Lettre de Antoine Joseph Dezallier d' Argenville à Jean-François Séguier, 1762-03-03

DOI : 10.34847/nkl.c9a2zz6z Publique
Auteur : Antoine Joseph Dezallier d' Argenville

[transcription] On trouve ses amis, Monsieur, dans le besoin et quelque envie que je n'aie de ne vous point fatiguer, j'ai été obligé d'avoir recours à votre bon coeur qui vous porte naturellement à rendre service à vos amis. Voici de quoi il s'agit. J'avais chargé un Lyonnais qui a des relations avec le sr Cornette, banquier à Venise, de me faire deux commissions pour augmenter mon beau recueil d...e dessin des maîtres Italiens. Ce Lyonnais n'a pas tenu sa parole et après m'avoir fait attendre, il cherche des excuses pour n'en rien faire. J'ai cru, Monsieur, que vous voudriez bien réparer ce manque et employer quelque ami à Venise. 1° Le sieur Tiepolo, fameux peintre vivant aconsenti de donner un couple de dessin de sa main (je crois en payant) et son fils qui grave d'après ses tableaux ne refusera pas la même chose. J'avais dit d'en offrir deux sequins de chaque dessin, j'entends une composition et non des têtes ou des académies. Una scissa èsufficiente non si brama un dissegno compito. Je demanderai encore deux dessins du Sieur Piazetta et comme il a laissé tous ses effets en mourant au sr Albrizzi libraire, tâchez d'en tirer deux, toujours des esquisses. Voilà donc de quoi il est question. Vous aurez la bonté, Monsieur, de me trouver des dessins del Signor Balestra et c'est de cette façon que j'en voudrais avoir deux de ces maîtres. Il y a encore un homme à Venise qui se resouviendrait bien de moi qui est le Sig.Antonio Maria Zanetti que je crois être banquier [fol. 182v] et qui voudrait bien faire ces deux petites emplettes pour moi. Je compte, Monsieur, que vous donnerez ordre que l'argent soit donné d'avance et j'aurai grand soin de vous le faire remettre sur le champ à Lyon ou à Nîmes. Je crois que vous ne me refuserez pas ce plaisir et de faire dire au sieur Tiepolo qu'on le veut mettre en compagnie avec les plus grands peintres depuis Raphaël. Les Italiens, vous le savez, sont bien autant avides de compliments que d'argent.

Nous aurons incessamment les insectes de Paris, mais l'auteur est tombé malade, ces jours-ci tout le monde en fait de même à Paris et il n'y a pas jusqu'à moi. Enfin, Monsieur, je ne négligerai point l'histoire naturelle au printemps prochain. Ici j'ai un ordre magnifique dans lequel je compose un nouveau cabinet. Je dis un arrangement. Quand il sera fini, je vous en ferai part et vous conviendrez vous-même qu'on ne peut encore ranger de cabinet avec autant d'ordre et de naturel.

Nous venons de perdre le docteur Falconet et les muses y perdent autant que nous. Vous savez, Monsieur, qu'il m'avait beaucoup secouru dans mon Elenchus et que je n'ai pu rendre ma reconnaissance publique par l'opposition qu'il y mit. Je réparerai cela un jour.

J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec tout la considération possible votre très humble et très obéissant serviteur.



Dargenville



A Paris, le 3 mars 1762.

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Citer
Dezallier d' Argenville, Antoine Joseph (2021) «Lettre de Antoine Joseph Dezallier d' Argenville à Jean-François Séguier, 1762-03-03» [Letter] NAKALA. https://doi.org/10.34847/nkl.c9a2zz6z
Déposée par Emmanuelle Chapron le 31/10/2021