MÉLANGES
LE r DE LA 3 e PERS. SING. DU PARFAIT PROVENÇAL
On sait que* le provençal termine en -et toutes les 3 e pers. sing, du parfait dans la première conjugaison et dans la conju¬ gaison faible des verbes en -er, -re : amet, «il aima » , et vendet, «il vendit ». On trouve même quelquefois partit , «il partit », mais cette forme est plus récente et due, sans conteste, à l'in¬ fluence analogique de amet, vendet T.
Dans sa Grammaire des langues romanes, M. Meyer-Lübke dit : «En provençal, t ne persiste que dans la 3e pers. sing, du par¬ fait en -edit où le d et le t se sont attirés avant l'action de la loi des finales », et il renvoie à «la vraie explication du -t proven¬ çal » donnée par M. Neumann au tome VIII, p. 368 de la Zeitschrift für romanische Philologie 2. Malgré cette double auto¬ rité, je ne crois pas que ce soit là la «vraie explication ». On sait que le d latin, devenu final en roman par la chute d'une voyelle, n'a laissé aucune trace en provençal : pedem >> pe, gradum >> gra, etc. D'autre part, partout ailleurs que dans les parfaits, le t latin final a également disparu : movet> mou, tenet >> ten ou te, etc. Faut-il admettre que deux phonèmes essentielle¬ ment caducs sont arrivés, en s' appuyant l'un sur l'autre, à étayer leur caducité? L'explication de M. Neumann repose sur la série d'évolution -edit > -edet > -ed't >> -et. Je suis porté à croire, au contraire, que le premier accident phonétique qui ait atteint -edet, c'est la chute du t final. J'imagine qu'on a dû avoir la série -edit > *-edét >> *-ede >> *-ed > -e, absolument comme credit>*credet> *cred Q�>*cred�>cre.
I . Les formes amec, vendee, partie sont postérieures et dues à l'influence de la conjugaison forte.
2. Trad. Rabiet, p. 494-5.