Lettre de Richard Bouquier à Non identifié Non identifié, 1753-12-24

DOI : 10.34847/nkl.f5af1q45 Publique
Auteur : Richard Bouquier

[transcription] Monsieur,



J'ai vu M. de Castelnau pour avoir de lui les notions qui pourraient aider à compléter l'article du fief de Languissel, mais il n'a aucun papier qui en dise plus que ce que j'ai eu l'honneur de vous communiquer moi-même, ni qui remonte au-delà de Pierre et Gilles Maurice. Il m'a chargé de vous assurer qu'il aurait souhaité pouvoir vous fournir sur cet article tous les ...mémoires que vous aviez pu désirer et qu'il n'y avait rien de plus entre les mains de Clarensac sa soeur qui possède les trois cinquièmes du fief par donation de la dame de Galofre, veuve de Madame de Mabreson sa grande tante. Lorsque j'ai qualifié de métairie le fief de Languissel, c`était en me conformant à la lettre de l'arrêt de la Cour des Aides de 1599 & aux autres monuments du temps qui l'appellent ainsi, quoique les uns et les autres le reconnaissent pour fief franc et noble, dont on rend hommage au roi. L'arrêt de la cour des Aides en rappelant dans le vude pièces,jusqu'à quatre qui ont été rendus aux années 1499 et le 4e juin par Jean Maurice pour tout le mas de Languissel, 1553 et le 21e février par Michel Maurice pour les deux cinquièmes du mas, la même année et le 25e juin par Jean de [fol. 51 v] Boileau, sieur de Castelnau, pour un cinquième dudit mas et 1565, le 13e décembre par Maître Jean Grégoire notaire de Nîmes pour un autre cinquième. Au surplus, il ne me paraît point douteux que Jeanne de Souberan à laquelle Jean Maurice fut subrogé dès avant 1467 pour le fief de Languissel ne fut fille d'Isabelle Pelen dont la mère était Marise de Languissel. Je ne me vois point à portée d'éclaircir ce fait, mais selon moi il en est peu en matière de généalogie dont on peut conjecturer l'existence avec plus de fondement.

J'ai l'honneur de vous faire mes remerciements de ce que vous ayez eu la bonté de me marquer au sujet de Marise Forbin. J'avais d'abord pensé, comme vous, qu'elle appartient au 2e degrès de la généalogie de cette famille et qu'elle est fille de Jean Forbin, sieur de Barben et de Maritone delli Pazzi et je l'avais énoncé de même dans le 4e degrè de la suite généalogique de mes ascendants que je vous adressai au mois d'août dernier, mais j'ai eu depuis des scrupules qui me font penser différemment. Je n'ai en effet pu comprendre que Marise étant fille de Jean Forbin seigneur de la Barben ait été passée sous silence dans le testament de son père le 6e juin 1498 qui fait mention non seulement de tous ses enfants mâles et de trois de ses filles alors mariées, mais même d'une fille naturelle nommée Hiéronimes. Une difficulté que je me fais est que dans la transaction du 6e octobre 1525 par laquelle Marie renonce en faveur de ses filles à tous les droits qu'elle pourrait avoir sur les biens et héritages de Jean et Louis Forbin ses père et frère, ceux-ci sont qualifiés simplement nobles Jean et Louis Forbin in bonis et haereditam quandam nobilium virorum Johannis et Ludovici Forbini [fol. 52 r]. Il me semble que si ce Jean avait été le même que celui qui fut seigneur de la Barben, on n'aurait pas dû omettre de la qualifier de tel. Et quant à Louis, si c`était celui qui avait été prévôt de Chardavon, il aurait dû être fait mention de lui avec la qualité de venerabilis, ou autre semblable qu'on était en usage de donner alors aux gens d'Eglise. Je sens bien que cette dernière difficulté n'est pas de la même force que la première, mais toutes les deux ensembles me font puissamment douter de la filiation de Marise telle que vous la croyez et me font conjecturer qu'elle était petite fille de Palamède non par Louis son fils qui lui succéda dans la terre de Soullier, et qui est très connu, mais par un autre fils cadet qui se serait nommé Jean et qui outre Marise aurait eu un fils nommé Louis. Et comme selon mes conjectures ce Jean n'aurait eu aucune terre en partage du bien de son père, lui et Louis son fils n'auraient été qualifiés que de nobilis vir. De ce système, il s'ensuivrait 1° Que Louis, frère de Marise, était mort sans enfants avant sa soeur 2° que Palamède Forbin n'avait pas conservé la terre de Soulière jusqu'à sa mort arrivée en 1508 et qu'il s'en était déjà dépouillé en 1502 en faveur de Louis son fils aîné, puisque l'oncle de Marise que je suppose être ce Louis est désigné dans le testament de Laurent Rodulph fait le 27e juin de cette dernière année par ces mots magnifici et egregii viri domini de Solerüs sui avuncali 3° Que ce second fils nommé Jean que je suppose à Palamède Forbin et que je donne pour père à Marise avait été marié au moins avant l'an 1480, puisque Marise sa fille était déjà en 1502 mère de huit filles qui sont nommées dans son testament de Laurent Rodolph. Ces trois conséquences portent sur des faits qui peuvent [fol. 52 v] fort bien être arrivés. Il est vrai que s'il est bien prouvé que Palamède Forbin, ait conservé la terre de Soulière jusqu'à sa mort et que Louis son fils n'en avait que le titre qu'après la mort de son père, mon système s'écroule totalement et il faut que Marise ait été fille de Jean Forbin seigneur de Barben et soeur du prévôt de Clardavon.

Je vous supplie, Monsieur, puisque vous voulez bien faire mettre cette Forbin dans le supplément du P. Simplicius, d'examiner auparavant si mes raisons de douter ont quelque fondement et s'il y aurait des exemples qu'une fille eût été passée sous silence dans le testament de son père, qui fait cependant mention de tous ses autres enfants. Car quoi qu'on ne puisse pas douter que Marise de Forbin ne soit une descendante de Jean Forbin I, tige de tous les Forbin d'aujourd'hui, sa filiation immédiate n'est pas néanmoins aussi aisée à établir sur les deux titres que j'ai eu l'honneur de vous communiquer par les doutes qui peuvent s'élever là-dessus. Et comme personne ne sait mieux que moi combien vous aimez la précision et la vérité dans les généalogies, je prends la liberté de vous exposer ces doutes avec confiance, sans craindre de vous importuner.

Le pauvre M. Tempié est depuis plusieurs jours à l'extrémité, désespéré des médecins, comme vous le savez sans doute. On attend que chaque moment sera le dernier de sa vie. Il s'est tué à force d'application aux affaires.

Permettez-moi, Monsieur, de vous présenter en finissant à l'occasion de l'année qui va se renouveler mes souhaits pour votre conservation et pour tous les succès les plus accomplis que vous puissiez désirer et de vous assurer de l'ardeur et de la sincérité des voeux que je ne cesserai jamais de faire pour tout ce qui peut contribuer à votre satisfaction, ainsi que du respectueux dévouement avec lequel j'ai l'honneur d'être,



Monsieur,



Votre très humble et très obéissant serviteur,



Bouquier



A Nîmes, le 24e décembre 1753.

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Mots-clés
Histoire
Licence
Creative Commons Attribution 4.0 International (CC-BY-4.0)
Citer
Bouquier, Richard (2021) «Lettre de Richard Bouquier à Non identifié Non identifié, 1753-12-24» [Letter] NAKALA. https://doi.org/10.34847/nkl.f5af1q45
Déposée par Emmanuelle Chapron le 31/10/2021
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J'ai vu M. de Castelnau pour avoir de lui les notions qui pourraient aider à compléter l'article du fief de Languissel, mais il n'a aucun papier qui en dise plus que ce que j'ai eu l'honneur de vous communiquer moi-même, ni qui remonte au-delà de Pierre et Gilles Maurice. Il m'a chargé de vous assurer qu'il aurait souhaité pouvoir vous fournir sur cet article tous les mémoires que vous aviez pu désirer et qu'il n'y avait rien de plus entre les mains de Clarensac sa soeur qui possède les trois cinquièmes du fief par donation de la dame de Galofre, veuve de Madame de Mabreson sa grande tante. Lorsque j'ai qualifié de métairie le fief de Languissel, c`était en me conformant à la lettre de l'arrêt de la Cour des Aides de 1599 & aux autres monuments du temps qui l'appellent ainsi, quoique les uns et les autres le reconnaissent pour fief franc et noble, dont on rend hommage au roi. L'arrêt de la cour des Aides en rappelant dans le vude pièces,jusqu'à quatre qui ont été rendus aux années 1499 et le 4e juin par Jean Maurice pour tout le mas de Languissel, 1553 et le 21e février par Michel Maurice pour les deux cinquièmes du mas, la même année et le 25e juin par Jean de [fol. 51 v] Boileau, sieur de Castelnau, pour un cinquième dudit mas et 1565, le 13e décembre par Maître Jean Grégoire notaire de Nîmes pour un autre cinquième. Au surplus, il ne me paraît point douteux que Jeanne de Souberan à laquelle Jean Maurice fut subrogé dès avant 1467 pour le fief de Languissel ne fut fille d'Isabelle Pelen dont la mère était Marise de Languissel. Je ne me vois point à portée d'éclaircir ce fait, mais selon moi il en est peu en matière de généalogie dont on peut conjecturer l'existence avec plus de fondement.

J'ai l'honneur de vous faire mes remerciements de ce que vous ayez eu la bonté de me marquer au sujet de Marise Forbin. J'avais d'abord pensé, comme vous, qu'elle appartient au 2e degrès de la généalogie de cette famille et qu'elle est fille de Jean Forbin, sieur de Barben et de Maritone delli Pazzi et je l'avais énoncé de même dans le 4e degrè de la suite généalogique de mes ascendants que je vous adressai au mois d'août dernier, mais j'ai eu depuis des scrupules qui me font penser différemment. Je n'ai en effet pu comprendre que Marise étant fille de Jean Forbin seigneur de la Barben ait été passée sous silence dans le testament de son père le 6e juin 1498 qui fait mention non seulement de tous ses enfants mâles et de trois de ses filles alors mariées, mais même d'une fille naturelle nommée Hiéronimes. Une difficulté que je me fais est que dans la transaction du 6e octobre 1525 par laquelle Marie renonce en faveur de ses filles à tous les droits qu'elle pourrait avoir sur les biens et héritages de Jean et Louis Forbin ses père et frère, ceux-ci sont qualifiés simplement nobles Jean et Louis Forbin in bonis et haereditam quandam nobilium virorum Johannis et Ludovici Forbini [fol. 52 r]. Il me semble que si ce Jean avait été le même que celui qui fut seigneur de la Barben, on n'aurait pas dû omettre de la qualifier de tel. Et quant à Louis, si c`était celui qui avait été prévôt de Chardavon, il aurait dû être fait mention de lui avec la qualité de venerabilis, ou autre semblable qu'on était en usage de donner alors aux gens d'Eglise. Je sens bien que cette dernière difficulté n'est pas de la même force que la première, mais toutes les deux ensembles me font puissamment douter de la filiation de Marise telle que vous la croyez et me font conjecturer qu'elle était petite fille de Palamède non par Louis son fils qui lui succéda dans la terre de Soullier, et qui est très connu, mais par un autre fils cadet qui se serait nommé Jean et qui outre Marise aurait eu un fils nommé Louis. Et comme selon mes conjectures ce Jean n'aurait eu aucune terre en partage du bien de son père, lui et Louis son fils n'auraient été qualifiés que de nobilis vir. De ce système, il s'ensuivrait 1° Que Louis, frère de Marise, était mort sans enfants avant sa soeur 2° que Palamède Forbin n'avait pas conservé la terre de Soulière jusqu'à sa mort arrivée en 1508 et qu'il s'en était déjà dépouillé en 1502 en faveur de Louis son fils aîné, puisque l'oncle de Marise que je suppose être ce Louis est désigné dans le testament de Laurent Rodulph fait le 27e juin de cette dernière année par ces mots magnifici et egregii viri domini de Solerüs sui avuncali 3° Que ce second fils nommé Jean que je suppose à Palamède Forbin et que je donne pour père à Marise avait été marié au moins avant l'an 1480, puisque Marise sa fille était déjà en 1502 mère de huit filles qui sont nommées dans son testament de Laurent Rodolph. Ces trois conséquences portent sur des faits qui peuvent [fol. 52 v] fort bien être arrivés. Il est vrai que s'il est bien prouvé que Palamède Forbin, ait conservé la terre de Soulière jusqu'à sa mort et que Louis son fils n'en avait que le titre qu'après la mort de son père, mon système s'écroule totalement et il faut que Marise ait été fille de Jean Forbin seigneur de Barben et soeur du prévôt de Clardavon.

Je vous supplie, Monsieur, puisque vous voulez bien faire mettre cette Forbin dans le supplément du P. Simplicius, d'examiner auparavant si mes raisons de douter ont quelque fondement et s'il y aurait des exemples qu'une fille eût été passée sous silence dans le testament de son père, qui fait cependant mention de tous ses autres enfants. Car quoi qu'on ne puisse pas douter que Marise de Forbin ne soit une descendante de Jean Forbin I, tige de tous les Forbin d'aujourd'hui, sa filiation immédiate n'est pas néanmoins aussi aisée à établir sur les deux titres que j'ai eu l'honneur de vous communiquer par les doutes qui peuvent s'élever là-dessus. Et comme personne ne sait mieux que moi combien vous aimez la précision et la vérité dans les généalogies, je prends la liberté de vous exposer ces doutes avec confiance, sans craindre de vous importuner.

Le pauvre M. Tempié est depuis plusieurs jours à l'extrémité, désespéré des médecins, comme vous le savez sans doute. On attend que chaque moment sera le dernier de sa vie. Il s'est tué à force d'application aux affaires.

Permettez-moi, Monsieur, de vous présenter en finissant à l'occasion de l'année qui va se renouveler mes souhaits pour votre conservation et pour tous les succès les plus accomplis que vous puissiez désirer et de vous assurer de l'ardeur et de la sincérité des voeux que je ne cesserai jamais de faire pour tout ce qui peut contribuer à votre satisfaction, ainsi que du respectueux dévouement avec lequel j'ai l'honneur d'être,



Monsieur,



Votre très humble et très obéissant serviteur,



Bouquier



A Nîmes, le 24e décembre 1753.
xsd:string [personnes citées] Charles Boileau de Castelnau, François Tempié
xsd:string [reférence bibliographique citée] Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la couronne, & de la maison du Roi... par le P. Anselme, rev
dcterms:format xsd:string dossier jpg
dcterms:language xsd:string français
dcterms:publisher xsd:string [responsable édition] Francois Pugniere
dcterms:rightsHolder xsd:string Bibliothèque Carré d'Art, Nîmes
dcterms:source xsd:string [lieu de Conservation] Nîmes, Bibliothèque Carré d'Art [cote]ms. 206, fol. 51-52
dcterms:spatial xsd:string [lieu d'expédition] Nîmes (France)
xsd:string [lieu de destination] non précisée
dcterms:subject xsd:string Histoire
dcterms:type xsd:string Correspondance Séguier