«FOÜCON DE CANDIE»: LE NOM «POVEE VEÜ»
(a. fr. veiie, veoir, conseillier... ; povre adverbe)
Au début de la deuxième partie du Foucon de Candie de Herbert le Duc de Danmartin (x) entre en scène, sans crier gare, un nouveau personnage qui disputera désormais le rôle de protagoniste au héros éponyme du poème. C'est le fils de Guion et de la Sarrasine convertie Faussette, dont on savait seulement qu'il avait été engendré, seize ans auparavant, par une belle nuit de Provence propice aux lestes amours.
Toute son enfance expédiée en deux mots (emporté, sans qu'on nous dise pourquoi, par le païen Cahu, il fut élevé, dans la foi musulmane, par son oncle maternel le roi Dinel), on nous fait assister à la cérémonie fastueuse de son adoubement, à Bagdad. Et à cette occasion nous est révélé le nom, le surnom plutôt, que les Sarrasins donnèrent au jeune bâtard :
Por ce qu'il ert senz terre s'ot non Povres-veüz (2).
Schultz-Gora s'est efforcé de déterminer la structure et le sens de ce nom. Mais il faut bien dire que l'article qu'il lui a consacré, s'il
(1) Cette partie commence avec le deuxième volume de l'édition, au vers 9883 : Folque de Candie, hgb. von O. Schultz-Gora, 4 vol., GRL, 21 (1909), 38 (1915), 49 (1936) ; Einleitung, hgb. von Ulrich Molk, Beihefte zur ZRP, 111 (1966).
(2) Vers 9915 (ms. base est ; nous adoptons la leçon du ms. Pal). L'explication a été reprise par l'avisé remanieur du manuscrit de Boulogne. Jugeant trop imprécise l'allusion faite, dans la première partie, au fruit des amours de Guion et de Faussette et soucieux de rendre l'ensemble du poème plus cohérent, il l'a insérée, après coup, en guise d'anticipation, après le vers 3757 : etfu notais entre les tnescreûs, mais n'avoit tere, s'ot non povre veûs. Elle se retrouve encore dans la version propre aux manuscrits P3, Ch et L (t. II, p. 318, v. 918-9 :... le povre tneschin, qui one rCot tant de terre ou/errast .t. roncin (comparez Raoul de Cambrai, 663-4).
