Plan

Chargement...
Couverture fascicule

Peuple, crime et secret : la mort violente dans les romans de Sand (1832-1853)

[article]

Fait partie d'un numéro thématique : Le silence au XIXe siècle
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 61

PEUPLE, CRIME ET SECRET :

LA MORT VIOLENTE DANS LES ROMANS DE SAND (1832-1853)

Sand commence à écrire à une époque où l'intérêt pour la statistique cri¬ minelle se fait très vif et se trouve partagé aussi par les écrivains ; or, ces enquêtes statistiques à une époque où tous perçoivent la criminalité comme un des indicateurs sociaux les plus sûrs 1 ont durablement lié la mort violente aux couches inférieures de la société. Peu importe ici qu'il s'agisse d'une montée réelle de la criminalité ou d'un accroissement de l'intolérance à son endroit2. Stendhal, qui tend à identifier vie ardente, et risque de mort ou de meurtre, ne trouve de «véritable passion » que «dans la classe en lutte avec les vrais besoins »3 et cherche son inspiration en lisant La Gazette des tribunaux; en 1831, Le Rouge et le Noir doit une partie de sa trame à un fait divers de 1828, l'affaire Lafargue; Dès 1829, Hugo consacre son talent de romancier aux «réali¬ tés du crime et de la justice », pour reprendre le titre d'un article d'Y. Gohin4.

Si rien ne désigne le rédacteur du Journal d'un condamné à mort comme homme du peuple, cette indétermination sociale n'est déjà plus le cas de Claude Gueux (1834). Que les «classes dangereuses » le soient d'abord pour elles-mêmes ou pour les classes possédantes, peuple et crime sont indisso¬ ciables, pour les écrivains romantiques à qui le «devoir démocratique » 5 impose de le faire figurer sur la scène littéraire. A ce danger s'ajoute le mystère, et le roman d'Eugène Sue pose avec force, par le rapport de son titre et de son thème, la confusion de la misère, du mystère et du crime. Mais le peuple est-il mystérieux parce que criminel, parce que le crime, ou plus généralement tout manquement aux lois impose fuite et dissimulation ? ou parce que le crime seul le fait accéder à la visibilité? En 1839, Balzac fait reposer Le Curé de village sur le secret d'une affaire criminelle, d'un double meurtre au cours d'un vol, pour lequel un ouvrier est guillotiné, cependant que sa, ou ses complices demeurent inconnus et c'est en raison du crime commis par l'un des siens que la famille Tascheron peut apparaître sur la scène sociale et littéraire. La visibilité sociale des existences populaires semble passer par les archives et les grilles de déchiffrement de la police et de la justice.

Les Misérables, achevés en 1861, mais commencés en I846, au plus fort de la vogue des romans feuilletons d'Eugène Sue, établissent quant à eux, par une subtile et forte méditation sans cesse recommencée, les connexions les plus étroites entre existences précaires et existences criminelles, entre la chute

61

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw