Lettre de Georg Matthias Bose à Jean-François Séguier, 1754-08-13

DOI : 10.34847/nkl.c2d12war Publique
Auteur : Georg Matthias Bose

[transcription] Monsieur,



Vous allez toujours le même train, votre politesse ne change le moins du monde et vous ne cessez jamais de vous obliger ceux que vous avez daigné une fois de votre tendre amitié. Non content de m'avoir envoyé le billet de Monsieur le marquis Poleni pour moi, vous vous chargez de plus du mien pour lui et tout dernièrement vous m'envoyez une réponse de sa part qui est to...ute amitié. Jugez, Monsieur, combien mon obligation que je vous aie doit être infinie. Me fiant donc à votre faveur, dont j'ai tant de preuves et de si fortes preuves, j'ose vous confier encore la jointe pour Monsieur Poléni et l'autre à votre vénérable Scipion que je salue très tendrement. Si vous donnez des nouvelles à Monsieur Bassi à Bologne, ayez la bonté de l'assurer de mon profond attachement et de la profonde mathématicienne de mon inviolable dévouement. Pour la mienne, destinée au Brésil, c'est un peu loin, je l'avoue mais je serais glorieux presque jusqu'à la fanfaronnade si je pouvais une bonne fois avoir réponse en daye du Grand Para ou de la Bahia de Todos los Sanctos. Quant au paquet étiqueté pour Monsieur de Rathgeb, ayez la bonté, Monsieur, de le décacheter sur el champ et de soigner tout le contenu de cette bienveillance qui m'est déjà connue depuis bien de temps. La liste que vous daignez faire de toutes ces bagatelles que vous avez reçues de ma part vous doit avoir fait beaucoup plus de peine que tous mes cahiers ne valent pas et ne valeront pas dans un million d'éternité. Malgré leur non valeur, je vois pourtant avec un terrible crève-coeur que vous ne marquez pas avoir reçu qu'une feuille sur l'obelisque de Sesostrisis et non pas ce fameux Cmercium epistolicum de Sesostridis Augusti & Benedicti XIV TI obelisco lui-même et c'est justement le meilleur de tout ce que j'ai écrit et de tou ce que je serai jamais capable d'écrire. Voulez-vous savoir pourquoi? La raison en est qu'il n'y a peut-être de ma fabrique qu'un 1/6 ou même 1/8 et que tout le reste vient de deux savants italiens. Monsieur de Marinoni à Vienne et Monsieur l'abbé Bandini à Florence. Je voudrais au nom de Dieu que vous puissiez déterrer ou ce paquet est caché, vu que j'y aurai sans doute parlé de mon tournois orthodoxe en des termes que je voudrais jamais savoir en des mains traitres. Pour les 2 feuillets en allemand, n'y a-t-il pas un traducteur fidèle chez vous? Monsieur Poleni n'a-t-il pas retrouvé ces anecdotes? Sub rosa? L'observation du Père Audiffret me sera fort chère et doublement chère, si je la dois à mon cher Séguier, de nouvelles obligations de ma part pour cette gracieuse distribution de toutes mes feuilles et lettres? Monsieur Breyn à Danzig ne m'a pas encore répondu, mais sûrement je lui enverrai un excitatorium cette semaine même encore. (Entre nous, tous ces correspondants ne sont pas si prompts que vous et moi). Au brave Monsieur Pontedera, mes sincères compliments. Monsieur de Réaumur est un fort honnête homme, grand savant, généreux ami, aimable correspondant, enfin je serais capable de me battre pour lui en duel. Je le vois bien, Monsieur, que vous êtes français italianisé tant vous êtes complaisant. Ayant enté sur votre politesse française qui vous est naturelle, questa gentilessa italiana qui est si accomplie où trouver un ami plus tendre que vous ? Je ne suis donc avec mon français écorché qu'un vrai gaulois iroquoisé. Ayez pitié de moi, mais en même temps je suis avec une candeur fort pure fide germana, avec un attachement inaltérable, dum spiritus hos regetartus,



Monsieur,



Wittenberg

Ce XIII août

1754



Votre très humble et

très obéissant serviteur.



Bose



[fol. 92 v] A Monsieur



Monsieur Séguier

de l'Académie des Sciences de Bologne.

Correspondant de celle de Paris, & c.

de Paris



Par faveur A Vérone

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Licence
Creative Commons Attribution 4.0 International (CC-BY-4.0)
Citer
Bose, Georg Matthias (2021) «Lettre de Georg Matthias Bose à Jean-François Séguier, 1754-08-13» [Letter] NAKALA. https://doi.org/10.34847/nkl.c2d12war
Déposée par Emmanuelle Chapron le 31/10/2021
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Vous allez toujours le même train, votre politesse ne change le moins du monde et vous ne cessez jamais de vous obliger ceux que vous avez daigné une fois de votre tendre amitié. Non content de m'avoir envoyé le billet de Monsieur le marquis Poleni pour moi, vous vous chargez de plus du mien pour lui et tout dernièrement vous m'envoyez une réponse de sa part qui est toute amitié. Jugez, Monsieur, combien mon obligation que je vous aie doit être infinie. Me fiant donc à votre faveur, dont j'ai tant de preuves et de si fortes preuves, j'ose vous confier encore la jointe pour Monsieur Poléni et l'autre à votre vénérable Scipion que je salue très tendrement. Si vous donnez des nouvelles à Monsieur Bassi à Bologne, ayez la bonté de l'assurer de mon profond attachement et de la profonde mathématicienne de mon inviolable dévouement. Pour la mienne, destinée au Brésil, c'est un peu loin, je l'avoue mais je serais glorieux presque jusqu'à la fanfaronnade si je pouvais une bonne fois avoir réponse en daye du Grand Para ou de la Bahia de Todos los Sanctos. Quant au paquet étiqueté pour Monsieur de Rathgeb, ayez la bonté, Monsieur, de le décacheter sur el champ et de soigner tout le contenu de cette bienveillance qui m'est déjà connue depuis bien de temps. La liste que vous daignez faire de toutes ces bagatelles que vous avez reçues de ma part vous doit avoir fait beaucoup plus de peine que tous mes cahiers ne valent pas et ne valeront pas dans un million d'éternité. Malgré leur non valeur, je vois pourtant avec un terrible crève-coeur que vous ne marquez pas avoir reçu qu'une feuille sur l'obelisque de Sesostrisis et non pas ce fameux Cmercium epistolicum de Sesostridis Augusti & Benedicti XIV TI obelisco lui-même et c'est justement le meilleur de tout ce que j'ai écrit et de tou ce que je serai jamais capable d'écrire. Voulez-vous savoir pourquoi? La raison en est qu'il n'y a peut-être de ma fabrique qu'un 1/6 ou même 1/8 et que tout le reste vient de deux savants italiens. Monsieur de Marinoni à Vienne et Monsieur l'abbé Bandini à Florence. Je voudrais au nom de Dieu que vous puissiez déterrer ou ce paquet est caché, vu que j'y aurai sans doute parlé de mon tournois orthodoxe en des termes que je voudrais jamais savoir en des mains traitres. Pour les 2 feuillets en allemand, n'y a-t-il pas un traducteur fidèle chez vous? Monsieur Poleni n'a-t-il pas retrouvé ces anecdotes? Sub rosa? L'observation du Père Audiffret me sera fort chère et doublement chère, si je la dois à mon cher Séguier, de nouvelles obligations de ma part pour cette gracieuse distribution de toutes mes feuilles et lettres? Monsieur Breyn à Danzig ne m'a pas encore répondu, mais sûrement je lui enverrai un excitatorium cette semaine même encore. (Entre nous, tous ces correspondants ne sont pas si prompts que vous et moi). Au brave Monsieur Pontedera, mes sincères compliments. Monsieur de Réaumur est un fort honnête homme, grand savant, généreux ami, aimable correspondant, enfin je serais capable de me battre pour lui en duel. Je le vois bien, Monsieur, que vous êtes français italianisé tant vous êtes complaisant. Ayant enté sur votre politesse française qui vous est naturelle, questa gentilessa italiana qui est si accomplie où trouver un ami plus tendre que vous ? Je ne suis donc avec mon français écorché qu'un vrai gaulois iroquoisé. Ayez pitié de moi, mais en même temps je suis avec une candeur fort pure fide germana, avec un attachement inaltérable, dum spiritus hos regetartus,



Monsieur,



Wittenberg

Ce XIII août

1754



Votre très humble et

très obéissant serviteur.



Bose



[fol. 92 v] A Monsieur



Monsieur Séguier

de l'Académie des Sciences de Bologne.

Correspondant de celle de Paris, & c.

de Paris



Par faveur A Vérone
xsd:string [personnes citées] Angelo Maria Bandini, Ferdinando Bassi, Giovanni Poleni, Giovanni Giacomo Marinoni, Giulio Pontedera, Jacob Phillip Breyne, Joseph von Rathgeb
xsd:string [reférence bibliographique citée] Bose, Georg Mathias, Commercium epistolicum de Sesostridis, Augusti et Benedicti XIV Obelisco; obiter Plinius Historiographus et Diodorus Siculus emendantur, Greifswald, 1751
dcterms:format xsd:string dossier jpg
dcterms:language xsd:string français
dcterms:publisher xsd:string [responsable édition] Francois Pugniere
dcterms:rightsHolder xsd:string Bibliothèque Carré d'Art, Nîmes
dcterms:source xsd:string [lieu de Conservation] Nîmes, Bibliothèque Carré d'Art [cote]ms. 135_8, fol. 92
xsd:string ark:/12148/btv1b10015145z
dcterms:spatial xsd:string [lieu d'expédition] Wittemberg (Electorat de Saxe)
xsd:string [lieu de destination] Vérone (République de Venise)
dcterms:type xsd:string Correspondance Séguier