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Les aléas d’une revisite de terrain

Le patrimoine paysager de Grazalema (1945-2005)

Ángel Martín, Francisco Campuzano, Manuel Guil, Juan Bautista Gallego et Pedro Romero de Solís

Résumés

Le patrimoine paysager de Grazalema (1945-2005). Nous nous proposons, dans ce texte, de décrire l’environnement de Grazalema à l’époque du séjour de J. Pitt-Rivers et d’analyser les changements les plus importants que l’on peut les observer aujourd’hui. Prenant en compte l’intérêt suscité par les valeurs de la nature à travers le temps, depuis les premiers naturalistes du xviiie siècle jusqu’à nos jours, nous nous intéressons à l’attrait croissant pour la « nature » et à la création du Parc Naturel qui a généré un type de tourisme inconnu dans cette région dans les années 1940 et qui est devenu le principal moteur des transformations sociales observées dans le village ainsi que le vecteur de la perception locale de l’environnement. Nous analysons également les changements de la société locale et de ses valeurs et nous essayions de comprendre comment les habitants de Grazalema appréhendent le paysage et comment ils ressentent la création du Parc naturel, ses avantages et ses inconvénients.

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Texte intégral

1Les paysages espagnols – et plus particulièrement ceux de la région de Grazalema – ont été profondément modifiés depuis les années 1950. C’est pourquoi nous nous attacherons dans cette contribution à décrire les différentes composantes du paysage de Grazalema afin d’évaluer leurs modifications dans le temps. En outre, nous nous intéresserons à la façon dont la perception de cet environnement a évolué.

2Pitt-Rivers réside à Grazalema dans les années 1950, il y réalise un travail qui deviendra un classique de la littérature anthropologique. Dans sa monographie, il ne s’intéresse cependant pas aux nombreuses spécificités naturelles, botaniques, géologiques et météorologiques de l’endroit. Bien qu’il ait modifié les noms des villages dont il est question dans son ouvrage (remplaçant Alcalá de la Sierra par Grazalema, Peñaloja par Benamahoma, Jacinas par Ubrique, etc.), l’absence de référence à l’environnement ne peut pas être interprétée comme la volonté d’occulter le lieu de l’enquête ethnographique. En effet il est généralement très simple d’identifier chacun des villages en se référant par exemple à leur nom latin. Ne pas décrire le paysage résulte selon nous d’un choix : présenter un modèle de communauté rurale facilement exportable. Dans son ouvrage, il met d’ailleurs l’accent sur les caractéristiques structurelles de la société.

3Les processus de modification des paysages à l’œuvre de 1950 à 1980 ont été bien étudiés par l’équipe multidisciplinaire de la Casa de Velásquez (1985), par Fernández Alés (1992) – aidé de différents collaborateurs – et par Gallego (1999) qui a travaillé plus particulièrement à Grazalema. Tous ces travaux mettent en évidence les changements induits par la mécanisation de l’agriculture et l’urbanisation. Dans la sierra andalouse, de nombreuses parcelles cultivées sont délaissées et les superficies boisées augmentent de façon importante. Ce processus n’est cependant pas continu : il y a de nombreuses phases de ralentissement voire même d’inversion ponctuelle.

4Les prémices de ces changements se font sentir à la moitié du xixe siècle. Dès lors, l’agriculture perd de l’importance au profit de l’élevage dans la sierra. Les troupeaux sortent désormais des champs et des marais auxquels ils étaient cantonnés. Au xixe siècle, Grazalema a la particularité de compter sur une industrie textile florissante. Les moutons fournissent la matière première et leur laine s’avère d’une qualité particulière : les animaux sont d’une propreté inhabituelle du fait des abondantes précipitations. Avec la baisse d’activité du secteur, ils sont en partie remplacés par des chèvres.

5Dans les années 1930, l’irrigation devient une priorité pour l’État. Le régime franquiste promulgue le décret de création de l’institut de colonisation (le 18 octobre 1939) puis la loi de colonisation (le 26  décembre 1939). Suivent d’autres textes assortis de l’attribution de subventions. L’élevage bovin est déplacé vers la sierra. À Grazalema, les pâturages de basse altitude disparaissent. Ce processus commence juste après la guerre civile, mais il ne se fait clairement sentir que dans les années 1960 lorsque l’agriculture moderne s’impose. En 1945, une pénurie de fertilisants règne en Espagne du fait de l’isolement international du pays. Les rendements baissent fortement et toutes les superficies arables sont mises en culture pour maintenir la production. À Grazalema comme ailleurs, on profite du moindre coût de la main d’œuvre de 1945 à 1950.

6La perception du paysage change peu à peu. Dès les années 1950, les paysages originels commencent à être appréciés. Au tournant des années 1960, l’attrait pour la nature se popularise, mais c’est au début des années 1970 que la perception du paysage change véritablement et que le milieu naturel de Grazalema devient intéressant. Avec 2 200 mm d’eau par an, cette région jouit de la pluviométrie la plus élevée d’Espagne. Les eaux de ruissellement alimentent le fleuve Guadalete, le plus important des cours d’eau prenant sa source dans la province de Cadix. C’est également l’endroit où il neige le plus dans la province. Dans les zones les plus élevées, l’orographie compliquée donne lieu à une mosaïque dense de microclimats qui favorisent la richesse de la faune et de la flore (1 700 taxons). Dès cette époque, les visiteurs viennent depuis Cadix, Séville, Jérez et los Puertos.

Matériel et méthode

7Nous nous sommes intéressés au territoire de la municipalité de Grazalema qui compte 12 100 ha majoritairement boisés (9 589 ha), dont un peu plus de la moitié est constituée de forêts et le reste de surfaces au couvert boisé lâche (monte abierto). Il y a deux centres urbains dans l’espace considéré, à savoir Grazalema et Benamahoma.

8Le tout consiste en une large bande traversée d’est en ouest par la route reliant Jérez à Ronda, laquelle permet de distinguer deux portions inégales, la plus grande étant située au Nord. À l’est se trouve la sierra de Ronda qui dépend de la province de Malaga – limite municipale et provinciale coïncident –, au nord sont situées Gastor et Zahara de la Sierra, à l’ouest El Bosque et au sud Benaocaz et Villaluenga del Rosario.

9Ces limites ne correspondent pas à des frontières naturelles mais à des délimitations administratives à l’intérieur de la sierra de Cadix et de Malaga. Nous aurions pu choisir comme terrain d’étude le Parc naturel de Grazalema qui englobe les territoires des sierras de ces deux municipalités. Mais, malgré le nom du Parc, les habitants du village méconnaissent les terres situées en dehors de leur municipalité et n’ont donc pas prise sur elles. Comme notre travail s’inscrit dans la continuité de celui de Pitt-Rivers, nous avons décidé de garder la même échelle d’étude, à savoir la municipalité de Grazalema.

10Nous avons utilisé des photographies aériennes de 1956, 1970 et 2000 afin de réaliser la carte des différentes unités paysagères et de rendre compte des changements intervenus sur cette période. Nous avions également une photographie datant de 1944, mais sa qualité était insatisfaisante. Nous n’avons pas pu établir l’état de la végétation à cette date mais avons néanmoins pu constater que seuls des changements mineurs étaient intervenus de 1944 à 1956.

11Le couvert végétal nous a permis de dresser une carte des différentes unités environnementales. Cet indicateur se présente comme la synthèse des caractéristiques édaphiques, géomorphologiques, climatiques et anthropiques du milieu. De plus, il s’avère aisément lisible sur une photographie aérienne. Les photographies de l’année 2000, la cartographie du Parc naturel (Delannoy, 2000) et un travail de terrain ont permis d’achever ce document. Les unités sont de taille importante et elles sont très bien contrastées entre elles, ce qui permet de pouvoir apprécier facilement les modifications intervenues au cours du temps.

12Afin de rendre compte de l’évolution de la perception du paysage, nous avons cherché des descriptions du milieu antérieures au séjour de J. Pitt-Rivers à Grazalema. Nous souhaitions connaître les éléments naturels alors valorisés, y compris dans des domaines spécialisés. Nous nous sommes donc intéressé aux différents usages et types de gestion des ressources naturelles afin d’identifier les éléments moteurs du changement.

Résultats

Unités du paysage

13Dans la figure 1 sont représentées les unités paysagères de la commune de Grazalema délimitées à partir des photographies aériennes verticales de juin 2000. Nous avons distingué 12 grandes unités dont 6 forestières – sapinière, pinède de reboisement, chênaie et rouvraie, plantation de chênes-lièges, montagne et maquis –, et 6 agropastorales – champs cultivés, champs abandonnés, pâturages, fourrages, oliveraies et enfin les zones improductives au faible couvert végétal tels les rochers, les retenues d’eau et les centres urbains.

Fig. 1 − Carte des unités environnementales de la municipalité de Grazalema.

Sapinière

  • 1 Entre parenthèses sont indiqués pour chaque espèce le nom espagnol puis le nom scientifique. Le sit (...)

14Cette unité est formée par les forêts de sapins (pinsapos - Abies pinsapos)1 de la Sierra del Pinar, lesquelles s’étendent jusqu’au territoire de Zahara de la Sierra. Cette formation végétale est emblématique de ce milieu. Toute cette zone est incluse depuis mars 1985 dans la réserve naturelle la plus protégée du Parc. Sa valeur n’est pas seulement due à la présence de sapins, pourtant une essence relique, mais surtout à la végétation et à la faune, très bien conservées, qui l’accompagnent (Ruiz de la Torre et al., 1994).

Pinède de reboisement

15Cette unité paysagère correspond aux plantations de pins noirs (pino negral - Pinus pinaster) et à une enclave de pins blancs (pino carrasco - Pinus halepensis). Ces espaces correspondent à différents sites municipaux situés en altitude. Ce sont des reboisements datant des années 1963 et 1970 qui avaient comme double objectif de ralentir les phénomènes d’érosion sur les terrains montagneux publics ou municipaux, et de réguler l’écoulement des eaux dans le bassin versant du Guadalete. La densité de boisement est telle que le degré de couverture du sol dépasse généralement 50 %. Du fait de la monoculture, la diversité biologique est bien inférieure à celle de l’unité précédemment évoquée. Cependant, cet écosystème joue un rôle important du point de vue de la préservation du sol car il permet de régénérer les formations végétales naturelles. La grande uniformité de texture et l’homogénéité du couvert impliquent néanmoins certains risques : la fragilité face à des maladies, des insectes ou des risques environnementaux tels des incendies. Ce dernier risque est très élevé, des feux se sont déclarés à différentes dates et des reboisements postérieurs ont du être effectués.

Chênaie et rouvraie

16Cette unité correspond à des zones dont la couverture arborée dépasse toujours les 40 %. Elle est composée d’arbres à feuilles plates (planifolio) : généralement des chênes (encinas - Quercus rotundifolia var. ballota) et quelquefois, dans les endroits les plus ombragés, des chênes-rouvres (quejigos - Quercus faginea) et des chênes-lièges (alcornoque - Quercus suber). Ce couvert végétal présente une diversité biologique très importante et, comme les sapinières, il est l’un des mieux conservés. Si auparavant ces forêts étaient exploitées pour leur bois, actuellement elles servent de pâturage à des chèvres et à quelques porcs durant la glandée.

Plantations de chênes-lièges

17Les plantations de chênes-lièges (alcornoque - Quercus suber) présentent un degré de couverture compris entre 25 et 60 %. On y trouve souvent des chênes-rouvres et dans certains cas de grandes superficies de bruyères arborescentes (brezos - Erica arborea). Généralement, le sous-bois est relativement propre en raison des travaux liés à l’exploitation du liège. Cette activité est prépondérante et la récolte a lieu tous les neuf ans. Ces espaces servent de pâturage aux troupeaux, essentiellement composés de chèvres. La diversité biologique de cette unité paysagère est très élevée.

La montagne

18Ces zones sont des maquis formés d’espèces majoritairement sclérophylles où apparaissent quelques arbres, souvent des chênes quoique l’on puisse rencontrer des sapins à proximité des sapinières. Ce sont des maquis très denses d’une hauteur de 1,5 m pouvant atteindre par endroit 4,5 m. Le sol, presque à nu, présente un taux de couverture inférieur à 10 %. Nous avons pu identifier 37 espèces différentes, parmi lesquelles les plus fréquentes sont, dans l’ordre, les lentisques (lentiscos - Pistacia lentiscus), les oliviers nains (olivillo - Rhannus lycioides subsp. oleoides), les alaverts (labiérnagos - Phillyrea angustifolia), les alaverts à large feuille (Phillyrea latifolia) et les arbousiers (madroño - Arbutus unedo). Dans les zones les plus protégées, il n’est pas rare de rencontrer des lianes comme du lierre (hiedra - Hedera helix) du chèvrefeuille (madreselva - Lonicera implexa) et de la salsepareille (zarzaparrilla - Smilax aspera). La présence de plants de sapins est à noter, ces derniers peuvent représenter 5 à 10 % de la couverture totale et constituent une réserve pour cette espèce arborée ; ils se développeront si les circonstances sont favorables (Gallego, 1999). Ces buissons sclérophylles sont souvent dénommés « montagne noble » (monte noble) ou « montagne de tête » (monte de cabeza). Cette unité de végétation offre refuge et aliments aux oiseaux qui dispersent les graines, elle acquière de ce fait une grande valeur écologique.

19Actuellement, cette zone n’est que très peu exploitée car elle se trouve dans l’aire de protection maximale du Parc. L’ancienne activité de préparation du charbon est tombée en désuétude et les chèvres ne peuvent pas y paître. Cette activité pourrait pourtant être rentable aujourd’hui.

Bruyères arborescentes

20Cette formation végétale ligneuse ne présente pratiquement pas d’arbres. C’est la plus dégradée des unités de ce type. L’on peut distinguer deux types de couvert végétal très contrastés que nous n’avons cependant pas distingués sur la carte car ils ont subi des changements similaires et sont utilisés de la même façon. Ce sont des aulagares, c’est-à-dire un couvert végétal où dominent les ajoncs, qui croissent sur des pentes modérées et plus particulièrement sur des parcelles cultivées il y a encore une vingtaine d’années. La végétation y dépasse rarement les 70 cm de hauteur et couvre 80 à 90 % de la surface du sol. La diversité végétale est très basse : nous n’avons rencontré que 11 espèces ligneuses sur des transepts de 25 m. Parmi les 22 espèces identifiées, la plus fréquente est le genêt (aulaga - Ulex baeticus) qui couvre approximativement 50 % du sol ; elle est accompagnée par ordre d’importance de phlomis (matagallo - Phlomis purpurea), de thym (tomillo - Thymus mastichina), de genêt (retama - Retama sphaerocarpa) et plus rarement de palmier nain (palmito - Chamaerops humilis), d’olivier nain et de daphné garou (torvisco - Daphne gnidium).

21L’autre formation végétale que nous trouvons dans cette unité est un type de maquis plus homogène qui se rencontre sur des pentes de 5 à 30 % orientées sud/sud-est et sud/ouest : les jarales. La hauteur et le degré de couverture sont identiques à celles des aulagares précédemment décrits, mais la diversité y est moindre. L’espèce dominante y est le ciste blanc (jarilla blanca - Cistus albidus) qui couvre 40 % du sol, suivi du phlomis qui en couvre 20 %. Les autres espèces apparaissant dans ces broussailles sont l’aubépine à un style (espino blanco - Crataegus monogyna), l’ajonc (aulaga - Ulex baeticus), le genêt (retama - Retama sphaerocarpa) et les lentisques (lentisco - Pistacia lentiscus). Cette unité est également issue de l’abandon de parcelles cultivées ou de surfaces incendiées. Actuellement, les chèvres y paissent.

Les rochers

22Constituée essentiellement d’affleurements rocheux, elle présente la couverture végétale la plus faible. Ces surfaces, situées sur les zones les plus escarpées, sont les plus érodées. La couverture végétale y est inférieure à 25 % et si quelques arbres isolés se développent, l’absence de sol est caractéristique.

Pâturages

23Ils sont formés par des pâturages complantés de chênes ou éventuellement de chênes-lièges dans les zones ombragées. La densité arborée oscille entre 25 et 70 pieds à l’hectare, le reste de la couverture est composée d’herbacées annuelles. Dans les pâturages les plus abandonnés croissent quelques arbustes, le plus souvent des cistes (jarales - Cistus albidus) et des ajoncs (aulagas - Ulex baeticus). Ces pâturages profitent aux troupeaux d’ovins et de bovins, et d’octobre à décembre, aux porcs qui se nourrissent des glands. Durant cette période appelée la montanera, les pâturages sont très abondants du fait des précipitations élevées et de l’importante émission de rayons solaires. Quoique la diversité florale puisse varier en fonction du substrat, elle est très élevée, nous avons pu trouver plus de 130 espèces par mètre carré.

Prés

24Mis à part quelques arbres isolés et quelques genêts, cette unité paysagère ne présente pas de végétation ligneuse. On y rencontre différents types de fourrages, généralement des espèces annuelles, sauf dans les zones inondées – marécages ou lacs – où il y a jusqu’à 20 % d’herbacées pérennes. Ces zones sont dédiées à l’élevage extensif d’ovins et de bovins principalement.

Oliveraies

25Les oliveraies forment une unité composée par les parcelles d’oliviers de différents âges situées sur les terres les plus basses. Les plus récentes sont situées autour de Benamahoma. Une grande partie de ces parcelles sont actuellement en état de semi-abandon. Si l’olive y est toujours récoltée, les arbres sont taillés moins fréquemment et les traitements phytosanitaires sont incomplets. Dans les oliveraies les plus anciennes, outre la cueillette de l’olive, le substrat herbacé peut également être consommé par des troupeaux d’ovins.

Les cultures

26Dans cette unité de végétation sont englobées les terres labourées situées en bas de versant et relativement planes (non incluses dans l’unité précédente). À Grazalema, l’agriculture est peu développée car les sols sont très caillouteux. Sur le peu de terrains cultivables sont plantées des céréales et des légumineuses, et là où il est possible d’irriguer, on trouve des jardins familiaux. Les parcelles sont petites : 80 % d’entre elles ne dépassent pas les 15 ha et sont possédées par une centaine de petits propriétaires ou sont cultivées par des locataires.

Cultures abandonnées

27Cette unité est similaire à celle des prés et l’usage qui en est fait est identique. L’on peut néanmoins déceler des indices de leurs anciens usages : la qualité fourragère des espèces s’y trouvant est généralement inférieure à celle des prés du fait de la présence de cardons et de quelques maquis secondaires. Les zones ainsi abandonnées sont souvent les parcelles les plus éloignées des centres urbains de Grazalema et Benamahoma.

Changements entre 1945 et 2000

28Le paysage que J. Pitt-Rivers a eu sous les yeux à son arrivée à Grazalema a été profondément modifié. Il n’y avait à l’époque pas de parcelles reboisées en pins et les superficies cultivées étaient beaucoup plus importantes. Les centres urbains de Grazalema et de Benamahoma ont beaucoup changé sans pour autant s’étendre. Les rues, entièrement pavées, et les maisons, agrandies, ont fait disparaître les basses-cours d’antan. Malgré tout, la physionomie du village n’a pas été bouleversée, le tracé des rues n’a pas été modifié. Les porcheries, les moulins, les bâtiments agricoles ou autres édifices dispersés dans la campagne sont actuellement abandonnés. Seuls quelques-uns sont réhabilités en résidences secondaires. Le réseau routier n’a pas subi de modifications depuis 1945 et à quelques variations près, les routes suivent le même tracé. Les chemins de terre ou les routes autrefois sommairement bitumées sont aujourd’hui bien goudronnés et la chaussée est en bon état.

Modifications des pinèdes

29Les changements qui ont affecté cette unité sont sans doute les plus significatifs. Les rares descriptions du paysage faites par J. Pitt-Rivers évoquent un paysage dénudé. Alors, les affleurements rocheux étaient très visibles et la végétation, rare, servait de pâturage aux chèvres. Dès les années 1960 et 1970, des pins sont plantés et viennent modifier le paysage. Certains rochers peuvent néanmoins encore donner cette impression.

30Comme nous pouvons l’observer sur la figure 2, tous les pins ont été plantés près de Grazalema. Les parcelles concernées étant situées en hauteur par rapport au village, le changement est nettement perceptible malgré la faible superficie concernée. Les arbres replantés sont particulièrement visibles depuis l’agglomération et également depuis la route qui mène de Jérez à Ronda, l’une des plus fréquentées déjà à l’époque de J. Pitt-Rivers.

Fig. 2 − Pinèdes de Pinus halepensis (en vert) plantés de 1960 à 1970.

Cultures herbacées

31Le changement ayant affecté la superficie la plus importante concerne les cultures herbacées. Comme nous l’avons déjà signalé, l’industrie chimique est détruite dans les années 1940-1950 ; à cause de la guerre civile et de l’embargo international, les fertilisants manquent de façon dramatique en Espagne. Ce sont alors les « années de la faim », les paysans tentent de pallier la faiblesse des rendements par l’augmentation des superficies cultivées. Ainsi, de 1945 à 1955, les cultures herbacées occupent une grande partie du terroir. À Grazalema, ce sont des céréales et des légumineuses qui sont semées. Sur la figure 3, on peut voir que les cultures herbacées diminuent peu à peu à mesure que la main d’œuvre se fait plus rare, que l’agriculture est mécanisée et devient moins rentable. Sur la photographie de 1956 les parcelles cultivées sont faciles à détecter ; actuellement, nombre d’entre elles sont devenues du maquis, des pâturages, des prés et des cultures abandonnées. Sur la photographie de 1970, les aires cultivées sont difficiles à identifier et certaines ont déjà été abandonnées. Les champs de cultures herbacées ont presque disparu du paysage.

Fig. 3 − Cultures herbacées en 1956 (en jaune) et en 2000 (rayures verticales).

32Sur la photographie aérienne de 1956, de très nombreux tas de pierres formés à l’aide d’une charrue (majanos) sont visibles. Ils indiquent la mise en culture récente de terres caillouteuses. Ces monticules sont encore détectables actuellement grâce à des variations de végétation (figure 4).

Fig. 4 − Le cadre rouge indique une zone qui présente de nombreux points blancs qui correspondent aux tas de pierres extraites lors des labours (majanos).

Oliveraies et autres cultures ligneuses

33La vigne était autrefois abondante, les pieds étaient plantés sur des terrasses encore visibles sur la photographie aérienne de 1970. À l’époque de Pitt-Rivers, la vigne a quasiment disparu et déjà, l’olivier est la seule culture ligneuse. Comme on peut l’apprécier sur la figure 5, la superficie consacrée aux oliveraies a légèrement diminué depuis, augmentant pourtant légèrement autour de Benamahoma.

Fig. 5 − Sur ces cartes sont indiquées les superficies des oliveraies, à gauche telles qu’elles apparaissent en 1956 (en vert) et à droite en 2000 (en orange).

34Sur la figure 6 est indiqué l’ensemble des terres qui ont été cultivées, à une époque ou à une autre, dans le terroir de Grazalema ; y sont inclues les cultures actuelles, les cultures abandonnées et les oliveraies passées et présentes. Les superficies labourées diminuent fortement et les zones abandonnées sont envahies par le maquis. Les anciennes parcelles cultivées sont souvent utilisées comme pâturage, à l’instar des vignes délaissées au xixe siècle puis des oliveraies. Les terrasses utilisées pour l’agriculture céréalière, aux rendements très faibles, font place à des prés complantés : les arbres sont laissés dans la parcelle. Ces terrasses restent visibles sur la photographie aérienne.

Fig. 6 − Évolution des terres mises en cultures (ligneuses et/ou herbacées) en 1956. Les terres abandonnées depuis sont figurées en jaune, celles qui sont toujours cultivées avec des rayures.

Sapinières

35L’unité composée des sapinières a été l’objet de toutes les actions conservatoires à Grazalema et ses alentours. C’est d’ailleurs pour la protéger que le Parc naturel a été constitué. À l’époque du séjour de J. Pitt-Rivers, les sapinières étaient intensivement utilisées pour leurs ressources forestières et comme pâturages. Malgré l’existence d’expressions telles que « pire que le bois de sapin » (más malo que la madera de pinsapo), le bois était utilisé pour faire des poutres pour les maisons et les résidences secondaires, des traverses de chemin de fer ou pour chauffer les maisons des villageois (Ruiz de la Torre et al., 1994 : 30). Jusqu’au milieu des années 1960, une scierie située au pied de la forêt permettait de débiter la matière première. Outre ces usages industriels, les branches de « pin doux » (pinsapo dulce) étaient utilisées pour alimenter les chèvres, les tiges les plus basses étaient aspergées de sérum salé pour en favoriser la consommation (op. cit.). Ce type d’exploitation est très ancien, nous en avons une description datée de 1910 : « les forêts de sapin étaient soumises à une horrible destruction par la hache, le feu, les tempêtes et les avalanches… De loin en loin le long de cette voie, il y avait de grands troncs de pin (traverses, planches et poutres) débardés et prêts à être transportés » (Chapman et Buck, 1910 : 74). Les arbres avaient également un aspect différent selon Chapman.

Fig. 7 − Dessin de Abel Chapman montrant deux troncs de pin.

36À l’époque, comme le montre la figure 7, les troncs des pins, dépourvus de feuillages, sont tordus à cause des différents élagages et des chèvres qui broutent les jeunes tiges (op. cit.). De 1912 à 1916, les sapinières subissent des coupes très importantes mais l’exploitation intensive continue. Cependant les sapinières résistent jusqu’en 1972, date à laquelle l’Institut pour la conservation de la nature (icona) les acquiert. Cette année-là, 800 chèvres, des vaches et beaucoup de porcs paissent encore dans la zone. Dès l’acquisition par l’État, des mesures de protection sont prises : la chasse est interdite, les arbres âgés ou malades sont éliminés, on commence à reboiser, la zone est enclose afin de contrôler les allées et venues des habitants comme des animaux et enfin de multiples mesures sont appliquées pour éviter les incendies. En 1977, la sapinière et les 44 000 ha avoisinants sont déclarés « Réserve de biosphère » par le comité « Man and the Biosphere » (mab) de l’unesco. L’espace ainsi délimité est déclaré Parc naturel de Grazalema par le gouvernement andalou en 1984. En 1988, une aire de réserve du Parc est créée, elle permet la mise en place d’une réglementation plus restrictive sur une superficie de 2 747 ha, laquelle inclut les 415 ha de sapinière.

37Depuis 1972 la densité arborée de la sapinière augmente, l’expulsion des chèvres se fait sentir rapidement car les arbres se régénèrent avec une grande rapidité. Cette augmentation de la population arboricole associée à des épisodes de forte sècheresse ont provoqué une baisse de la croissance individuelle des arbres et une forte mortalité des jeunes pieds (Linares et al., 2006). Ce constat, récent, amène à se demander s’il ne serait pas utile de réintroduire des chèvres pour un pâturage modéré. Les mesures de protection mises en place dans les années 1970 se sont avérées décisives pour le maintien de cette formation végétale.

Autres changements

38Les unités formées par les cultures abandonnées et les maquis sont très similaires et leur superficie a augmenté ces dernières années à cause de l’abandon de beaucoup de parcelles cultivées. D’autres changements très ponctuels sont intervenus autour du noyau urbain de Grazalema (figure 8).

Fig. 8 − Grazalema en 1956 à gauche, en 2000 à droite.
Changements ponctuels intervenus : (1) camping, (2) terrain de football, (3) urbanisation, (4) barrage, (5) bitumage des routes, (6) reboisements de pins, (7) chemins et (8) carrière.

39La majeure partie de ces changements a eu lieu autour des agglomérations de Grazalema et de Benamahoma. Bien que la superficie des villages n’ait pas varié sensiblement, il y a quelques modifications. Un barrage a notamment été construit pour l’approvisionnement en eau. Il y a dorénavant un camping et un terrain de football. De nouveaux chemins ont été tracés tandis que les anciens, que Pitt-Rivers avait connus en terre, ont été goudronnés. Autre changement, les carrières font désormais partie du paysage de la sierra. En sont extraits des agrégats qui servent pour la construction. Bien que les agglomérations ne se soient pas étendues, on a en effet beaucoup construit : des maisons ont été réaménagées, un étage a pu être ajouté ou encore on a construit dans les anciennes basses-cours.

Perception du paysage

40Contrairement aux paysages du littoral, ceux de Grazalema n’ont pas été radicalement transformés, ni d’un point de vue naturel ni d’un point de vue anthropique. Ce qui a complètement changé en revanche, c’est la façon dont la population les perçoit. Ceci n’est pas spécifique de Grazalema mais s’inscrit dans une dynamique européenne impulsée par l’industrie touristique. Une grande partie des efforts pour la protection de l’environnement en Espagne, comme la création de parcs naturels, a pour objectif de favoriser le tourisme culturel. Grazalema a grandement bénéficié de cette politique, l’activité touristique reposant sur la préservation du site naturel et du centre urbain. Ce phénomène a donné lieu à l’émergence d’une nouvelle perception du paysage que nous pouvons analyser à partir des éléments paysagers précédemment identifiés.

Composantes naturelles

41Bien que J. Pitt-Rivers ne semble pas s’être intéressé aux atouts naturels de Grazalema, ceux-ci étaient fort bien connus à l’époque. Les premiers naturalistes dont nous ayons trace sont les deux botanistes Lagasca et de Rojas Clemente, venus herboriser autour de Grazalema en 1807. Malheureusement leurs herbiers se sont perdus à Séville dans les turbulences occasionnées par la guerre d’indépendance. C’est au tournant du xixe siècle que le botaniste genevois Boissier fit la détermination botanique du fameux pinsapo, le sapin relique le plus méridional d’Europe. Plus tard, il y eut de nombreuses descriptions naturalistes de la zone, comme celle de Chapman et Buck (1910) déjà citée. Ce sont cependant les forestiers qui donnent à l’écosystème de Grazalema l’importance qu’il mérite. Parmi ces travaux, il convient de souligner ceux de Cevallos et Martín Bolaños (1930) ainsi que celui de Barbey (1931).

42On peut s’étonner que J. Pitt-Rivers ne se soit pas intéressé au sapin alors que cet arbre est utilisé pour les processions de toute la sierra de Ronda. Simón de Rojas Clemente l’aurait vu pour la première fois lors d’une procession à Estepona (Ruiz de la Torre et al., 1994). Cet arbre aurait été doté de significations religieuses à cause de la forme de ses branches dont les plus hautes dessinent souvent des croix avec le tronc. Il est possible que dans les années 1940 cet arbre n’ait plus été utilisé. Il est donc surprenant que J. Pitt-Rivers n’ait pas mentionné une espèce de telle importance pour l’économie et le folklore local.

43Il faut considérer que jusqu’au milieu des années 1960, en Espagne, l’intérêt porté à la nature était faible. Dans les années 1940, après la guerre civile et durant les années de famine, personne ne pensait à la protection de l’environnement. Lorsque nous parlons d’un « désintérêt » de la part de J. Pitt-Rivers, nous devons prendre en compte le contexte de l’époque : sa position reflète celle de ses contemporains, utilisateurs de ces ressources compris.

44Dès les années 1970, on observe dans toute l’Espagne une demande de paysages originels et d’environnements préservés. Le tourisme rural se développe dans cette direction et à Grazalema en particulier. Des espèces auparavant ignorées ou délaissées sont valorisées, tel le sapin authentique. C’est autour de cet arbre que se met en place le processus de protection de l’environnement qui englobe également celle du lynx ibérique (lince ibérico) et de l’aigle impérial (águila imperial). Le sapin est devenu l’un des emblèmes de cette entreprise et ces trois espèces apparaissent fréquemment sur les affiches, publications et projets du conseil de l’environnement du gouvernement andalou. Ce sont les espèces les plus connues du grand public, à tel point que tout jardin botanique andalou nouvellement créé se doit d’arborer le sapin, rebaptisé « sapin andalou » (abeto andaluz) dans un élan nationaliste et protecteur.

45D’autres ressources inconnues jusqu’alors, tels les orchidées, les chiroptères et les races autochtones de bétail notamment sont exploitées à partir des années 1980. Il est logique que J. Pitt-Rivers n’en ait pas fait mention dans ses travaux.

Les races de bétail autochtones

46Dans les années 1940 et jusqu’aux années 1960, les races autochtones étaient dépréciées, leur productivité étant jugée trop faible. Les programmes étatiques visaient à les éliminer pour les substituer à d’autres, plus à la mode. C’est ainsi que s’est éteinte la race du porc ibérique blond connu dans la zone sous le nom de « doré de Cadix » (dorado gaditano).

  • 2 ugb signifie « Unités de Gros Bétail ». Cet indice permet de calculer l’intensité de l’élevage des (...)

47Dans la région, trois races autochtones sont en voie d’extinction : les bovins pajuna, les moutons mérinos de Grazalema et les chèvres payoya (estimations du gouvernement andalou pour 1999). La population des bovins pajuna est extrêmement réduite. En 1992, on comptait 321 individus répartis dans différents villages andalous (Sierra de Grazalema, Sierras de Cazorla, Segura et Las Villas, Los Veléz de Almería, Sierra Nevada, etc.). La race des moutons mérinos de Grazalema est autochtone : on ne la trouve qu’à Grazalema et à Ronda. Leur laine fournissait la matière première de l’industrie lainière. En 1992, 1 300 individus étaient recensés, un chiffre qui a légèrement diminué depuis. Enfin la race caprine « payoya » est la plus importante de ces trois races avec 6 600 individus en 1992. Comme les mérinos, elle est originaire de Grazalema et Ronda, et plus précisément d’une zone située entre Benaoján et Villaluenga del Rosario. On en rencontre dorénavant dans beaucoup d’exploitations d’Andalousie occidentale. La protection des races autochtones est devenue une priorité. Les plans de développement, qu’ils émanent de l’État ou de la région, encouragent et favorisent l’élevage de ces races en accordant des subventions. Les aides sont accordées pour cinq ans et plafonnées annuellement à 60,1 €/ugb2. L’éleveur doit respecter un ensemble de contraintes comme tenir compte des normes établies par le conseil de l’agriculture et de la pêche, s’affilier si possible à des associations de défense de la race, et maintenir le nombre de reproducteurs sur une période de cinq ans, en en remplaçant certains si nécessaire.

48La chèvre payoya est un paradigme des temps nouveaux. C’est maintenant une race à la mode et elle est présente dans des exploitations très éloignées de sa zone d’origine. Il s’est avéré qu’elle présentait un rendement laitier bien supérieur à celui attendu. Nous pensons que l’alimentation qu’elle recevait ne lui avait pas permis, jusque-là, de produire beaucoup de lait. Avec les nouvelles techniques d’élevage, son potentiel s’exprime et elle devient très productive. Peu chère, elle est très appréciée en Andalousie. Une dénomination d’origine a été obtenue et un fromage de brebis a même été appelé payoyo dans le but de profiter de l’élan médiatique dont bénéficie déjà la chèvre d’antan auparavant dévalorisée.

Les chiroptères

49Le groupe des chauves-souris n’a pas seulement été ignoré à Grazalema ; jusqu’à très récemment il a été persécuté comme à travers toute l’Europe. Ces animaux ont la réputation d’être « malins » et « démoniaques », ce qui n’a pas favorisé leur protection. Dans les années 1940, quiconque s’intéressait aux chauves-souris était automatiquement taxé de fou. Mais on a découvert, dans les grandes grottes de la région, 18 des 26 espèces présentes sur la péninsule (Benzal y de Paz, 1991). Depuis lors, cette richesse a été valorisée.

50Actuellement, on publie des posters et des guides sur les chiroptères du Parc naturel. Si seule une minorité des visiteurs du Parc s’intéresse à ce type d’animaux, l’administration a cependant décidé de les protéger à cause de l’attraction que représentent les grottes et le nombre d’espèces qui y vivent. Cet exemple nous paraît significatif des changements intervenus dans les représentations de la nature. Qui aurait pu penser en 1945, à l’époque de J. Pitt-Rivers que les chauves-souris deviendraient une attraction touristique ?

Les orchidées

51La famille des orchidées est très peu représentée en Europe. Sur les 17 000 espèces recensées dans le monde, on en trouve seulement 125 en Europe et 29 à Grazalema, soit un tiers de celles de la péninsule ibérique (Velasco, 1989).

52Bien que les orchidées européennes ne soient pas aussi spectaculaires que leurs cousines tropicales – elles sont plus petites –, les formes compliquées de leurs corolles les rendent très attractives pour les collectionneurs et tous ceux qui aiment observer la nature. Comme la plupart des autres ressources naturelles, celle-ci était méconnue à l’époque de J. Pitt-Rivers. Peu de spécialistes s’y intéressaient, et, s’ils étaient nombreux à les conserver, seuls quelques- uns comme Rivas Godoy (1930) les avaient décrites.

53Les reboisements de pins réalisés par l’Institut de conservation de la nature (icona) dans les années 1960 et 1970 ne tiennent pas compte des orchidées et ont contribué à en faire disparaître beaucoup d’espèces rares qui poussaient sur les prés pentus (Grove et Rackham, 2001). À partir des années 1980, on commence à reconnaître leur importance. Des plaquettes et des posters avec des photographies des espèces les plus spectaculaires sont édités pour les faire connaître et les protéger. Actuellement, malgré un effort important de vulgarisation déployé autour des ressources naturelles du Parc, pour les habitants de la zone ou les touristes, les orchidées sont toujours des espèces tropicales qu’on ne trouve qu’en forêt amazonienne ou chez le fleuriste.

Composantes anthropiques

  • 3 Entreprise privée : Española de placas de yeso [NdT].

54La plupart des maisons de Grazalema ont été réaménagées. Dans certains cas, un étage a été ajouté, mais la physionomie des rues du village a peu changé depuis l’époque de J. Pitt-Rivers. La modification la plus visible est sans doute le pavement des rues. Actuellement, le gouvernement andalou a mis en avant à des fins touristiques tous les bâtiments, vestiges ou chemins susceptibles de présenter quelque intérêt. L’epysa3 les recense en 1996 et mentionne les éléments rassemblés dans les annexes de cet article.

Le tourisme à Grazalema

55Depuis 1990, l’infrastructure touristique du Parc a été notablement agrandie et améliorée. Dans ce processus, il convient de remarquer le rôle déterminant des programmes européens destinés aux zones rurales qui ont inclus dans leur zone d’action les deux municipalités sur lesquelles le Parc est implanté.

56Malgré tout, l’essor touristique du Parc n’est pas encore à la hauteur des ressources à disposition. Il reste à résoudre des déficiences et des dysfonctionnements importants quant à la distribution, la qualité et la capacité des infrastructures. De plus, l’offre d’activités touristiques complémentaires en lien direct avec le Parc est encore restreinte et devrait être développée.

57L’une des limites importantes au développement touristique du Parc est d’ordre naturel. Elle réside dans le caractère saisonnier de la fréquentation. Les périodes de grande affluence sont le printemps, de mars à mai, puis longtemps après, l’automne et enfin les fêtes de fin d’année. L’été représente la saison d’activité la plus basse : le nombre de visiteurs diminue inexorablement car les activités touristiques sont réduites en raison de la sècheresse estivale, l’absence de cours d’eau importants et le moindre confort lié au climat. Les touristes privilégient alors les destinations balnéaires. La période durant laquelle sont concentrées les fêtes patronales les plus renommées de la zone constitue une exception notable. Cette forte saisonnalité représente un problème important car l’été est la principale période de vacances. Or durant celle-ci, les rentrées de devises générées par le tourisme bénéficient à d’autres zones et les pertes économiques potentielles sont importantes.

58Du développement touristique du Parc, nous pouvons retenir la forte concentration spatiale des infrastructures touristiques sur l’axe Bosque-Benamahoma-Grazalema, et plus particulièrement aux deux extrémités : Grazalema et El Bosque totalisent 57,9 % des hôtels (en excluant Ronda).

59Face à l’abondance de l’offre hôtelière actuelle, on remarque la rareté du secteur haut de gamme. Il n’existe qu’un seul hôtel trois étoiles, « la Villa turística de Grazalema », tandis que les pensions et les hôtels de catégorie inférieure sont nombreux et représentent 56 % des établissements. L’autre point faible de cette offre de logement concerne la taille des infrastructures. À l’exception des établissements de 2 à 3 étoiles d’une capacité raisonnable, ceux de qualité inférieure ne peuvent en moyenne pas accueillir plus de 20 personnes, ce qui est très peu. La capacité d’exploitation s’en trouve réduite car il n’est pas possible de recevoir certains types de demandes telles celles de groupes de taille importante ou d’excursions organisées qui représentent pourtant une clientèle non négligeable. Il convient également de remarquer l’importance d’une certaine offre touristique non officielle n’apparaissant pas dans les guides des établissements touristiques. Ce sont pour la plupart des infrastructures non intégrées ou non homologable selon la norme sectorielle. Ces conclusions sont également valables pour les campings : il n’existe pas d’établissements de catégorie supérieure et les aires sont concentrées autour des noyaux urbains du principal axe touristique du Parc : El Bosque, Benamahoma et Grazalema. Aussi, nous pouvons plus généralement constater l’absence d’établissements de qualité supérieure (hôtels de plus de trois étoiles et campings de première catégorie). Par ailleurs, aucune ferme, aucun édifice traditionnel n’a été réhabilité pour ouvrir un hôtel rural. Il faut tenir compte du fait qu’une partie importante des visiteurs passe la nuit à Ronda, qui dispose d’établissements de haute qualité, tandis que les autres viennent le matin depuis Jérez, Séville ou Cadix où ils retournent le soir venu. D’après la direction générale du tourisme (2000), la grande majorité des touristes vient de la région même (de 80 à 85 %). Parmi les Andalous, la plupart (plus de 30 % du total) proviennent des provinces voisines de Séville et Cadix ; les visiteurs en provenance de cette dernière ville sont légèrement plus nombreux puisqu’ils avoisinent les 40 %. Les visiteurs des autres provinces autonomes le sont bien moins, de 8 à 10 %, soit à peu près la même proportion que les personnes venant de l’étranger, lesquels représentent 5 à 10 % du total. La moitié des visiteurs viennent entre amis. Les autres groupes sont constitués de familles ou viennent en visite organisée (la proportion est équivalente). Seule une minorité de personnes visitent le Parc en solitaire.

60Les principales informations demandées dans les offices de tourisme ces dernières années ont concerné les visites de l’aire protégée et la demande d’autorisation d’y pénétrer, et surtout des informations générales diverses sur le Parc allant de la demande de cartes et de guides à celle des horaires de certains services, en passant par la gastronomie, les activités sportives, etc. Dans une moindre mesure, les informations demandées portent sur les villages alentours, les lieux touristiques, les possibilités de logements, etc. (Direction générale du tourisme, 2000).

61Les randonnées constituent la principale activité des visiteurs de Grazalema et du Parc. Le trajet le plus fréquenté est celui de la sapinière dont l’accès est restreint durant la période estivale à cause des risques d’incendies. Quelques visiteurs pratiquent l’escalade ou la spéléologie, de nombreuses grottes se prêtant à cette activité. Les touristes moins actifs visitent des observatoires de la nature, notamment le Musée de l’eau de Benamahoma, et achètent des produits locaux tels des fromages ou des charcuteries. On chasse également, mais cette activité est bien moins développée que dans d’autres zones de l’Andalousie.

Conclusion

62La modification des paysages de Grazalema s’inscrit dans une tendance plus générale commune aux autres sierras andalouses (Fernández Alés et al., 1992). Les activités agricoles ont reculé, les cultures les moins productives ou requérant trop de main d’œuvre ont été remplacées par des plantations forestières. À Grazalema, les pâturages marginaux ont également été reboisés.

63La création du Parc naturel en 1984 a généré un vif intérêt autour de la sierra de Grazalema et de ses paysages originels et bien protégés. De plus, grâce aux fonds européens débloqués par le programme Leader, la zone a connu un fort développement touristique. Le village de Grazalema, parce que son nom est mentionné dans celui du Parc, a bénéficié plus particulièrement de cet essor. Dans l’optique de favoriser le tourisme, tous les éléments « naturels » possibles ont été mis en valeur. Des guides sur les chauves-souris, les orchidées, les coléoptères et autres sont publiés. De plus, tous les vestiges d’anciennes constructions marginales auparavant laissées à l’abandon ont été réhabilités.

64Il est surprenant qu’à aucun moment la figure de J. Pitt-Rivers n’ait été mise en avant, ce d’autant plus que l’on fait grand cas de Richard Ford, lequel fait pourtant une description peu engageante de Grazalema et de sa population dans ses récits de voyages à travers l’Espagne (1865). Dans un guide de la députation de Cadix datant de 1982, après avoir relaté les impressions de Ford, il est recommandé d’être bienveillant envers lui car, fatigué par le voyage, il a gardé une mauvaise impression de Grazalema. Par contre, avant même de commenter l’ouvrage The People of the Sierra (première version anglaise en 1954), il est précisé que « de nombreux habitants de Grazalema se souviennent de J. Pitt-Rivers, certains avec plaisir, d’autres avec rancœur ».

65Il est également étrange qu’on n’ait baptisé aucune place ni aucune rue à son nom, ni posé aucune plaque commémorative. Plus encore, que son nom ne soit pas mentionné dans l’ensemble des 20 azulejos expliquant les singularités les plus étranges des gens et des choses de la sierra.

66Les habitants de Grazalema ont sans aucun doute bénéficié du développement du tourisme et de la présence du Parc. Néanmoins, les éleveurs et les propriétaires ne voient pas d’un bon œil les touristes passer sur leurs terres, faisant peur au bétail, laissant les grilles ouvertes, ramassant des objets de labours laissés dans les champs en pensant qu’ils sont abandonnés. Tandis que d’autres profitent des bénéfices, ils doivent supporter la présence de ces visiteurs qui leur causent bien des désagréments. De plus, ils sont accablés par l’ensemble complexe des normes environnementales, fiscales, sanitaires et industrielles à respecter à cause du parc naturel. Nécessaires, elles sont affolantes pour ceux qui, dans le fond, se considèrent comme les producteurs de ces paysages si attirants pour les touristes et les législateurs. Cette perception cadre parfaitement avec l’opposition observée par J. Pitt-Rivers entre les coutumes du village et les ingérences de l’État.

67Un autre élément également identifié par cet auteur semble persister. Actuellement, presque 90 % des hébergements ne sont pas déclarés. Il existe un secteur informel important. Or J. Pitt-Rivers avait noté, à l’époque, que les moulins tenaient une double comptabilité et que les autorités locales admettaient cette pratique. Aujourd’hui, le tourisme s’est substitué à la culture céréalière et les autorités tolèrent les rentrées d’argent non déclarées en provenance de cette nouvelle activité économique. Finalement, les mécanismes qui permettent d’éviter les tensions entre l’État et le village sont identiques, le modèle dégagé par Julian Pitt-Rivers reste exportable à la fois dans le temps et dans l’espace.

ANNEXE

Les vestiges présentant un intérêt historique

  • 4 Exploitation agricole typique d’Andalousie [NdT].

68« Murailles de Grazalema » : vestiges de muraille moderne ; « quartier bas de Grazalema » : vestiges de constructions médiévales, « quartier haut de Grazalema » : constructions modernes des xviie et xixe siècles ; céramique néolithique réalisée à la main trouvée dans des cavités ; « cortijo4 de Clavijo » : vestiges d’une villa romaine, probablement appelée Lacílbula ; « chemin des moulins » : vestige de voie romaine, chemin médiéval et de transhumance ; « rocher d’Audita » : vestiges de fortifications d’un village médiéval d’époque wisigothe ; « chaussée Benamahoma-Benaoján » : chaussée médiévale ; « Peñaloja » : vestiges de village fortifié de la fin du Moyen Âge.

Architecture populaire

69Aire pavée : zone pavée située au kilomètre 54 de la route municipale C-344 : elle appartient à une ferme privée et cesse d’être utilisée dès le début des années 1960.

70Pressoir de Francisco el de las Veguetas: pressoir et pressoir à arbre de date inconnue situés à proximité du lieu dit Las Veguetas de Grazalema. Le tout est propriété privée et n’est plus utilisé depuis des années 1950.

71Four de Francisco el de las Veguetas : four traditionnel datant probablement du siècle dernier, adossé au feu central et situé près du pressoir dont il a été précédemment question. Il est propriété privée et n’est plus utilisé.

72Moulin à foulon : moulin avec empierrement et presse hydraulique entraînée par l’eau de la Ribera de Gaidóvar. Il est situé approximativement à la hauteur du kilomètre 5 de la route qui parcourt ce cours d’eau. Il fut construit en 1939 et est inutilisé depuis 1989. Propriété privée, il sert actuellement de lieu de stockage.

73Moulin du Rincón : moulin hydraulique à retenue d’eau antérieur au xviie siècle et situé sur la Ribera de Gaidóvar. Il sert toujours de moulin à grain et dans la pièce à moudre, une scie mécanique en propriété privée a été installée.

74Four du moulin du Rincón : situé à proximité du moulin du même nom, sur les bords de la Ribera de Gaidóvar, il s’agit d’un four maure adossé à deux murs dont la date de construction est incertaine. La construction comme les installations sont en bon état et le four fonctionne toujours pour cuire du pain. Il est en propriété privée.

75Fabrique de couvertures : située à la sortie de Grazalema en direction de Villaluenga. Le processus de fabrication des textiles en laine est toujours artisanal, la construction et les installations sont en bon état. La fabrique est propriété publique de la députation de Cadix, de l’Institut du développement d’Andalousie (ifa) et de la municipalité de Grazalema.

76Exploitation piscicole de Benamahoma : située tout près de la source du Nacimiento à Benamahoma sur le chemin qui va aux sapinières, elle compte plusieurs bâtiments et installations dont des écloseries et des bassins intérieurs pour les alevins ainsi que des bassins extérieurs pour l’engraissement. Propriété privée, elle maintient une activité commerciale depuis sa construction en 1983.

  • 5 Agencia de Medio Ambiente : agence de l’environnement de l’époque [NdT].

77Moulin du haut ou « du Nacimiento » (Benamahoma) : moulin à grain hydraulique à double retenue d’eau localisé près de la source du Nacimiento de Benamahoma. Il fut acquis et réaménagé en 1991 par l’ama5 pour être utilisé comme centre d’information du Parc naturel.

78Moulin de Izquierdo : moulin hydraulique avec une retenue d’eau assez haute située aux environs de Benamahoma à l’orée de la forêt. Il est propriété privée et continue à fonctionner comme moulin à grain. L’édifice comme les installations sont dans un bon état de conservation.

79Moulin de Quino : moulin hydraulique à double retenue d’eau, assez élevée, situé aux environs de Benamahoma à l’orée de la forêt. Récemment, une scie et une centrifugeuse pour la production de miel ont été installées. Ce moulin est en propriété privée et il est en bon état de conservation.

80Dans les années 1940, aucun de ces éléments ne retenaient l’attention. Certaines de ces pièces d’architecture populaire étaient récentes, d’autres à l’état de ruine. Ces vestiges d’intérêt historique étaient si insignifiants que personne ne se préoccupait de leur conservation. Actuellement, ils sont mis en valeur afin de retenir plus longtemps les touristes attirés par le Parc autour duquel une publicité importante est faite.

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Bibliographie

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Notes

1 Entre parenthèses sont indiqués pour chaque espèce le nom espagnol puis le nom scientifique. Le site http://www.tela-botanica.org a servi de référence pour la traduction des termes botaniques, il s’agit du réseau des botanistes francophones [NdT].

2 ugb signifie « Unités de Gros Bétail ». Cet indice permet de calculer l’intensité de l’élevage des herbivores sur les terres agricoles qui leur sont directement réservées (prairies et cultures fourragères). 1 ugb correspond à un bovin adulte. Les aides européennes prennent en compte la charge en bétail des superficies exploitées pour calculer le montant des aides [NdT].

3 Entreprise privée : Española de placas de yeso [NdT].

4 Exploitation agricole typique d’Andalousie [NdT].

5 Agencia de Medio Ambiente : agence de l’environnement de l’époque [NdT].

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Table des illustrations

Légende Fig. 1 − Carte des unités environnementales de la municipalité de Grazalema.
URL http://journals.openedition.org/ateliers/docannexe/image/1672/img-1.png
Fichier image/png, 218k
Légende Fig. 2 − Pinèdes de Pinus halepensis (en vert) plantés de 1960 à 1970.
URL http://journals.openedition.org/ateliers/docannexe/image/1672/img-2.png
Fichier image/png, 114k
Légende Fig. 3 − Cultures herbacées en 1956 (en jaune) et en 2000 (rayures verticales).
URL http://journals.openedition.org/ateliers/docannexe/image/1672/img-3.png
Fichier image/png, 112k
Légende Fig. 4 − Le cadre rouge indique une zone qui présente de nombreux points blancs qui correspondent aux tas de pierres extraites lors des labours (majanos).
URL http://journals.openedition.org/ateliers/docannexe/image/1672/img-4.png
Fichier image/png, 296k
Légende Fig. 5 − Sur ces cartes sont indiquées les superficies des oliveraies, à gauche telles qu’elles apparaissent en 1956 (en vert) et à droite en 2000 (en orange).
URL http://journals.openedition.org/ateliers/docannexe/image/1672/img-5.png
Fichier image/png, 73k
Légende Fig. 6 − Évolution des terres mises en cultures (ligneuses et/ou herbacées) en 1956. Les terres abandonnées depuis sont figurées en jaune, celles qui sont toujours cultivées avec des rayures.
URL http://journals.openedition.org/ateliers/docannexe/image/1672/img-6.png
Fichier image/png, 113k
Légende Fig. 7 − Dessin de Abel Chapman montrant deux troncs de pin.
URL http://journals.openedition.org/ateliers/docannexe/image/1672/img-7.png
Fichier image/png, 146k
Légende Fig. 8 − Grazalema en 1956 à gauche, en 2000 à droite.Changements ponctuels intervenus : (1) camping, (2) terrain de football, (3) urbanisation, (4) barrage, (5) bitumage des routes, (6) reboisements de pins, (7) chemins et (8) carrière.
URL http://journals.openedition.org/ateliers/docannexe/image/1672/img-8.png
Fichier image/png, 191k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Ángel Martín, Francisco Campuzano, Manuel Guil, Juan Bautista Gallego et Pedro Romero de Solís, « Le patrimoine paysager de Grazalema (1945-2005) »Ateliers du LESC [En ligne], 32 | 2008, mis en ligne le 21 août 2008, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/ateliers/1672 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ateliers.1672

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Auteurs

Ángel Martín

Université de Séville

Francisco Campuzano

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Manuel Guil

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Juan Bautista Gallego

Université de Séville

Pedro Romero de Solís

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