Lettre de Nikolaus Joseph Von Jacquin à Jean-François Séguier, 1765-11-04

[transcription] A Schemnitz en Hongrie ce 4 novembre 65

Monsieur,

Me trouvant pour quelques jours au mois passé à Vienne, le libraire Kraus me remit un paquet avec une lettre de votre part qu'il avait peu de semaines auparavant. Votre lettre fut datée du 11 juin 1763, étant ainsi âgée de près de deux ans et demi qui est le temps vers lequel je partis de l'Autriche pour occuper ici la place que j...'ai encore.

Je vous suis bien obligé pour les plantes sèches que vous m'avez envoyées, entre lesquelles il y a quelques-unes que je ne possédais pas encore. Mon herbier est en forme atlantique. Ces grandes plantes me feraient donc plus de plaisir en les [fol. 15v] possédant de la longueur d'un demi-pied ou d'un pied, car on reçoit de cette façon une meilleure idée de leur partie et façon de croître.

Si vous voulez me marquer les plantes sèches que vous souhaitez de l'Autriche, je vous prie de suivre mon Enumer. Plant. Agri. Vindob. et de mettre les noms triviales. Vous serez servi d'abord, Monsieur, et n'ayant oui parler des libraires de Francfort, dont vous parlez sans les nommer, je ferai passer votre paquet à Mrs Destournes, marchands libraires à Lyon, où vous pourrez vous adresser, à moins que vous ne m'indiquiez une route plus aisée.

Je vous prie de continuer de me procurer des plantes sèches de vos contrées, surtout celles que vous croirez propres à cette partie de l'Europe.

J'eus justement occasion d'aller en personne sur l'escalier de la bibliothèque pour voir l'inscription dont vous m'avez écrit. Elle est très lisible. Ces lettres sont encore toutes [fol. 16] entières de façon qu'il n'y ait le moindre doute de leur vérité. L'inscription est donc



DEO
SILVMOID

OMESTICO



Et les lettres MI in Silmio sont très claires et ne peuvent jamais avoir été AN, comme ceux qui n'ont pas vu les inscriptions pourraient prétendre.

Quant à l'ouvrage de Wolfgang Lazius, je l'ai vu, mais il y a assez d'inscriptions pour que je n'aie pas eu le temps de les décrire, n'étant que peu de jours à Vienne et étant extrêmement occupé par les affaires pour lesquelles j'y fus. Si vous êtes encore intéressé à les savoir, je donnerai la commission à quelqu'un et je vous les enverrai aussitôt. J'attends là-dessus votre réponse, que je vous prie de me faire parvenir toujours par la poste.

[fol. 16v] A mon séjour à Vienne le cabinet d'histoire naturelle était encore scellé par rapport à la mort de S.M. l'empereur François. Je n'ai donc pu voir ces cornes d'Ammon, dont il y a un dont feu Mr de Baillou faisait grand cas, habillé en partie de la coquille. Or, si c'est une vraie corne ou plutôt un nautile, je n'en puis rien me rappeller l'idée.

J'ai l'honneur d'être avec une parfaite considération.



Votre très humble et très obéissant serviteur



Jacquin



Mon adresse est

A Monsieur Jacquin Conseiller actuel au Conseil supérieur des mines et monnaies de la Basse Hongrie et professeur royal ès Chimie et metallurgie.



Par Vienne en Autriche

Et Presbourg



A Schemnitz en Hongrie
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