Navigation – Plan du site

AccueilNuméros96-4Les espaces ruraux en France : No...

Les espaces ruraux en France : Nouvelles questions de recherches

Rural spaces in France : New research questions
Claire Delfosse et Monique Poulot

Texte intégral

1La mise à l’agenda des espaces ruraux français aux concours de recrutement des enseignants du secondaire semble augurer d’une nouvelle prise en compte tant de ces espaces que de la géographie qui leur est associée, soit la géographie rurale. Renvoyée à un espace en constante rétraction au vu du zonage en aire urbaine adopté par l’INSEE [Pistre & Richard 2018] ou à une marge [Depraz 2017], considérée un temps comme dominée voire assiégée dans le paradigme du « tout urbain » [Lévy & Lussault 2013, Lussault 2016], force est de constater que cette géographie connaît une nouvelle jeunesse. La lettre de cadrage pour les concours insiste précisément sur « le renouvellement scientifique et épistémologique » de ce champ géographique : ce dernier s’exprime notamment dans un dialogue fécond entre des chercheurs du rural et du périurbain avec des mises en lien d’approches et des mises à l’épreuve de concepts permettant d’appréhender finement les évolutions en cours [Poulot 2018]. En effet, si cette géographie rurale reste fidèle à certains classiques (la faible densité, les paysages, l’agriculture), elle s’est aussi ouverte à de nouvelles perspectives, toujours plus attentive aux pratiques et représentations des habitants du rural et sur le rural. Les Journées rurales, « La Renaissance rurale d’un siècle à l’autre », organisées en 2016 à Toulouse, offraient ainsi plus de vingt entrées allant des enjeux fonciers aux démarches participatives, des ressources agricoles locales au genre et agriculture, de la gestion des ressources et des conflits à la gentrification rurale [http://blogs.univ-tlse2.fr/​dynamiquesrurales]. Et que dire des ouvrages [Jean & Rieutort 2018] et articles parus pour informer les candidats aux concours qui viennent confirmer le foisonnement des recherches dans une attention nouvelle aux concepts et au dialogue avec la géographie urbaine.

2Ce renouveau des études rurales, bien réel ces dernières années, se traduit de différentes manières que donne à voir ce numéro du BAGF, fruit de la séance de l’AGF de janvier 2019. Nous en avons ainsi retenu trois entrées : la première se traduit par un renouvellement générationnel des chercheurs et des choix et méthodes particulièrement interdisciplinaires ; la seconde inscrit la géographie rurale dans tous les grands courants et tournants de la géographie des trente dernières années ; la dernière enfin ancre la discipline dans des enjeux forts de développement et de justice spatiale. Une des dernières originalités du corpus présenté ici est la présence d’une contribution sur le rural ultramarin qui reste encore nettement moins exploré.

1. Vers une nouvelle génération de chercheurs sur le rural

3Le rajeunissement des chercheurs et plus encore l’attrait des recherches rurales pour une nouvelle génération sont sans nul doute des signes forts de la vitalité de ce champ de recherche. Les Universités qui ont maintenu, voire qui recréent, des formations autour du rural, recrutent désormais des cohortes de master toujours plus conséquentes, lesquelles débouchent sur des sujets de thèse réalisés soit dans le cadre des écoles doctorales soit dans le cadre de thèses CIFRE, ce qui est significatif aussi des demandes de la société, voire des entreprises.

4Ainsi, parmi les neuf articles de ce numéro, plus de la moitié sont des résultats de thèse ou des thèses en cours. Et ces jeunes chercheurs, qui travaillent sur le rural, viennent de formations différentes et affirment fortement la nécessité d’approches interdisciplinaires pour cerner au mieux cet objet aux contours mouvants, catégorie spatiale et catégorie de sens à la fois [Rieutort 2012, Le Caro & al. 2016, Poulot 2016].

5Il en est ainsi du croisement classique, mais revisité avec l’agronomie, comme dans l’article de Kevin Morel sur les projets paysans de microfermes. Il en est encore de l’anthropologie avec Estelle Laboureur, qui a réalisé sa thèse dans un laboratoire INRAE-CIRAD spécialisé sur l’élevage et qui traite d’un territoire réunionnais à la croisée de pratiques agricoles et d’inventions de lieux touristiques. C’est également le cas de Claire Fonticelli, urbaniste de formation, qui propose une réflexion dans le cadre d’un doctorat du paysage sur « Densifier le périurbain par le logement collectif : conséquences locales d’une politique nationale ». Ces croisements conservent toutefois une place de choix à la géographie, la plupart des articles étant bâtis sur des jeux d’échelle avec des focalisations à grande échelle afin de révéler les différents contrastes socio-spatiaux. On se doit aussi de constater l’importance des approches qualitatives dans les différents travaux qui tous convoquent enquêtes compréhensives et récits de vie pour appréhender les évolutions en cours dans ces espaces.

2. Une géographie rurale qui s’approprie les grands tournants des vingt dernières années de la géographie

6Le second enseignement est l’éclatement des thématiques traitées et leur transversalité avec notamment la géographie urbaine dont la géographie rurale s’est progressivement séparée au tournant des années 60-70 et avec qui elle continue d’entretenir des rapports complexes [Lévy 2013].

7Quelques thèmes présents dans les articles retenus témoignent de cette mise en partage des problématiques autour des grands tournants récents de la géographie : ainsi le tournant social avec des analyses fines des jeux d’acteurs et une attention forte aux pratiques ; ainsi le tournant environnemental avec la question des transitions ; ainsi encore le tournant culturel [Delfosse 2003] et l’intérêt renouvelé pour les représentations. L’article de Julien Essers et Monique Poulot (« Se nourrir dans le périurbain ouest francilien : Une approche par les mobilités alimentaires ») en est une illustration : la question des mobilités a longtemps été l’apanage des études sur la ville autour des notions de concentration des flux [Kaufmann 2007] ; le thème s’est peu à peu déplacé vers le périurbain avec les mobilités journalières et il est devenu central pour l’espace rural, les ruraux figurant la population la plus motorisée aujourd’hui avec tous les risques de marginalisation possible pour les ménages qui en sont dépourvus [Orfeuil & Ripoll 2013]. Les mobilités en rural s’imposent ainsi comme une question majeure de recherche. Elles sont nécessaires pour comprendre les logiques d’accès à l’alimentation comme le montrent les articles d’Essers et Poulot, mais aussi de Vandenbroucke et Delfosse (« Transitions alimentaires en rural : pratiques et représentations habitantes »). Elles sous-tendent tout autant les questions de dépendance des jeunes ruraux (Diaz et Chauveau, « Les “jeunes ruraux” : forces de proposition ou d’action ? Le cas des jeunes investis au MRJC ») ou des personnes âgées (Aragau, « Les campagnes périurbaines face au vieillissement en France métropolitaine ») que celles de pauvreté (Delfosse, Ferrand, Ganivet et Grimault, « La pauvreté en rural : quels acteurs, quelles actions pour quels projets ? L’exemple de la région Auvergne-Rhône-Alpes »). L’approche de la pauvreté versus la gentrification tend également à devenir une question de recherche partagée entre géographie urbaine et géographie rurale [Bourdin 2008, Richard, Dellier & Tommasi 2014] : Claire Fonticelli et Claire Aragau l’évoquent à propos du périurbain francilien, Claire Delfosse et al. dans la région Rhône-Alpes-Auvergne.

8Et que dire des transitions alimentaires et agricoles, volontiers analysées ces dernières années à partir de la ville et des désirs des urbains [Steel 2009], et dont les articles réunis ici signalent certaines dynamiques communes mais aussi certaines différences quant à la prise en charge de la question par les acteurs du rural. Bien loin des exemples d’agriculture urbaine, Kevin Morel analyse des projets paysans alternatifs dans ce que l’on appelait encore il y a peu le rural isolé ; et il insiste sur le lien entre projet agricole et projet de vie en prise directe avec le lieu d’installation ; le rural représentant les grands espaces mais aussi la convivialité et le local pour ces nouveaux agriculteurs qui s’installent en collectif. Cette réinvention du local figure aussi en bonne place dans les évolutions en cours autour de l’alimentation en périurbain ouest francilien : Julien Essers et Monique Poulot constatent depuis vingt ans un raccourcissement général des mobilités et « un éclatement de plus en plus marqué des lieux alimentaires fréquentés : si la grande surface reste dominante, le petit commerce de proximité, le marché de plein vent ou encore les circuits courts fermiers sont plébiscités » au nom d’un manger sain et local. Quant aux pratiques alimentaires de ruraux habitant dans le PNR du Pilat et dans le Dauphiné, Perrine Vandenbroucke et Claire Delfosse soulignent de la même manière la propension au rapprochement des lieux d’achat dans un contexte marqué par « des contraintes logistiques plus fortes qu’à la ville et la pérennisation de savoirs et savoir-faire autour de la viande ». Mais elles constatent aussi que les évolutions renvoient à « l’affirmation d’une réflexivité ou encore aux dynamiques sociales émergentes autour de l’alimentation » lesquelles puisent dans un rapport dialectique aux villes voisines et dans une circulation des représentations.

9Ces dernières sont d’ailleurs au cœur de tous les articles, tant cette dimension irrigue désormais la géographie et son approche des espaces, le rural constituant en la matière un terrain de choix renvoyé pour certains aux seuls jeux des représentations [Hervieu & Viard 1996]. L’article de Morgane Montagnat sur des pratiques de loisir entre ville et campagne : le trad en région Auvergne-Rhône-Alpes en est une illustration : leur renouveau qui s’inscrit « entre réseaux localisés et internationalisés, vitalité rurale et dynamisme urbain » est une excellente focale d’analyse des « réinventions du rural comme ensemble de représentations, de discours et de projections ». La réflexion d’Estelle Laboureur sur une évolution de l’élevage dominant vers le tourisme en Plaine des Cafres (La Réunion) convoque des registres similaires sur la circulation des imaginaires, les nouveaux acteurs, parfois des nouveaux installés en appelant à « préserver « cadre de vie », « singularité » des Hauts, à se différencier avec les Bas et à communiquer sur ce qui fait « patrimoine » dans la Plaine des Cafres. La « nature », le « climat », « la tranquillité », « l’accueil », « le berceau de l’élevage », sont autant d’éléments mis en avant. L’appel de la tradition, de la transmission ancestrale est présent dans les échanges et il est la plupart du temps combiné à l’apport de nouveautés. »

3. Une géographie rurale en prise avec les réorganisations territoriales et la justice spatiale

10La dernière entrée forte de ces différentes contributions renvoie aux politiques de développement qui ont marqué l’espace rural dans la durée : le rural apparaît en effet comme un bon prisme d’analyse des différentes acceptions de l’aménagement à la française, de l’aménagement du territoire au développement local en passant par le développement rural [Poulot 2020], le tout combiné avec la Politique Agricole Commune qui depuis les années 1960 a radicalement transformé les campagnes. On mesure notamment les effets de cette dernière dans l’article d’Estelle Laboureur à propos de la mise en place d’une filière d’élevage bovin productiviste dans les Hauts de la Réunion ou encore dans celui de Julien Essers et Monique Poulot sur la filière céréalière dominante en Île-de-France et sa signification quant à l’absence de cultures nourricières de proximité dans les logiques de transition actuelles.

11L’articulation entre injonctions nationales et déclinaisons locales est par exemple questionnée dans deux articles sur le périurbain. Au-delà des politiques de logement et du tout voiture qui ont soutenu l’étalement urbain, la contribution de Claire Fonticelli interroge les obligations de densification qui frappent aujourd’hui les communes rurales du périurbain francilien. Bien loin des seules réactions NIMBY, les élus en charge des territoires s’attachent à trouver des solutions, en butte toutefois aux réticences des habitants et aux amendes fortes qui les frappent dans un contexte de finances locales tendues – à l’inverse de nombre de communes des banlieues de l’ouest parisien carencées en logement mixte et social mais qui peuvent supporter le coût des amendes. Claire Aragau évoque un autre visage de ce périurbain qui est désormais entré en vieillissement, alors qu’il a été conçu pour des couples jeunes avec enfants dans des agencements territoriaux pensés pour la voiture : comment les édiles locaux se saisissent-ils de « la question du logement, des déplacements et des services » pour cette population dont « les modes d’habiter se transforment » ? Quels sont leurs leviers ? Comment sont-ils accompagnés ?

12Ces deux articles posent d’une certaine manière la question de la justice spatiale [Gervais-Lambony & Dufaux 2009, Chauvaud, Jean & Willemez 2011] thématique particulièrement clivante encore aujourd’hui entre les tenants d’un rural conçu comme assisté et largement bénéficiaire de nombreuses redistributions [Davezies 2008] et ceux d’un rural qui reste soumis à des injustices multiples. Quand les premiers évoquent les retraites et l’économie résidentielle dont jouissent les campagnes, les seconds soulignent des dotations d’État qui demeurent plus faibles pour un habitant du rural que pour un habitant de l’urbain, le sous-équipement en services qui se creuse du fait des fermetures et du retrait de la puissance publique (hôpitaux, SNCF, tribunaux...) et plus globalement des réorganisations territoriales autour des métropoles et d’EPCI de plus en plus vastes qui prennent acte du phénomène de métropolisation des emplois et des décisions [Depraz 2017]. La réflexion de Claire Delfosse, Mathilde Ferrand, Geneviève Ganivet et Patrick Grimaud sur la pauvreté dans le rural de la région Auvergne-Rhône-Alpes illustre la difficulté d’appréhender la pauvreté diffuse et volontiers cachée dans le rural et plus encore celle de sa prise en charge par des politiques sectorielles et faiblement intégratives. De fait « aucun dispositif semblable à celui de la politique de la ville n’a été conçu pour le milieu rural » et l’article témoigne d’initiatives autour de la territorialisation, mais aussi dans des projets de développement local avec des liens renouvelés entre acteurs sociaux et acteurs territoriaux.

13Les conclusions de Robin Diaz et Hélène Chauveau sur les « jeunes ruraux » sont assez similaires : c’est d’ailleurs comme la pauvreté un sujet qui a été encore peu travaillé. Partant du constat que si « la majorité des jeunes nés en rural continuent de quitter définitivement ou périodiquement ces espaces vécus comme ingrats pour certaines activités, (...) beaucoup reviennent, ou arrivent des villes, avec une autre représentation de ces territoires en tête, d’autres bagages, d’autres envies », le propos est d’envisager des espaces de parole et d’initiatives pour cette jeunesse qui désire vivre et créer à la campagne sans refuser pour autant la ville et en composant avec elle dans des allers et venues qui sont quasiment devenues la norme.

14Ainsi le vieux slogan du « vivre au pays » semble-t-il toujours plus d’actualité et nombre de figures proposées dans les articles viennent affirmer ce désir d’habiter l’espace rural, parfois contre la ville mais le plus souvent avec elle [Kayser 1990] ; surtout elles refusent la stigmatisation toujours pendante de la campagne qui participe aussi des formes d’injustice. Il en est ainsi des agriculteurs des micro-fermes enquêtées par Kevin Morel qui choisissent le retour à la terre pour affirmer des « visions et pratiques agricoles alternatives caractérisées par une recherche de sens et d’autonomie sur de petites surfaces, une volonté de prendre soin de la terre avec des pratiques écologiques innovantes, recréer des systèmes alimentaires de proximité, retisser du lien social dans les territoires ». Et que dire de ces artistes du trad présentés par Morgane Montagnat qui par leur pratique revendiquent « faire partie d’un lieu, même d’un petit lieu, (voire surtout) d’un lieu reculé (...) comme une possibilité d’épanouissement personnel mais aussi comme un outil collectif de restauration de la fierté d’espaces vécus sous le signe de la relégation, de la déprise et de l’abandon » tout en affirmant « une dimension très internationale avec un déploiement européen, une globalisation des références musicales, une déclinaison européenne du phénomène du bal ».

15Les articles présentés dans ce numéro participent ainsi tous au renouvellement des études rurales et tous en conjuguent plusieurs entrées. Un article d’introduction, « Le rural, une catégorie opératoire pour penser les mutations socio-spatiales françaises. La géographie rurale d’hier à aujourd’hui », présentera les inflexions majeures de cette géographie rurale sur le XXe siècle et permettra d’insister sur leur modernité. Par commodité, les contributions ont été regroupées en deux grandes rubriques qui transcendent les types d’espace rural, du périurbain à l’hyperrural, ce qui illustre bien la transversalité des questionnements.

16La première rassemble cinq articles qui évoquent « l’habiter en rural ». Ce concept d’habiter est un concept central de la géographie sociale et actorielle, mettant en lien l’homme habitant et son espace habité dans un emboîtement d’échelles [Lazzarotti 2006, Lussault, Younès & Paquot 2007, Mathieu 2014]. Il appelle à réfléchir aux modes d’appropriation de l’espace et aux formes d’adaptation des habitants à l’espace et vice versa, bref au basculement de l’espace vers le territoire et/ou le lieu. Le couple territorialité / territorialisation est ainsi au cœur de tous les articles qui réfléchissent aux manières des habitants de connaître et pratiquer les lieux pour se les approprier [Vanier 2009]. Les pratiques mises ainsi en lumière sont multiples ; elles renvoient tant au loger qu’au travailler, tant au bouger qu’à rencontrer les autres, tant à se divertir qu’à s’épanouir... Le prisme peut-être celui d’une catégorie d’habitants, ainsi les personnes âgées dans la proposition de Claire Aragau, ainsi les jeunes dans celle de Robin Diaz et Hélène Chauveau. Il peut être aussi une pratique particulière comme le « se nourrir » dans l’article de Perrine Vandenbroucke et Claire Delfosse et dans celui de Julien Essers et Monique Poulot ou un type de loisirs comme le « trad » dans le propos de Morgane Montagnat. Il souligne encore des techniques ou tactiques d’appropriation : les mobilités qui se retrouvent dans tous les articles en figurent un exemple ; les arbitrages selon les revenus ou les aggiornamento permanents autour des représentations qui ne cessent d’évoluer en sont d’autres formes. Au travers de différents objets, ces cinq articles reconnaissent des spécificités à l’habiter rural, et partant à cette catégorie spatiale, que l’on peut rassembler autour des notions de faible densité (des hommes comme des réseaux ou des équipements) et de petites communautés marquées par l’interconnaissance. Mais parallèlement, ils mettent tous en relief les articulations ou interrelations fortes entre ville et campagne par le jeu des circulations tant des hommes, des marchandises que des représentations.

17Le second volet regroupe quatre articles centrés sur les « jeux d’acteurs, politiques publiques et innovations territoriales en rural ». Si le poids des politiques publiques et des réorganisations territoriales apparaissait en filigrane dans la partie précédente, il devient central ici et pose la question du développement de ces territoires ruraux et des acteurs qui le portent [Zuindeau 2010, Torre & Wallet 2012, Campagne & Pecqueur 2014]. Les deux premiers articles rappellent le rôle essentiel de l’agriculture et des agriculteurs et la difficile adaptation en cours dans un contexte de crise de l’agriculture (crise de la profession et des transmissions agricoles, perte de marchés et de compétitivité) et de crise environnementale. La proposition d’Estelle Laboureur analyse l’avènement de la multifonctionnalité promue tant par l’Union Européenne que l’État et les régions françaises dans une région acquise jusqu’alors à l’élevage bovin productiviste : c’est à la fois un changement de récit (du récit agricole au récit touristique) et un changement de métier. Kevin Morel se consacre lui aux nouvelles installations d’agriculteurs, hors cadre familial pour l’essentiel, sur des micro-fermes dans une optique de réempaysannement conçu comme un retour à l’autonomie, au prendre soin de la terre, voire de vivre de peu, mais dans une communauté recréée [Van der Ploeg 2014]. Les deux derniers articles envisagent enfin la difficile articulation entre politiques nationales et problématiques locales pour s’interroger sur la mise en place de politiques territorialisées plus intégratives et adaptées aux spécificités du rural. Claire Fonticelli présente ainsi le projet de densification du périurbain qui apparaît aujourd’hui hors sol et inadapté au contexte de petites communes de 1500 habitants et moins. Claire Delfosse, Mathilde Ferrand, Geneviève Ganivet et Patrick Grimaud s’interrogent quant à eux sur les moyens de lutter contre la pauvreté en rural dans la région Auvergne-Rhône-Alpes avec des recherches de solutions plus territorialisées et soucieuses d’un développement local.

Haut de page

Bibliographie

Bourdin, A. (2008) – « Gentrification : un « concept » à déconstruire » Espaces et Sociétés, n° 132-133, pp. 23-37, https://www.cairn.info/revue-espaces-et-societes-2008-1-page-23.htm

Campagne, P. & Pecqueur, B. (dir.) (2014) – Le développement territorial : une réponse émergente à la mondialisation, Paris, éditions Charles Léopold Mayer, 267 p.

Chauvaud, F., Jean, Y. & Willemez, L. (dir) (2011) – Justice et sociétés rurales du XVIè siècle à nos jours. Approches pluridisciplinaires, Rennes, PUR, 380 p.

Davezies, L. (2008) – La République et ses territoires : la circulation invisible des richesses, Paris, Ed. Du Seuil, 96 p.

Delfosse, C. (2003) – Géographie rurale, culture et patrimoine, HDR, Université de Lille, 312 p.

Depraz, S. (2017) – « Penser les marges en France : l’exemple des territoires de “l’hyper–ruralité” », Bulletin de l’Association de Géographes Français, vol. 94, n° 3, pp. 385-399, https://journals.openedition.org/bagf/2086

Gervais-Lambony, P. & Dufaux, F. (2009) – « Justice...spatiale ! », Annales de Géographie, n° 665-666, pp. 3-15, https://www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2009-1-page-3.htm

Hervieu, B. & Viard, J. (1996) – Au bonheur des campagnes (et des provinces), Marseille, L’Aube, 160 p.

Jean, Y. & Rieutort, L. (dir.), (2018) – Les espaces ruraux en France, Paris, A. Colin, 512 p.

Kaufmann, V. (2007) – « La motilité : une notion clé pour revisiter l’urbain ? », in M. Bassand, V. Kaufmann & D. Joye (dir.), Enjeux de la sociologie urbaine, Lausanne, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, 2e éd., pp. 171-188.

Kayser, B. (1990) – La renaissance rurale, sociologie des campagnes du monde occidental, Paris, A. Colin, 316 p.

Lazzarotti, O. (2006) – Habiter, la condition géographique, Paris, Belin, 297 p.

Le Caro, Y., Jousseaume, V., Poulot, M. & Rouget, N. (2016) – « Agricultures et villes : des articulations renouvelées », Annales de Géographie, n° 712, pp. 553-563.

Lévy, J. & Lussault, M. (2013) – Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin, 1228 p.

Lévy, J. (2013) – « Liens faibles, choix forts : les urbains et l’urbanité », La vie des Idées, https://infoscience.epfl.ch/record/195711 ?ln =fr

Lussault, M. (2016) – « Le rural, de l’urbain qui s’ignore ? », Tous urbains, n° 14, pp. 36-43.

Lussault, M., Younès, C. & PaQUOt, T. (dir.) (2007) – Habiter, le propre de l’humain, Paris, La Découverte, 384 p.

Mathieu, N. (2014) – « Mode d’habiter : un concept à l’essai pour penser les interactions homme-milieu », in R. Chenorkian & S. Robert (dir.), Les interactions hommes-milieux, Versailles, Editions Quae, pp. 97-130.

Orfeuil, J.-P. & Ripoll, F. (2015) – Accès et mobilités. Les nouvelles inégalités. Gollion, Éd. Infolio, 218 p.

Pistre, P. & Richard, F. (2018) – « Seulement 5 ou 15 % de ruraux en France métropolitaine ? Les malentendus du zonage en aires urbaines », Géoconfluences, http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/france-espaces-ruraux-periurbains/articles-scientifiques/definition-espace- rural-france

Poulot, M. (2016) – « Partout la campagne … », Pouvoirs locaux, n° 108, pp. 108-113.

Poulot, M. (2018) – « Espaces ruraux et périurbains en France : populations activités, mobilités », Géoconfluences, http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers- regionaux/france-espaces-ruraux-periurbains/cadrage

Poulot, M. (2020) – « Les aménagements des territoires : l’aménagement rural », in J.-P. Charvet et M. Sivignon (dir.), Géographie humaine : Mondialisation, inégalités sociales et enjeux environnementaux, Paris, A. Colin, Collection U, pp. 329-366, 3ème édition, pp. 329-366

Richard, F., Dellier, J. & Tommasi, G. (2014) – « Migration, environnement et gentrification rurale en Montagne limousine », Revue de Géographie Alpine, n° 102-3, https://journals.openedition.org/rga/2525

Rieutort, L. (2012) – « Du rural aux nouvelles ruralités », Revue internationale d’éducation de Sèvres, n° 59, pp. 43-52, https://journals.openedition.org/ries/2267

Steel, C. (2009) – Hungry City : How Food Shapes Our Lives, Londres, Vintage/gb, 383 p.

Torre, A. & Wallet, F. (2012) – « Innovations et gouvernance des Territoires ruraux », in E. Coudel & al., Apprendre à innover dans un monde incertain. Concevoir les futurs de l’agriculture et de l’alimentation, Versailles, Editions Quae, 248 p, chap. 8.

Van Der Ploeg, J.-D. (2014) – Les paysans du XXIe siècle : Mouvements de repaysanisation dans l’Europe d’aujourd’hui, Paris, éd. Charles Léopold Mayer, 213 p.

Vanier, M. (dir.) (2009) – Territoires, territorialités, territorialisation : controverses et perspectives, Rennes, PUR, 228 p.

Zuindeau, B. (dir.) (2010) – Développement durable et Territoire, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 517 p.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Claire Delfosse et Monique Poulot, « Les espaces ruraux en France : Nouvelles questions de recherches »Bulletin de l’association de géographes français [En ligne], 96-4 | 2019, mis en ligne le 31 décembre 2019, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/bagf/5813 ; DOI : https://doi.org/10.4000/bagf.5813

Haut de page

Auteurs

Claire Delfosse

Professeure, Université Lyon 2, Laboratoire d’Études rurales – Courriel : claire.delfosse[at]wanadoo.fr

Articles du même auteur

Monique Poulot

Professeure, Université Paris Nanterre, UMR LAVUE 72 18 CNRS – Courriel : mpoulotmoreau[at]parisnanterre.fr

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search