. Peyreleau, arr. Millau, Aveyron. Cf. note 17.
  • 26  Laroque-Valzergues, com. Saint-Saturnin-de-Lenne, cant. Campagnac, arr. Millau, Aveyron. SLA, fond (...)
  • 27  Voir les contributions de B. Cursente, M. Mousnier et L. Verdon dans Les territoires du médiéviste(...)
  • 28  B. Cursente, « Autour de Lézat : emboîtements, cospatialités, territoires (milieu Xe-milieu XIIIe (...)
  • 29  Il n’est pas impossible que ce processus ait démarré avant le milieu du XIIIe siècle dans d’autres (...)

10Ces phénomènes concomitants de re-découpage territorial et de réorganisation administrative ne sont pas propres à la baronnie de Sévérac. On peut supposer que le voisinage d’Alphonse de Poitiers, co-seigneur du Laissaguès, dont les qualités d’administrateur sont démontrées par sa correspondance, a pu inciter les Sévérac à suivre ce modèle23. Mais, plus largement en Rouergue, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, l’on observe une dynamique générale de délimitation et de réorganisation des cadres spatiaux : seigneuries, ressorts de juridiction, mandements, diocèses et sénéchaussées sont concernés. Le Laissaguès, que le seigneur de Sévérac et le comte de Toulouse tenaient en co-seigneurie, est divisé entre les deux parties en 127024. La frontière entre diocèses de Rodez et de Mende et, de manière équivalente, entre sénéchaussées de Rouergue et de Beaucaire (dont dépend le diocèse de Mende) est tracée en 1288 lors d’un arbitrage réglant une querelle sur des mas, qui opposait les Sévérac aux Mostuéjouls25. La démarcation entre le mandement royal de Laroque-Valzergues et celui de Sévérac est fixée en 1291 de façon très officielle26. Des exemples pourraient être pris ailleurs qu’en Rouergue, car la dynamique semble être générale vers le milieu du XIIIe siècle, au moins dans le midi de la France27. Selon Benoît Cursente, la multiplication des procédures de délimitation et la volonté nouvelle de réduire les différentes entités territoriales existantes à une seule, qui puisse servir de base cohérente à l’administration locale, aboutissent à la construction d’un « nouvel ordre territorial »28. Il se manifeste clairement, au cours de cette période, un souci nouveau d’ancrer les droits dans les territoires, et non plus seulement de les exercer sur les hommes29. La baronnie de Sévérac-le-Château n’a pas échappé à ce phénomène.

L’organisation interne de la baronnie et l’intégration des mas

  • 30  Pour plus de précision, je me permets de renvoyer à ma thèse (à paraître aux éditions du CTHS) : L (...)
  • 31  Citons entre autres les Héralh seigneurs du repaire de Buzareingues et des mas du Tantayrou et du (...)
  • 32  Sauf à Prévinquières et Bertholène, dont les seigneurs ont la haute justice. Inventaire des Archiv (...)
  • 33  AD Lozère, G 136 ; AD Tarn-et-Garonne, A 127, n° 5 et 6.
  • 34  AD Aveyron, E 3011, 20 J 9, n° 4.

11À l’intérieur de la baronnie, les Sévérac exercent deux types de seigneurie, que l’on peut qualifier, en s’inspirant de typologies utilisées par nos collègues européens qui s’appuient sur la notion d’échelle pour décrire les structures seigneuriales30, de la façon suivante. D’une part, une seigneurie domaniale, qui pèse sur les hommes qui tiennent leur tenure directement du seigneur de Sévérac, et lui doivent pour cela des redevances diverses (cens, agrier, droits de mutation, etc.). D’autre part, une seigneurie territoriale, qui correspond au pouvoir supérieur que le baron de Sévérac détient sur tous les sujets de la baronnie – qu’ils soient tenanciers de ses propres terres ou des terres de ses vassaux, dont le domaine se réduit souvent à un ou plusieurs mas ou à un village en co-seigneurie31. Elle se matérialise par la perception de droits (taille, corvée, albergue, guet, droits sur le commerce, l’élevage etc.) et l’exercice de la justice. Le seigneur de Sévérac possède en effet la juridiction haute et basse sur toute la partie rouergate de la baronnie32 (celle du Gévaudan appartenant à l’évêque de Mende33), mais il lui arrive de céder ses droits de basse justice à ses vassaux, ou, plus fréquemment, le droit de ban, qui concerne seulement les infractions aux droits d’usage34.

  • 35  Le mandement du château de Sévérac est cité pour la première fois dans un acte de 1147 (SLA, fonds (...)
  • 36  F. de Gournay, Le Rouergue au tournant de l’An Mil, op. cit., p. 297.
  • 37  Banc-Anglars, Bertholène, Dolan-Lévéjac, Laissac, Lapanouse, Peyreleau, Prévinquières, le Samonta (...)

12 La seigneurie domaniale fonctionne à l’échelle de la tenure, tandis que la seigneurie territoriale fonctionne à l’échelle du mandement. Il est temps de nous arrêter un instant sur ce dernier terme, que nous avons déjà aperçu. Le mandement est une circonscription apparue au XIe siècle pour désigner le ressort de la seigneurie castrale, ce que l’on appelle généralement la châtellenie35. Au fil des siècles, il a été confondu avec le districtus, qui désignait vers 1100 la juridiction du seigneur châtelain36, et avec la baylie (baylivia), dirigée par un bayle au service du seigneur. Lorsque l’administration territoriale sévéragaise apparaît en pleine lumière dans les sources du premier tiers du XIVe siècle, on compte une douzaine de mandements à travers la baronnie (voir carte)37.  

La baronnie de Sévérac-le-Château et ses mandements à la fin du Moyen Âge

La baronnie de Sévérac-le-Château et ses mandements à la fin du Moyen Âge
  • 38  SLA, fonds Sévérac, liasse 52, n° 3 et 4.
  • 39  Le terme extra renvoie probablement aux faubourgs.  
  • 40  SLA, fonds Sévérac, liasse 54, n° 11.

13À partir des années 1270, les seigneurs de Sévérac octroient une série de franchises à leurs sujets et instituent ainsi les communautés d’habitants. Ces libertés sont accordées non seulement aux sujets des castra et villae, mais aussi, comme cela est expressément signifié dans les chartes, à ceux qui habitent les mas du mandement. Celles de Sévérac de 1270 sont ainsi adressées aux habitatores castri de Severiaco, intus et extra, et ejus districtus seu mandamenti38. La formule est explicite : il s’agit de manifester que les habitants des mas, sont concernés par les franchises au même titre que les habitants du castrum ou de la villa et de ses faubourgs39, qu’ils ont le même statut juridique et qu’ils font partie de la communauté à part entière. Dans les franchises que le baron accordera ultérieurement aux communautés, la même formule sera toujours reprise, au XIVe ou au XVe siècle, avec, parfois, quelques variantes encore plus claires, comme quand Amaury de Sévérac, en 1416, confirme les privilèges de la communitas castri de Severiaco et mansorum et pertinenciarum40. C’est pourquoi j’ai utilisé à leur propos l’expression de communautés de mandement. Celles-ci sont l’équivalent, en pays d’habitat dispersé, de la communitas castri des pays d’habitat groupé. Elles ont pour centre de fonctionnement le chef-lieu du mandement (où se tiennent les assemblées des habitants, où se trouve la maison des consuls ou syndics et où siègent les instances seigneuriales), mais elles regroupent bourg et hameaux.

  • 41  AD Lozère, G 136, document 3, G 801, G 802, G 803.
  • 42  AD Lozère, G 142, n° 5 ; AN X-1A-11, fol. 318.
  • 43  Les seigneurs de Sévérac ont l’habitude de donner la seigneurie domaniale d’un ou plusieurs mas à (...)

14Cette particularité des communautés d’habitants rouergates montre la volonté du seigneur de Sévérac d’exercer sa juridiction et son pouvoir de manière uniforme à travers le territoire, en prenant en compte les mas de manière spécifique tout en leur donnant le même statut qu’aux résidents du chef-lieu. Cette politique se manifeste encore dans les années 1330, lorsque le baron entre en conflit avec l’évêque de Mende à propos de la juridiction de mas situés dans le diocèse de Mende mais qui font partie du mandement du castrum de Sévérac. Le seigneur de Sévérac estime que ces mas doivent avoir le même statut juridique que le castrum ; or comme il tient son castrum du roi, rappelle-t-il, ils doivent ressortir à la justice du seigneur de Sévérac en première instance, et à la cour royale de Laroque-Valzergues en appel. L’évêque fait valoir que les mas en question sont situés dans le diocèse de Mende, que le seigneur de Sévérac les tient de lui et qu’il n’en a jamais reçu les droits de justice ; ces mas ressortent donc à la cour commune de Gévaudan41. La procédure, qui se déroule devant la justice royale, aboutit finalement à la victoire de l’évêque42. Même si le baron de Sévérac n’a pas obtenu gain de cause, son argumentaire a le mérite de révéler sa conception de l’administration territoriale : celle-ci doit être centralisée au chef-lieu mais uniforme à travers le mandement, et le régime juridique du chef-lieu et des mas doit être le même. Mais ni l’évêque de Mende ni le roi ne l’entendent de cette façon, qui en restent à une simple lecture féodale de la question, et pour cause : ils n’ont pas à se préoccuper de la cohérence territoriale de la baronnie. Notons d’ailleurs que cette conception d’une administration uniforme et centralisée ne se manifeste chez le seigneur de Sévérac que sur le plan de la seigneurie territoriale ; en matière de seigneurie domaniale, il traite les mas comme des entités autonomes, qu’il donne et gère de façon spécifique43.

  • 44  AD Aveyron, 3 E 7513, fol. 55 (1331), 2 E 94-2, n° 4 (1340) ; SLA, fonds Sévérac, liasse 5, n° 15 (...)
  • 45  SLA, fonds Sévérac, liasse 5, n° 15 (1432).

15L’administration territoriale est donc centralisée au chef-lieu, où se trouvent la cour et les officiers du seigneur de Sévérac, mais cette centralisation n’a pas pour but de faire des mas des satellites entièrement dépendants de ce dernier. Il est prévu, dès le XIVe siècle, que les représentants des communautés de mandement soient issus à part égale des mas et du village/bourg. Cette disposition, qui est explicitement mentionnée dans des actes seigneuriaux et communautaires des XIVe et XVe siècles, et vérifiée dans les faits44, est remarquable. Certes, il n’est pas assuré que l’initiative en revienne au baron lui-même ; elle pourrait fort bien provenir des communautés, et les sources ne permettent pas de trancher sur ce point. Mais en tout cas, l’autorité seigneuriale a au moins avalisé le dispositif, puisque l’élection des représentants se fait sous l’autorité du juge seigneurial, et que le principe en est rappelé dans certaines franchises, par exemple dans celles de Sévérac en 143245.

  • 46  Lluis To Figueras a montré à quel point le mas pouvait constituer une structure de domination seig (...)

16Ce système représentatif témoigne de la volonté d’intégrer les mas à part entière et selon un principe représentatif dans l’administration des communautés. Il a manifestement pour but d’éviter que le chef-lieu, avantagé par rapport aux mas par le fait que sa population est nombreuse, qu’il accueille les assemblées communautaires et les réunions des syndics, qu’il abrite les hommes de loi et plus généralement les notables, la cour seigneuriale et/ou les agents seigneuriaux, ne confisque à son profit les institutions communautaires ; mais aussi, dans la mesure où les institutions communautaires sont une courroie de transmission du pouvoir seigneurial, d’établir ce pouvoir tout aussi étroitement sur les mas que sur le chef-lieu46. Il existait donc une politique, de la part du seigneur de Sévérac comme des communautés d’habitants, d’intégration de l’habitat dispersé aux rouages de l’administration et du pouvoir. Et ce, semble-t-il, avec une réelle efficacité, car on n’observe pas de contestation ou de tentative de sécession des habitants des mas, mais plutôt leur pleine participation aux activités économiques et communautaires du mandement, et leur soumission aux formes de la domination seigneuriale.     

  • 47  Dans l’Ouest de la France, pays d’habitat dispersé, les communautés sont formées sur la base de la (...)

17Soulignons un dernier point important à propos des mandements : ils ne correspondent pas à une paroisse (voir carte). Les plus grands, comme ceux de Sévérac et de Laissac, comportent jusqu’à une bonne demi-douzaine de paroisses, les autres entre une et trois paroisses plus quelques mas détachés de leur chef-lieu de paroisse. Certes, il n’y pas une totale déconnexion entre mandement et paroisse, puisque, exceptés les cas de mas détachés de leur chef-lieu de paroisse, les limites du mandement se confondent à peu près avec les limites extérieures des paroisses qu’il contient ; mais globalement, l’adéquation entre mandement et paroisse est rare. Du coup, la communauté ne repose pas sur la base de la paroisse, ce qui est peu fréquent même en pays d’habitat dispersé47, mais bien sur celle du mandement. Ceci ne semble pas être le fait des communautés elles-mêmes, puisque c’est le seigneur qui a désigné, via les franchises du dernier tiers du XIIIe siècle, la baylie comme circonscription de référence des communautés, au mépris des limites paroissiales. Et l’on ignore tout d’éventuels embryons de communautés avant cette date : étaient-ils paroissiaux ? Reposaient-ils déjà sur la base de la baylie ? On ne pourra répondre de façon sûre à cette question, faute de sources, mais il paraît assez peu vraisemblable qu’ils se soient constitués dans le cadre de vastes mandements. Le rôle du seigneur dans la création de ces communautés de mandement n’en paraît que plus déterminant.

18Quoi qu’il en soit, cette déconnexion ne résulte sans doute pas d’une volonté d’affaiblir ou de nier le fait paroissial, puisque là où la baylie couvrait le même territoire que la paroisse, les franchises ont été accordées aux habitants de la baylie-paroisse, comme à Vimenet ou à Lapanouse. Ce n’était pas non plus à cause du fait que certaines paroisses avaient pour chef-lieu un mas de seulement quelques maisons, puisqu’il existe des mas chefs-lieux de mandement (le Samonta, Banc). L’explication réside plutôt dans le fait que le réseau des mandements et celui des paroisses se sont constitués selon une chronologie très différente, bien antérieure et plus lente en ce qui concerne les paroisses, et surtout qu’ils correspondent à deux logiques spatiales déconnectées l’une de l’autre, voire contradictoires, en pays d’habitat dispersé. Le réseau paroissial est fondé en partie sur des sanctuaires hérités d’une époque lointaine, et, ayant pour but de desservir la population dispersée dans les hameaux, il prend la forme d’un maillage étroit qui comprend des églises paroissiales elles-mêmes situées dans de très petits hameaux. De son côté, le mandement vise, aux yeux du seigneur, à arrimer les mas à l’administration seigneuriale sise au chef-lieu ; ici c’est une logique d’agrégation des mas à l’intérieur du mandement, de nature centripète, qui prévaut.

  • 48  J. Dumasy, Le feu et le lieu, op. cit., p. 489sq.

19L’inadéquation entre mandement et paroisse ne semble pas poser problème dans les zones de forte dispersion où nombre de paroisses ne comptent pas de village : c’est le cas dans tout l’est de la baronnie. En revanche, dans l’ouest, en Laissaguès, où les villages chefs-lieux de paroisse sont plus nombreux, le modèle va souffrir quelques aménagements puisque les communautés d’habitants se créent au niveau de la paroisse, à l’initiative de ces derniers semble-t-il (Gagnac, Gaillac, Sévérac-l’Église…) et avec l’aval du seigneur48. Le ressort territorial de ces communautés, qui correspond à la paroisse, est appelé dans les sources… « mandement » : il faut ici comprendre qu’il s’agit du mandement communautaire, et non judiciaire. Cette dénomination, si elle induit parfois une certaine confusion, montre que le mandement est bien devenu la circonscription territoriale de référence.


  

  • 49  Le dernier Sévérac, Amaury, meurt en 1426. Le comte d’Armagnac est son héritier ; la baronnie lui (...)

20Malgré le caractère fragmentaire et tardif des sources concernant la gestion seigneuriale des Sévérac, il est possible d’en identifier quelques lignes directrices. À partir du second tiers du XIIIe siècle, les Sévérac lancent des offensives dans toutes les directions pour asseoir leur pouvoir territorial et l’étendre au détriment de leurs voisins. Pour cela ils utilisent les armes, la contestation en justice ou bien l’achat de droits. Ils concentrent leurs revendications sur des châteaux au positionnement stratégique, ce qui est classique, mais aussi sur de simples mas, ce qui l’est moins – mais bien caractéristique d’un pays d’habitat dispersé. Il faut dire que l’acquisition d’un mas est plus aisée que celle d’un château ou d’un village, et pour un résultat qui n’est pas négligeable, car elle permet d’augmenter son territoire des hommes et des terres qui lui sont rattachés. Mais la politique territoriale des Sévérac, en ce XIIIe siècle, ne se limite pas à batailler sur les frontières : il s’agit aussi de fixer leurs droits et pouvoirs à l’intérieur pour assurer la meilleure cohérence possible à l’ensemble, à la fois vis-à-vis de leurs vassaux et de leurs sujets. Cette seigneurie territoriale s’appuie, pour les premiers, sur les relations féodo-vassaliques – les vassaux devant, pour leur fief qui est souvent constitué d’un ou plusieurs mas, rendre hommage et respecter la haute justice du baron – et, pour les seconds, sur l’institutionnalisation des communautés de mandement. C’est en faisant de cette circonscription le cadre de référence de leur administration dans tous les domaines (judiciaire, fiscal, communautaire), que les Sévérac parviennent à étendre leur emprise sur les populations dispersées dans les mas, et à les intégrer pleinement à leur gouvernement. De cette manière, même si les institutions administratives étaient concentrées au chef-lieu du mandement, les mas ne furent jamais en situation de marginalisation ou de périphérie, et l’on observe au XVe siècle une assez forte cohésion territoriale de la baronnie, dont l’administration reste remarquablement stable malgré les changements dynastiques, les confiscations royales et la déshérence49. Même si la baronnie de Sévérac peut être vue, comme on l’a dit en introduction, comme le plus petit des grands territoires, ses autorités n’en ont pas moins mis en place une politique élaborée en matière de gestion territoriale, maniant centralisation et intégration territoriales avec une certaine efficacité. Loin des portraits de l’incurie seigneuriale que l’on a parfois brossés, elle reflète, à l’échelon local, les progrès réalisés en matière d’administration territoriale dans les principautés et le royaume de France à la fin du Moyen Âge.

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Notes

1  Le terme de mas (mansus) désigne indifféremment le hameau lui-même ou l’ensemble formé par le hameau et ses terres.

2  Société des Lettres de l’Aveyron (désormais SLA), fonds Sévérac, liasse 1, n° 10.

3  Cartulaire de l’abbaye de Saint-Chaffre du Monastier, U. Chevalier éd., Paris, Picard, 1884, n° 394, p. 136.

4 Pour Foulque : Cartulaires des abbayes d’Aniane et de Gellone. Cartulaire d’Aniane, L. Cassan, E. Meynial éd., Montpellier, J. Martel aîné, 1900, n° 215, p. 347. Pour Déodat : Archives Municipales de Millau, GG 22, et SLA, fonds Sévérac, liasse 1, n° 7 (copie du XVIIe siècle) ; L.-C.-P. Bosc, Mémoires sur l’histoire du Rouergue, Rodez, Carrère, 1879 (1ère édition 1797), t. 1, p. 143.

5  F. de Gournay, Le Rouergue au tournant de l’An Mil. De l’ordre carolingien à l’ordre féodal (IXe-XIIe siècle), Toulouse-Rodez, Presses Universitaires du Mirail, 2004, p. 247.

6  J. Belmon, Les vicomtes de Rouergue-Millau, Xe-XIe siècle, thèse de l’École des Chartes, 1991.

7  Le terme est équivalent de châtellenie (expression que l’on ne trouve pas dans les sources rouergates) selon F. de Gournay, Le Rouergue au tournant de l’An Mil, op. cit., p. 299. Cf. infra.

8  SLA, fonds Sévérac liasse 1 n° 17.

9  Le hameau du Tantayrou (com. Lapanouse, cant. Sévérac-le-Château, arr. Millau, Aveyron), en faisait partie. Cartulaire de Conques, G. Desjardins éd., Paris, Société de l’École des Chartes, 1879, n° 228.

10  Archives Départementales (désormais AD) des Bouches-du-Rhône, B 284, n° 1 ; SLA, fonds Sévérac, liasse 1, n° 17.

11  Le premier hommage attesté d’un Sévérac est celui de Bégon, rendu en 1150 à Raymond Béranger comte de Barcelone pour le castrum de Sévérac, AD Bouches-du-Rhône, B 284.

12  Archives Nationales (désormais AN), J 589, n° 1. Éd. dom C. Devic, dom J. Vaissette, Histoire Générale du Languedoc, Toulouse, Privat, 1872-1905, t. VIII, n° 128, col. 518-522.

13  L. Albaret, « Le siège de Sévérac par Simon de Montfort en 1214 », Heresis, 24, 1995, p. 53-66.

14  AD Lozère, G 730, fol. 80, 81, 174, 188.

15  Peyrelade, com. Rivière-sur-Tarn, cant. Peyreleau, arr. Millau, Aveyron ; Ayssènes com., cant. Saint-Rome-de-Tarn, arr. Millau, Aveyron ; Dolan, com. Saint-Rome-de-Dolan, cant. Le Massegros, arr. Florac, Lozère. AD Aveyron, C 1454, fol. 8 ; Bibliothèque Nationale de France (désormais BnF), coll. Doat, vol. 168, fol. 67, vol. 171, fol. 60. À l’issue de cette guerre, Ayssènes reviendra au comte de Rodez, Dolan au seigneur de Sévérac.

16  Saint-Léons com., cant. Vezins-de-Lévézou, arr. Millau, Aveyron. SLA, fonds Sévérac, liasse 52, n° 1, 2, 7, liasse 1, n° 38, 41 et liasse 45, n° 1.

17  AD Lozère, G 135 (1288) et G 136 (1316).

18  Bautou, Huguiès, Blayac, com. et cant. Sévérac-le-Château, arr. Millau, Aveyron. BnF, coll. Doat, vol. 174, fol. 220-228 et SLA, liasse 2, n° 3.

19  Enfin, signalons que c’est par un achat que les Sévérac achèvent la construction de leur territoire. Depuis au moins le milieu du XIIIe siècle, mais peut-être plus tôt, ils tenaient le Laissaguès (région de Laissac, cf. carte) en co-seigneurie avec le comte de Toulouse, puis, après la mort d’Alphonse de Poitiers, avec le roi. En 1307, les Sévérac achètent la part qui leur manquait à Géraud Baleine, qui l’avait reçue du roi en 1304 en paiement des créances qu’il lui avait consenties (AN, J 317, n° 52 ; JJ 38, fol. 23, n° 64-67 ; ADA, C 1388 bis, fol. 29). Tous mes remerciements à J. Belmon qui m’a communiqué ces informations.

20  Par exemple : procédure de délimitation des mas de Calviac (mas disparu de la paroisse de Lapanouse) et d’Ugnes (com. Lapanouse), 1264, AD Aveyron, 20 J 9 ; arbitrage dans le conflit avec le prieuré Saint-Léons, 1285, SLA, liasse 1, n° 41 ; etc.

21  Par exemple à Sévérac en 1269, 1270 et 1308. SLA, fonds Sévérac, liasse 1, n° 33 ; liasse 52, n° 4 ; liasse 2, n° 9.

22  La baronnie, à sa constitution, formait un espace continu. Au cours du XIVe siècle, le mandement de Peyrelade est perdu au profit des comtes de Rodez, ce qui explique que le mandement de Peyreleau se retrouve détaché du reste de la baronnie, comme on peut le voir sur la carte.

23  Correspondance administrative d’Alphonse de Poitiers, A. Molinier éd., Paris, Imprimerie nationale, 1894-1900.

24  Ibid., n° 1710.

25  Mostuéjouls commune, cant. Peyreleau, arr. Millau, Aveyron. Cf. note 17.

26  Laroque-Valzergues, com. Saint-Saturnin-de-Lenne, cant. Campagnac, arr. Millau, Aveyron. SLA, fonds Sévérac, liasse 38, n° 20, fol. 40v.

27  Voir les contributions de B. Cursente, M. Mousnier et L. Verdon dans Les territoires du médiéviste, B. Cursente, M. Mousnier dir., Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2005, p. 151-168 et 187-222.

28  B. Cursente, « Autour de Lézat : emboîtements, cospatialités, territoires (milieu Xe-milieu XIIIe siècle) », ibid., p. 164.

29  Il n’est pas impossible que ce processus ait démarré avant le milieu du XIIIe siècle dans d’autres régions. En Angleterre, P. D. A. Harvey le date du XIIe s. (« Aspects of the Peasant Land Market in England, XIIIth-XVth Century », The Peasant Land Market in Medieval England, P. D. A. Harvey éd., Oxford, Clarendon Press, 1984, p. 7-19, repris dans : Manors and Maps in Rural England, from the Tenth Century to the Seventeenth, Ashgate, Farnham, 2010).

30  Pour plus de précision, je me permets de renvoyer à ma thèse (à paraître aux éditions du CTHS) : Le feu et le lieu. La baronnie de Sévérac le Château à la fin du Moyen Âge, thèse soutenue à l’Université Paris I sous la direction de M. Bourin, 2008, p. 429sq.

31  Citons entre autres les Héralh seigneurs du repaire de Buzareingues et des mas du Tantayrou et du Bès (com. Lapanouse), AD Tarn-et-Garonne, A 128, n° 3 et 5 ; Johan Joris, seigneur du mas de Fon Raco en 1311 (mas disparu du mandement de Vimenet), AD Aveyron, E 3011, etc.  

32  Sauf à Prévinquières et Bertholène, dont les seigneurs ont la haute justice. Inventaire des Archives du Château de Vezins, éd. par H. Bousquet, Rodez, 1934 [Archives historiques du Rouergue, XII], t. 1, n° 141 et n° 1826.

33  AD Lozère, G 136 ; AD Tarn-et-Garonne, A 127, n° 5 et 6.

34  AD Aveyron, E 3011, 20 J 9, n° 4.

35  Le mandement du château de Sévérac est cité pour la première fois dans un acte de 1147 (SLA, fonds Sévérac, liasse 1, n° 10).

36  F. de Gournay, Le Rouergue au tournant de l’An Mil, op. cit., p. 297.

37  Banc-Anglars, Bertholène, Dolan-Lévéjac, Laissac, Lapanouse, Peyreleau, Prévinquières, le Samonta (attesté en 1387), Sévérac, Saint-Grégoire, Verrières, Vimenet (voir carte). La juridiction de Bertholène et de Prévinquières appartient aux seigneurs de ces lieux, vassaux des Sévérac. AD Aveyron, 3 E 7513, 3 E 5720, E 3012, E 25.  

38  SLA, fonds Sévérac, liasse 52, n° 3 et 4.

39  Le terme extra renvoie probablement aux faubourgs.  

40  SLA, fonds Sévérac, liasse 54, n° 11.

41  AD Lozère, G 136, document 3, G 801, G 802, G 803.

42  AD Lozère, G 142, n° 5 ; AN X-1A-11, fol. 318.

43  Les seigneurs de Sévérac ont l’habitude de donner la seigneurie domaniale d’un ou plusieurs mas à leurs fidèles, à leurs cadets, à leurs veuves ou à l’Église… En outre, de manière générale, les droits rattachés à la seigneurie domaniale (montant des cens, des agriers etc.) sont variables d’un mas à l’autre et, comme on l’a vu, de nombreux mas ont pour seigneur domanial un personnage autre que le baron.    

44  AD Aveyron, 3 E 7513, fol. 55 (1331), 2 E 94-2, n° 4 (1340) ; SLA, fonds Sévérac, liasse 5, n° 15 (1432). La liste des syndics, procureurs et consuls des différentes communautés de la baronnie montre le respect de cette disposition.

45  SLA, fonds Sévérac, liasse 5, n° 15 (1432).

46  Lluis To Figueras a montré à quel point le mas pouvait constituer une structure de domination seigneuriale à l’efficacité redoutable : « Le mas catalan du XIIe siècle : genèse d’une structure d’encadrement et d’asservissement de la paysannerie », Cahiers de civilisation médiévale, 36e année, 2, avril-juin 1993, p. 151-177.

47  Dans l’Ouest de la France, pays d’habitat dispersé, les communautés sont formées sur la base de la paroisse. D. Pichot, Le village éclaté. Habitat et société dans les campagnes de l’Ouest au Moyen Âge,Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2002, p. 232.

48  J. Dumasy, Le feu et le lieu, op. cit., p. 489sq.

49  Le dernier Sévérac, Amaury, meurt en 1426. Le comte d’Armagnac est son héritier ; la baronnie lui sera confisquée par le roi à plusieurs reprises à cause de sa rébellion. En 1497, elle tombe en déshérence et revient finalement aux Arpajon en 1508.

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Table des illustrations

Titre La baronnie de Sévérac-le-Château et ses mandements à la fin du Moyen Âge
URL http://journals.openedition.org/crmh/docannexe/image/12425/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 370k
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Pour citer cet article

Référence papier

Juliette Dumasy, « Construction et administration territoriales d’une seigneurie en pays d’habitat dispersé »Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 21 | 2011, 61-72.

Référence électronique

Juliette Dumasy, « Construction et administration territoriales d’une seigneurie en pays d’habitat dispersé »Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 21 | 2011, mis en ligne le 10 mai 2014, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/crmh/12425 ; DOI : https://doi.org/10.4000/crm.12425

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Droits d’auteur

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